Bonjour Rosemar ,

 « une vision peu réaliste » écrivez vous .

 les stéréotypes ont la vie dure , y compris concernant les S.D.F ,d’où peut être votre titre qui fait référence à ce reportage .

 j’ai vu ce reportage et je l’ai trouvé très pertinent et peut être utile car il pourrait contribuer me semble t il à sortir des représentations que l’on peut se faire par facilité pour « détecter » un S.D.F ;

 NON , un S.D.F n’est pas obligatoirement en guenilles , mal rasé , sale , aviné , lanceur d’insultes , violent et autres clichés qui lui collent à la peau sans oublier sa responsabilité supposée dans la situation qui l’a conduit à la rue .

NON , ils ne sont pas tous inemployables du fait de leur niveau d’études ou d’expérience ; j’en ai connus certains conservant précieusement des photocopies de diplômes et des C.V éloquents .

 NON , ils ne sont pas tous chômeurs (certains ont un travail restreint pour les horaires à quelques heures qui ne leur permet d’accéder à rien ) .

 NON , ils n’ont pas tous envie de refuser d’aller dans les centres d’hébergement par principe ; certains y ont dormi quelques nuits et ont été victimes de vol , de violence ou n’ont pu y trouver le repos ou quand on n’a pas refusé de les accueillir parce qu’ils avaient un animal .

 il est bien plus commode d’en rester à l’image détériorée de femmes et d’hommes dans des états de délabrement physique et mental qui collent mieux à la représentation tenace que génère une société dans laquelle l’apparence joue un rôle aussi prédominant avec sa cohorte de clichés bien construits qui témoigneraient d’une appartenance confirmée à la vie réelle , active , pleine d’évolutions et de moyens, ouverte à chacun selon ses capacités .

j’ai en mémoire plusieurs personnes qui participaient à des cours du soir (cours de remise à niveau en français) de 20 h à 22 h 30 .

 souvent je restais après ces heures de cours pour répondre à des questions personnelles : en échangeant ainsi j’ai plusieurs fois appris que l’un ou l’autre dormait sur les quais de Bordeaux , dans les anciens hangars du port autonome squattés depuis longtemps .

 pourtant Rien, ni dans la vêture ni dans l’aspect n’avait alerté ni mes collègues, ni moi sur cette réalité malgré toute l’attention que nous portions ,avec notre longue expérience dans le travail social, à chacun de ces courageux stagiaires des cours du soir .

RIEN n’avait transparu de la réalité de leur situation : en poursuivant l’échange, ils nous confiaient que ces moments leur permettaient de rencontrer d’autres personnes , de partager un café ou deux pendant la pause et de se fondre dans un groupe sans qu’ils puissent être identifiés par autre chose que leur envie de progresser pour tenter de s’en sortir plus facilement en maitrisant mieux le Français fondamental pour rédiger une lettre ou effectuer une démarche .
 comment une vision pourrait elle être réaliste ?

 ce qui est bien réel c’est que nous sommes en 2017 , en France et que le constat dure , dure et dure encore malgré tous les efforts de toutes les structures déployées sur le terrain qui se battent pour dépasser dans leur fonctionnement le côté provisoire des actions qu’ils conduisent en sachant bien qu’ils sont eux aussi dans une précarité de moyens alloués ( subventions non pérennes ) , qui demeurent au bon vouloir de telle ou telle assemblée d’élus et qui ont parfois tendance au chantage , à des moyens de pression fallacieux et à des menaces diverses .

la situation des S.D.F est tout aussi critique en été car les centres d’hébergement sont le plus souvent fermés et les risques sanitaires sont accrus de même que les violences dues à l’alcool .

 la vision réaliste serait celle qui lutterait contre l’indifférence et la banalisation de ce constat qui concerne toute la société .

 on connait parfois ce qui les a fait basculer dans la rue et il faut bien se rendre compte que leur parcours pourrait un jour être le notre , même si on a du mal à l’envisager et à le croire : c’est aussi être réaliste .

 bonne journée , Rosemar !

 P.B.A

 
 
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