Historiquement le concept de gauche et de droite naît pendant la Révolution Française.
Pendant la majorité du XIXème, être de gauche c’est vouloir la République, le suffrage universel et être anticlérical. Vers la fin du XIXème se développe une gauche socialiste qui relègue l’ancienne gauche à droite. Anarchistes, fouriéristes, marxistes et d’autres incarnent désormais la gauche socialiste.
Cette gauche anticapitaliste se sépare en deux groupes antagonistes après la Révolution russe entre les communistes affiliés à l’URSS et les autres socialistes qui refusent ce modèle.
Après la guerre 39/45, les socialistes évoluent vers deux voies différentes : l’une demeure anticapitaliste, l’autre invente la social-démocratie (congrès de Bad Godesberg) qui influence toute l’Europe du Nord à l’exception notable de la France.
La gauche d’aujourd’hui est l’héritière de cette histoire.
Les communistes n’existent presque plus depuis l’effondrement de l’URSS et n’ont plus pour objectif d’abattre le capitalisme en dehors de ceux affiliés à la quatrième internationale (NPA, LO).
Mélenchon, le PG et quelques autres se contentent de tenir un discours anti-patronal, anti-finance et ouvriériste (sans avoir beaucoup d’ouvriers dans leurs rangs).
Le PS qui est n’en déplaise à l’auteur un parti de gauche, n’a jamais résolu deux problèmes :
Le premier étant de s’affirmer social-démocrate, chose impossible dans un pays où le PCF pesait jusque 40% de l’électorat après guerre et encore 25% vers 1980. D’où un discours en décalage complet entre les ambitions affichées (changer la vie, mettre le capitalisme au pas en 81) et la réalité de l’exercice du pouvoir.
Le second étant de gouverner dans une période où le libéralisme mondialisé explose. Reagan arrive au pouvoir en 80. Sous la pression de cette vague de fond le PS est devenu un parti social-libéral comme tous les partis socio-démocrates européens mais sans le dire clairement car l’électeur français vit toujours avec le refoulé culturel communiste.
Cela donne une gauche de gouvernement qui déçoit toujours, une gauche auto-proclamée « vraie » qui rêve toujours et au total, une belle tendance au suicide collectif.
Pourtant de véritables marqueurs de la gauche existent et il serait bon que chacun y pense avant de vouer l’autre aux gémonies.
Etre de gauche c’est aimer la démocratie. Les propositions sont multiples cela va du référendum, au non cumul des mandats, la décentralisation, du changement de République jusqu’au tirage au sort des élus, etc...On peut être d’accord ou pas mais l’idée est comme le dit l’auteur de donner le pouvoir aux citoyens le plus possible.
Etre de gauche c’est aussi vouloir limiter l’inégalité inhérente au système capitaliste. Le curseur est plus ou moins poussé selon les partis mais l’idée de réduire les inégalités sociales est présente chez tous.
Etre de gauche aujourd’hui c’est vouloir clairement une politique écologiste (énergies renouvelables, agriculture bio, sortie du nucléaire).
Etre de gauche, c’est accepter et encourager les évolutions sociétales réclamées par les citoyens (le mariage pour tous par exemple)
Etre de gauche c’est privilégier la compréhension entre les peuples plutôt que les postures nationalistes, protectionnistes ou agressives. De ce point de vue, l’UE peut être critiquable mais c’est un outil dont nous risquons bien d’avoir besoin dans les années qui viennent.
Enfin, être de gauche en France c’est accepter toutes les religions mais les limiter à la sphère privée (Jospin par exemple n’a jamais clamé qu’il est protestant quand Fillon brame son catholicisme).
Pour des raisons historiques (poids du PCF, institutions de la Vème République), la gauche française a toujours été sa meilleure ennemie. Il serait peut-être temps de regarder plus ce qui la rassemble que ce qui la divise.