Il est important de noter l’ambiguïté de sa position pendant
la seconde guerre car il insiste à la fois sur son loyalisme à
l’égard du maréchal Pétain, mais aussi sur sa réserve à l’égard
du gouvernement de Vichy. (allez comprendre….)
à
l’auteur,
« Allez comprendre ... », dites-vous. Pour
comprendre, il suffirait de lire un peu les historiens. Je n’ai pas
étudié l’histoire à l’université et ma culture dans ce domaine
est beaucoup trop lacunaire pour que je me risque jamais à écrire
sur les ligues avant la guerre ; par ailleurs, je n’ai aucune
sympathie pour l’extrême droite. De La Roque était effectivement un
homme d’une droite qu’on peut dire extrême, mais en faire le
prototype d’un certain fascisme français, c’est se mettre le doigt
dans l’oeil jusqu’au coude, et tous les historiens spécialistes de
la période, dont Paxton, vous démentiront.
L’attitude de De La Roque vis-à-vis de Vichy était loin d’être
aussi ambiguë que vous le dites. Il a exprimé les plus grandes
réserves à l’égard de Pétain et je doute (il faudrait vérifier)
que les gens de sa mouvance, à la différence des socialistes, aient
voté les pleins pouvoir à la vielle ganache en juillet 40. Il aura
refusé très explicitement la politique de collaboration et se sera
opposé très fermement, et sans la moindre ambiguïté, à la
politique antisémite des collabos. Son comportement devient très
vite celui d’un résistant ; il sera arrêté en 42 par la
police allemande et tâtera de diverses prisons en France, puis des
camps d’internement du Reich.
Il n’y a aucune comparaison possible entre le comportement de De
La Roque pendant cette période abominable et celle d’un Doriot
(ancien communiste), fondateur du PPF ou celle d’un Marcel Déat,
ancien député SFIO (celui qui ne voulait pas « mourir
pourDantzig"), dont le Rassemblement National Populaire fut une vraie
calamité. Eux sont de véritables suppôts du nazisme, et si vous voulez
trouver en France l’existence d’un véritable « fascisme
français », selon la thèse encore très discutée de Zeev
Sternhell, c’est plutôt le parcours de ces deux-là que vous auriez
dû examiner.
Bref, du début à la fin, vous faites complètement fausse route.
De la Roque était un républicain ; il l’aura prouvé en
refusant d’adopter avec l’Action française, laquelle ne cessera de
dénoncer « la gueuse », une stratégie putschiste. Au
reste, il me semble bien que tous les gouvernements, depuis la
guerre, se seront attachés à corriger des jugements aussi
tendancieux et mal fondés que celui dont cet article paraît encore se faire l’écho.
Je ne m’attendais pas à devoir me faire ce matin l’avocat du
Colonel De la Roque, mais j’espère que des lecteurs un peu plus
compétents que moi rétabliront ici la vérité historique.