Il
est difficile de trancher, et je mets en garde contre toute tentation
(bien humaine) de voir ce que l’on veut voir. Néanmoins, on est
obligé de reconnaître que certaines choses sont étranges. Déjà,
je n’arrive pas à croire que Trump, un homme qui déteste les
médias, les a encore qualifié il y a peu d’ennemis du peuple, les a
accusés en permanence de mentir (y compris sur la Syrie), ait décidé
de bombarder la Syrie sur la foi de ce qui a tout d’une mascarade
médiatique, lui qui en a vu bien d’autres. Ensuite, les éléments
montrant que la base de Chayrat était quasiment vide s’accumulent.
Entre le nombre étrangement faible de victimes et le fait que la
base était déjà opérationnelle peu après les frappes, cela fait
beaucoup pour « 59 Tomahawks ». Enfin, il faut tenir compte
du fait que la stratégie suivie depuis janvier par le ministre des
affaires étrangères US Tillerson, certainement avec l’aval de
Trump, ressemble fort à celle qui est soupçonnée par Meyssan
autour de cette attaque : dans le but de rassurer le comité du Sénat
et d’obtenir son investiture, il a multiplié les déclarations dures
contre la Russie, tout en œuvrant en coulisses dans le but de
rapprocher subtilement les positions des USA de celles des russes.
Mais
dans les deux cas, une chose est commune : Trump apparaît
avoir agi ainsi dans le but de faire taire les critiques au sujet des
« ingérences russes » et de sa collusion présumée dont il
aurait bénéficié pour se faire élire. Cette affaire, aussi
bidonnée soit-elle, empoisonnait son début de mandat, et faisait
l’affaire de tous ceux qui rêvaient de le renverser. Il est certain
que désormais, ces derniers, quelque soit la mine réjouie qu’ils
affichent désormais, se retrouvent bien ennuyés.
En
lisant le dernier L’Express, j’ai vu que ce souci semble leur
priorité : s’ils parlaient assez peu de l’attaque chimique et de ses
suites, ce qui est très surprenant de leur part, ils mettaient au
contraire l’accent sur le « nouveau watergate », en reprenant
toute la propagande de la CIA et autres impérialistes
néo-conservateurs/démocrates. Manifestement, en la mettant au
premier plan de la sorte, ils essaient de mettre le turbo afin que
cette affaire ne soit pas dépassée par l’express
Trump-nouvel-ennemi-de-la-Russie et de gagner du temps, en attirant
au maximum l’attention sur elle afin d’éviter qu’elle soit enterrée.