@alinea
Le capitalisme ne durera pas. Non pas qu’il doive craindre je ne sais quelle révolution que Karl Marx pensait prévisible et qui serait la conséquence de son horrible perversité intrinsèque, mais parce que les progrès de l’intelligence artificielle devraient permettre assez vite une redistribution plus équitable des richesses. A chacun selon ses besoins, et non pas selon ses moyens, disaient les anarchistes, et il y a déjà longtemps que ce principe a commencé de s’appliquer dans les sociétés civilisées où beaucoup de services offerts aux citoyens sont gratuits ou fort peu onéreux. Il y a vingt ans, si on téléphonait beaucoup, c’était ruineux. Aujourd’hui, vous pouvez converser des heures tous les jours avec quelqu’un qui est à des centaines de kilomètres, ça ne vous coûtera pas plus cher à la fin du mois. Vous entrez sans payer dans beaucoup de musées, dans la plupart des bibliothèques et tous les jardins publics. Si j’utilisais des tickets de métro à Paris, ça me coûterait probablement moins cher que la carte intégrale, mais c’est vraiment très agréable de n’avoir plus à payer, de pouvoir se dire qu’on pourrait faire, pour ainsi dire à l’oeil, des centaines de kilomètres sous Paris !
Pour rien au monde je n’aurais voté pour Hamon, mais pour se singulariser et frapper les esprits, il s’était accroché à l’idée du revenu universel. En l’état actuel des choses, ça n’est guère possible et il aura très vite dû faire machine arrière, mais il est tout à fait inévitable qu’on en arrive là assez vite, et pour tout dire à la gratuité (ce qui revient au même) de tout ce qui est nécessaire pour vivre. L’idée n’est pas nouvelle. Kropotkine (Du pain) exigeait déjà que le peuple pût sortir de la boulangerie avec de quoi se nourrir, sans bourse délier.