Telle que dite ainsi, la démarche a sa beauté.
Mais selon la logique de De Gaulle, ce sont les réalités qui comptent, n’a-t-il pas cessé de marteler pas même deux ans après avoir lancé le projet d’un immense optimisme qui fut celui de la Communauté (il y a mis fin sans tenir compte du vote des populations concernées, notamment d’Afrique noire).
Et son ultime argument pour se libérer du « boulet » algérien fut de dire : « l’Algérie nous coûte plus qu’elle nous rapporte. » D’un coup, une vision comptable à très court terme mettait fin à une politique franco-africaine pour laquelle des efforts immenses avaient été investis. A la place, il y a eu la France Afrique....
D’un côté, la réalité telle qu’elle est justifiait tous ses revirements, de l’autre, le prestige, le modèle, que « des choses pas commerciales » comme chantait Souchon. Admettons.
Mais au plan politique, que cela a-t-il produit ?
Québec : rien
Russie : rien
Chine : quatre ans après, l’effroyable révolution culturelle, puis plus tard une Chine cumulant le capitalisme dans toute son horreur et la dictature implacable du PC, qui se réfère toujours à Mao !
Mexique : le parti révolutionnaire institutionnel tient toujours le pays, l’un des plus corrompus qui soient.
Amérique du Sud : rien. Peu après le départ de De Gaulle, on a eu Pinochet puis les colonels en Argentine et d’incessantes luttes intestines.
La France n’a aucune influence que ce soit sur ce continent, il faut « voir les choses comme elles sont », comme De Gaulle aimait à le dire.
C’est malheureux à constater, mais pour réussies qu’elles furent au plan médiatique, les visites du général n’ont rien changé du tout.
Même le FLN ne lui a pas été reconnaissant : notre armée part quinze ans plus tôt que prévu de la base de Mers El Kébir, nous donnons un Sahara qui n’avait rien de lié au ex-possessions ottomanes...et Alger fait appel aux coopérants russes, puis chinois. Pourtant, nous n’avons jamais cessé de subventionner l’Algérie, qui aurait dû ne plus rien nous « coûter »....jusqu’à ne pas facturer les séjours hospitaliers de la caste au pouvoir (exemple à Cochin, 80 millions d’ardoise depuis des années...)