@eric
Pétain, militaire de sensibilité laïques radicale socialiste
C’est vrai que j’ai écrit trop vite que de Gaulle et Pétain avaient des nostalgies royalistes.
Ils ne sont pas de même origine, Pétain est de famille agricole, nombreuse, où l’on est destiné à reprendre la ferme, aller en religion ou à l’armée. Il sort tout droit d’un tableau de Millet, en fait.
Il en a gardé les traditions et la ruralité de la société, dans une patrie qui n’était plus monarchique, mais nationale. Il a frayé avec l’armée faite de cadres royalistes autant que de cadres républicains, en pleine affaire Dreyfus, mais il est resté un taiseux, soucieux de gravir les grades de sa fonction.
de Gaulle et Pétain se sont appréciés l’un et l’autre, le premier a même été l’écrivain du deuxième, candidat à l’Académie Française, leur différence portant plutôt sur les caractères, indiscipliné pour de Gaulle.
Après le prestige acquis à Verdun, il a en effet rejoint et accompagné les cabinets rad-socs de l’entre deux guerres, qui essayaient de se garder à droite de l’antiparlementarisme où l’Action Française y a jeté son dévolu (les émeutes de février 34) et à gauche de la SFIO, tournée vers la lutte des classes pour l’émancipation ouvrière.
En fait, avec sa Révolution Nationale de Vichy, il a voulu substituer les syndicats, porteurs d’une société de classes, par des corporations de métiers réglementés (agriculteurs, pharmaciens, médecins, architectes...). Une paix sociale, reprenant les règles d’obligations féodales, mais déplacées de la monarchie vers les corporations. Un monde des métiers, plutôt qu’un marché du travail.