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Commentaire de Antoine Gitton

sur Le paradoxe des faucheurs volontaires


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Antoine Gitton (---.---.196.61) 22 avril 2006 20:27

Votre question qui suppose aussi un paradoxe est essentielle. Un texte assez diffusé et facteur de civilisation, pour le meilleur ou le pire, le point n’est pas là, dit à quelque endroit que l’esprit a précédé la génèse. De ce point de vue, une fois encore assez diffusé, rien ne serait naturel. Plus laïque la position d’Oscar Wilde selon lequel c’est la nature qui imite l’art. Ce qui revient toujours au même, finalement, la nature n’existerait pas et en tout cas ne serait pas souhaitable en son état passif. Les philosophes « pessimistes » du 17 et 18ème à l’origine de la nouvelle école dite du « droit naturel » ne considéraient pas l’état de nature comme un état idéal, au contraire. Pour des philosophes comme Hobbes, en gros, c’était l’enfer. Certes il s’agissait de l’état social de nature et non de son état biologique, mais « la nature » ne semblait pas sacrée et pas très respectée en tant que telle, sauf à la transfiguer, à l’orner. C’est tout l’art classique. Du côté de la chine, c’était et c’est un peu la même défiance vis à vis de la nature. Les romantiques sont arrivés avec Rousseau qui a pondu la Nouvelle Héloïse, le mythe du bon sauvage, l’idéologie d’une leçon de la nature. Rousseau était un grand marcheur et herboriste. C’est sans doute une des caractéristiques du romantisme que de consacrer et d’idaliser le « sauvage », la nature.

J’ai tendance à penser que ce mythe romantique venu de Rousseau a directement conduit à une fantastique et dangereuse illumination politique dont les conséquences directes, Ô combien positives, sont les « Lumières » avec ensuite tout le mouvement scientifique du 18ème siècle et du début du 19ème avec, Linné, Buffon, Monge ...(passez en revue les rues autour du jardin des Plantes) mais aussi, en retour, les premiers massacres de masse lors des guerres napoléoniennes. Finalement, le seul état naturel, biologique ou social, c’est la mort - ou la non vie. Pour autant, l’action des faucheurs volontaires ne doit pas être appréciée dans une logique strictement écologique, comme le fait Monsieur SABOT, pour la saine polémique (et je suis plutôt séduit par son analyse raisonnée), mais dans une logique politique et symbolique, comme l’a déclaré « José » dans un commentaire ci-dessus peu complaisant pour moi. (José ne m’a toujours pas répondu du reste) Pour me résumer la nature biologique ou sociale n’est pas souhaitable, les adeptes de la pureté ont toujours entaché l’histoire (encore un paradoxe, qui devrait les conduire à s’amender), la vie est faite de croisements et d’échanges. Je ne crois pas que les faucheurs volontaires soient majoritairement des obscurantistes, au contraire. Le site de la Confédération paysanne et la qualité de son information le démontrent, quoi que l’on pense des conclusions militantes. Reconnaissons leur le mérite de poser, à la hussarde, la question fondamentale de notre rapport au biologique. Je serai en tout cas assez peu satisfait que cela soit réglé exclusivement par des groupes privés dont le modème économique est strictement fondé sur des brevets biotechnologiques.

AG


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