Les commentaires témoignent de la véhémence des passions qui animent ce débat.
Pourtant, la sagesse voudrait au contraire qu’on s’attache à éviter sur un sujet aussi sensible, les jugements trop entiers ou trop définitifs. On n’interrompt pas une vie humaine comme on arrête une machine.
Aucune personne sensée ne peut accepter de prolonger inutilement les souffrances d’un malade mais aucun médecin digne de ce nom ne peut de sang-froid envisager de tuer un patient, même s’il le demande. Il y a un gouffre entre l’attitude consistant à essayer de soulager un mourant, de l’apaiser par tous les moyens, alors qu’il chemine au bord du terrifiant précipice de l’éternité, et la mise en scène froide, implacable, ancrée dans la triste certitude de la loi, qui caractérise l’euthanasie active.
Mais plus encore que la froideur de ce rituel, ce qui doit faire réfléchir, c’est le risque de dérapage que ferait courir la légalisation de telles pratiques. Il est tellement difficile en la matière, de distinguer la bonne intention, du crime.
On sait bien que des excès se sont déjà produits. Il suffit d’évoquer l’histoire de cette infirmière, Christine Malèvre, prise d’un zèle mortifère, qui fut félicitée dans un premier temps par le ministre de la santé avant d’être reconnue coupable de crimes en série. Ou bien encore le cas de ce médecin anglais, le docteur Harold Shipman, qui liquida pour des raisons crapuleuses plusieurs dizaines de patients en toute impunité. Imaginons ne serait-ce qu’un instant la détresse de celui qui comprend impuissant, qu’il va être sacrifié...
La vie est un mal incurable, et nous sommes tous en soins palliatifs ne l’oublions pas, tant que la mort elle-même n’a pas été abolie !