Oui madame, votre discours me dérange, comme il dérange bon nombre d’observateurs de la situation en Afrique. Votre association s’appelle SURVIE, en fait il semble qu’elle joue plutôt un dangereux jeu de MASSACRE culturel sous prétexte de bons sentiments qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne régissent pas l’ordre du monde sous n’importe quelle latitude. Vous croyez édifier, et vous démolissez. Vous êtes une belle entreprise de sape à grande échelle, mais quand vous aurez fini votre « œuvre », que restera-t-il autour de vous, à part l’incompréhension et la haine ?
1 - Concernant l’Irak, vous faites l’addition des principaux contrats obtenus par la France à la suite de la première guerre du Golfe. Bien. Votre bilan semble clair et précis. Je ne suis pas un spécialiste. Mais pourquoi n’évoquez-vous pas les contrats des autres nations européennes ou des Etats-Unis dans la foulée. Est-ce la France seule qui a participé à cette reconstruction de l’Irak. Permettez-moi d’en douter. Informez nous avec autant de précision sur l’attitude des autre sintervenants. Le débat ne s’en portera que mieux. Que la France ait poursuivi des intérêts commerciaux en Irak, entre les deux conflits, quoi de plus naturel. Il me semble que ça fait partie des relations internationales depuis que l’homme a inventé sa première barque et qu’il l’a remplie de n’importe quoi pour aller le vendre ou l’échanger à n’importe qui... Est l’apanage de la France de mener une telle politique ? Je vous renvoie à l’excellent livre de Ziegler sur « La Suisse lave plus blanc ». L’ouvrage est ancien mais croyez vous qu’il soit dépassé ? J’en doute. Et l’Espagne d’Asnar ? Vous ne croyez pas qu’elle a bataillé becs et ongles pour participer, à la meilleure place, à la deuxième reconstruction de l’Irak. Et l’Italie, la Hollande ? Et jusqu’à la Pologne ?
2 - Concernant le Rwanda. Permettez-moi d’avoir une autre opinion sur un sujet aussi sensible. Je vis dans une ville où, régulièrement, on accuse la France d’avoir incendié une bibliothèque saharienne. Tous les livres et les guides qui traitent de la région mentionnent le fait pour s’en offusquer et crier à la barbarie. C’est peu de dire que J. M. G. Le Clezio a assis une bonne partie de sa réputation littéraire en sacrifiant au mythe dans son fameux ouvrage « Désert ». Or d’incendie, il n’y en eut point. Je ne vais pas m’étendre là-dessus, mais tous les historiens sérieux savent très bien que cet incendie est un mythe d’abord entretenu par les Espagnols qui cherchaient à contrer l’influence française dans la région, puis par d’autres qu ont voulu bâtir l’unité du pays sur le dos de la France. Je ne juge rien des intentions des uns ou des autres. Je constate. C’est tout. L’histoire n’est pas la philosophie, encore moins le militantisme. Vos propos sont ceux d’une militante. Il me semble que le génocide du Rwanda mérite sans doute un autre traitement que celui dont vous l’affublez en quelques lignes (comme vous aviez tenté de le faire à propos des Balkans qui, miraculeusement ont disparu de vos propos). Vous accusez la France d’intention génocidaire au Rwanda sans apporter la moindre preuve. Les accords de coopération militaire avec le gouvernement rwandais n’impliquent pas la responsabilité de la France dans les massacres. Le drame rwandais, c’est le drame de toute guerre civile attisé par des prédicateurs haineux. Décider un génocide, c’est appliquer une idéologie d’éradication. Pensez-vous sincèrement que la France soit coupable d’un tel crime ? Et pourquoi les Américains se sont-ils bien gardés de mettre les pieds dans un tel bourbier ? Pour pouvoir plus tard évincer - en leur faisant copieusement cracher dessus par des « humanitaires » - ceux qui ont essayé de sauver ce qui pouvait être encore sauvé. Vous parlez de la grandeur américaine ! Mais ils n’avaient pas fait autre chose en 42, quand ils ont attendu 3 ans avant d’intervenir en Europe, et en comptant savamment les coups entre le nazisme et le communisme, disposés à n’intervenir que quand l’un (mais lequel ?) aurait suffisamment affaibli l’autre.
3 -L’Afghanistan. Là, vous mettez le doigt sur un aspect du problème qui me semble plus intéressant que les autres points soulevés, en disant que la France « préfère encourager des projets visant à diffuser la culture française ». Et pourquoi en serait-il autrement ? Ça vous gêne que la culture française tente de maintenir son rang dans le monde ? Moi non. Le monde américanisé ne me convient pas. Vous l’aimez. Libre à vous. Mais dans votre analyse planétaire pourquoi ne pas mettre l’accent sur l’impérialisme culturel que subit la planète du fait des Etats-Unis. Dois-je vous rappeler, entre autres, les clauses de non distribution de films autres qu’américains qui lient la plupart des distributeurs de cinéma de part le monde. A vos yeux, la France défend un peu trop sa culture. Moi, j’estime qu’elle n’en fait pas assez.
4 - L’affaire Elf... Alors là, votre brillante illustration s’égare dans le maquis plein de broussailles où vivent les donneurs-de-leçon-à-peu-de-frais. L’affaire Elf n’est ni plus ni moins qu’une importante affaire de pot de vin qui a eu l’heur ou le malheur d’être connue du grand public, parce que l’on avait affaire à une entreprise d’Etat et donc que les intervenants devaient se couvrir par rapport aux donneurs d’ordre, ce qui les a obligés à laisser traîner des papiers compromettants dont la justice a pu se saisir. Papiers qui, par la suite, ont été soigneusement distillés à l’intention de l’opinion publique. Libre à vous d’avoir marché dans cette combine médiatico-politique qui a reproduit le même scénario que celui utilisé concernant le financement du PS ; sujet qui a fait vivre nos médias pendant des années. Le PS s’étant fait prendre alors parce que, dans un souci de transparence interne, ses dirigeants avaient tenu une comptabilité. Chose que ni le RPR, ni l’UDF, ni PC (mais pas toujours) n’avaient eu la naïveté de faire. Des affaires Elf, il y a en a partout et chaque jour à travers le monde. Seriez-vous naïve au point de penser que les contrats de matières premières, d’armements, ceux liés à l’énergie, aux céréales et à tout ce qui génère d’énormes plus-values, en sont exempts. D’où viennent les fortunes qui se bâtissent aux quatre coins de la planète en quelques jours ? Tony Blair allant à la relance pour ses jeux olympiques en promettant des fonds aux différents comités olympiques du tiers-monde, c’était peut-être moral pour vous ? Ça ne s’appellerait donc pas une tentative de corruption ?
Il ne viendrait à l’idée de personne de vous reprocher de parler des manquements à la morale économique (vaste sujet dont le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne concerne pas seulement les quelques parties du monde que vous avez ciblées) mais il est parfaitement anormal et amoral que vos critiques soient exclusivement ciblées sur la France qui, pour vous paraphraser, n’a pas plus de leçon à recevoir que d’autres, si ce n’est qu’elle est plus engagée que d’autres sur la scène internationale où elle ne récolte pas que des dividendes, c’est le moins que l’on puisse dire. Patrick Adam
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24/04 08:29 - RAMSAY
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24/04 08:00 - RAMSAY
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24/04 01:06 - Patrick Adam
Décidément, l’une comme l’autre, vous ne faites l’histoire qu’avec des (...)
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