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Commentaire de O Coquinos

sur Sur François Asselineau, l'UPR, l'abstention et les trumpolâtres (1/2)


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O Coquinos O Coquinos 10 juillet 2017 16:59

@Yanleroc

Bonjour.

François Asselineau est un homme de droite, son passé politique en témoigne, sa réjouissance au lendemain de l’élection de Donald Trump aussi, ainsi que sa référence constante à de Gaulle. Il n’a jamais cherché à tromper les militants de son parti en prétendant être devenu par miracle un homme de gauche se référant désormais au marxisme. Tout au plus exagère-t-il, à mon avis, auprès des médias et donc de l’électorat, la proportion de gens de gauche qui ont rejoint l’UPR : s’il s’agit de déçus du PS néolibéral, du PCF réformiste prêt à toutes les compromissions pour conserver les mandats de ses élus locaux, du PG stalinien (que j’ai bien connu pour y avoir adhéré dès l’origine et avoir observé son fonctionnement de l’intérieur), du PRCF et du PEP franchement opposés au recours à l’article 50 (ce qui en dit long sur la profondeur des convictions anti-européistes de leurs dirigeants) ou du NPA pro-impérialisme états-unien, je doute qu’on puisse affirmer que l’UPR soit constituée d’une majorité de personnes « plutôt de gauche ». Les militants de l’UPR, du moins ceux avec qui j’ai pu m’entretenir, sont plutôt de droite et parfois même très à droite, mais toujours républicains. C’est en partie la faute du chef de l’UPR qui à force de n’avoir presque que le général de Gaulle comme point de repère fait demeurer à l’écart de son mouvement les militants marxistes qui n’ont pas oublié que si le général était un plus grand démocrate que les Sarkozy, Hollande et Macron réunis, il n’en fut point pour autant un grand démocrate dans l’absolu (les conditions de sa seconde accession au pouvoir en 1958 en attestent). C’est aussi la faute aux vrais militants de gauche qui ne se donnent pas la peine d’aller regarder d’un peu plus près ce qu’est réellement l’UPR et l’ont rangée à l’extrême droite sans la connaître, classification hâtive et calomniatrice renversante de bêtise. Je pense qu’il y a probablement beaucoup d’adhérents de l’UPR qui n’ont jamais fait de politique et qui se définissent eux-mêmes comme étant de sensibilité de gauche, ce qui ne veut pas dire grand-chose.

Mais là n’est pas la question. Comme Fifi Brind_acier l’a écrit en me prenant de vitesse dans sa réponse à Lonesome Cowboy, rien n’empêchait la gauche d’opérette, celle qui grâce à la surmédiatisation de Mélenchon a fait un bon score au premier tour de la présidentielle (non confirmé aux législatives), ou la gauche réelle « éparpillée par petits bouts façon puzzle » à cause justement de l’effet de sape de ces partis de gauche européistes qui l’ont peu à peu laminée, d’imiter l’exemple des communistes français qui participèrent à la création du CNR et en furent une composante essentielle. A cette époque, les dirigeants du PCF agissaient bien sûr sur instructions des Soviétiques, mais ils n’auraient pas été suivis avec tant de ferveur par les militants de base si ces instructions n’avaient pas coïncidé avec les convictions patriotiques et antifascistes de ces derniers. Comment se fait-il que ce soit un gaulliste pur jus, inconnu du grand public, dont l’avenir professionnel était pourtant tout tracé, qui se soit impliqué sans aucune aide d’aucune sorte dans la fondation d’un mouvement politique de « libération nationale » et non la gauche traditionnellement plus soucieuse des intérêts du petit peuple ? Ne voyez-vous pas que la gauche n’a plus rien de populaire et qu’elle est dirigée par une élite politicienne professionnalisée qui n’a presque jamais rien fait d’autre que de baratiner les gens pour se faire élire et occuper des fonctions qui la font vivre grassement, sans jamais avoir cherché à reconstruire sérieusement le mouvement ouvrier sur des bases saines ? Croyez-vous que Mélenchon, Autain, Laurent, Krivine, Gluckstein et leurs pareils ont fait autre chose au cours de leur existence professionnelle que de vivre de leurs victoires électorales, de la générosité de leurs partis et organes de presse ou de la vente de leurs bouquins ? (Je sais, Mélenchon enseigna quelque temps avant l’âge de 34 ans, Gluckstein et Krivine avant leurs 28e printemps...) Si cette gauche-là n’a pas pris l’initiative d’une refondation du CNR (d’un CNR actualisé, bien entendu), c’est parce qu’elle ne le voulait pas. Devenue européiste à 100 % (le POI affiche son opposition à l’UE, mais fait en sorte qu’elle soit stérile), il était hors de question pour elle de tuer la poule aux oeufs d’or. Même Arlette fut députée européenne : ça en met des livres de beurre dans les épinards !

Vous reprochez à FA son attachement à la Constitution « monarchique » de 1958 et je lui en ferais également le grief si nous vivions dans un pays libre et indépendant. Mais vous semblez commettre l’erreur très répandue de croire que nos maux actuels découlent pour l’essentiel de celle-ci. Non. Ce n’est plus la Constitution de 1958 qui est le principal obstacle à la démocratie en France et au bonheur des Français, mais, depuis au minimum 1993 (du jour où prit effet le traité de Maastricht), ce sont les traités européens en vigueur dont la stricte application par les Etats membres est contrôlée par la Commission de Bruxelles (sauf lorsque ce sont les institutions européennes elles-mêmes qui décident d’y surseoir, cf. l’affaire de Chypre) sous la menace des amendes dissuasives que la CJUE (sise en la ville de Luxembourg) inflige aux Etats lorsque cette même Commission la saisit pour infraction aux traités et non-respect de ses propres directives. L’Autre gauche ne fustige la Constitution de 1958 que pour faire diversion, pour mieux atténuer la part prépondérante qui revient aux traité de Lisbonne et consorts dans la situation économique et morale déplorable qui est celle de la France aujourd’hui (Mélenchon servit fidèlement la Ve République et était beaucoup moins critique à son endroit lorsqu’il fut ministre délégué à l’Enseignement professionnel dans le gouvernement Jospin). Par conséquent, en tant que socialiste, je ne considère pas que l’attachement d’un gaulliste à une constitution gaullienne soit de nature à me surprendre et encore moins à m’offusquer lorsque celle-ci se trouve soumise à la primauté du droit européen (voir la note 20 de mon article).

Là où je ne suis carrément pas d’accord avec vous, c’est lorsque vous évoquez le refus d’Asselineau « de rechercher l’alliance à tout prix et préférer l’adhésion de l’opposition à son mouvement » (j’aurais mis à votre place opposition entre guillemets : c’est une opposition de façade qui n’a rien à voir avec la reconstruction du mouvement ouvrier ou prolétarien, seule opposition efficace et que redoute l’oligarchie ; ce ne sont que moulinets et déclarations fracassantes faits devant les caméras et les micros, aux visées profondément électoralistes et destinés à assurer l’avenir des petites entreprises FI-PG & PCF en entretenant le mythe d’un contre-pouvoir virulent). Il n’y a justement pas d’alliance à tout prix qui tienne : il ne s’agit pas de cuisine électorale, de politicaillerie, de grenouillage pour savoir comment avoir le plus d’élus possible dans telle ou telle assemblée ; le problème n’est pas de remporter des élections pour remporter des élections (et les avantages appréciables qui vont avec) si, une fois parvenu au sommet de l’Etat, vous n’enclenchez pas la procédure prévue par l’article 50 (que Leypanou m’excuse !) et faites mine, comme Jospin en 1997 et Hollande en 2012, de vouloir « renégocier les traités » pour vous retrouver bien évidemment le bec dans l’eau quelques semaines après votre prise du pouvoir ; il s’agit de l’avenir et de la survie de notre pays, c’est-à-dire de l’avenir et de la survie de notre peuple et de notre culture et de ce qu’ils représentent peut-être encore un peu aux yeux du monde. Il n’y a pas d’autre échappatoire que de sortir de ce tombeau des peuples et des nations qu’est l’UE. Si vous étiez Grec, vous commenceriez à comprendre la réalité de cette nécessité et à admettre que lorsque la gauche radicale affirme qu’il suffit de taper du poing sur la table et de désobéir aux traités pour trouver la voie du salut tout en restant à l’intérieur de l’Union, c’est un mensonge des plus perfides. Ces gens-là ne sont pas les amis du prolétariat, mais ses ennemis jurés, peut-être les plus dangereux parce qu’ils opèrent à des fins d’intérêt personnel (pas seulement pécuniaire) avec un masque d’altruisme et de fraternité sur le visage. Ils sont encore plus indispensables à la pérennité du système ploutocratique que leurs équivalents d’extrême droite, car il leur faut un authentique talent d’acteur pour mimer la sincérité à la perfection, don bien rare qui n’est pas nécessaire aux ganaches du type Le Pen.

Cela étant écrit, merci d’avoir déposé un commentaire... stimulant !



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