Quand j’étais objo dans un centre social des banlieues, je me souviens qu’il n’était pas très difficile de recapter les gosses (entre 6 et 12 ans). On faisait avec 2-3 bouts de ficelles : 1000 francs (150 euros) par an.
Au bout d’un an, des instits étaient venus nous voir. Ils voulaient savoir comment on faisait, car ils constataient que les gosses suivaient mieux en classe. On leur a expliqué. C’est vrai que c’était d’autres méthodes, et que les gosses on les avait pas par groupe de 30.
Deux ans après, il y a eu un virage à droite au ministère. Les 1000 francs par an : sucré, et les ateliers, par terre. Le prix d’un resto de ministre le week-end en somme. Les gosses, on n’a pas voulu leur expliquer qu’ils étaient jugés comme étant la cause de la dépense privant le français moyen devant sa télévision. On voulait pas en faire des exclus : des sous-adaptés, comme vous dites. Par contre on avait un peu la rage : on savait que les gosses qu’on prenait en charge étaient dans des situations limites. Vous avez déjà mis les pieds dans une prison pour souhaiter cet avenir à des gamins de 6 ans ? Alors c’est sûr qu’il fallait pas craindre de se retrouver avec un grand frère qui pointe une arme sur vous, pour vous tester.
On connaissait les enjeux. Et on prenait notre part. Vous croyez qu’on a attendu le bouquin de machin pour avoir les pieds sur terre ? Que faites-vous de ces combats silencieux et jamais aidés avec votre armées de chiffres, à part nous proposer votre définition, tellement exemplaire, un vrai modèle d’éducation, de la citoyenneté : « Accepter que la société profite de vous tout en profitant d’elle ».
Quand on avance des choses aussi graves, on a le devoir de faire marcher sa cervelle, Hélène Sadaune. Putain la dialectique. Pour exercice civique, vous irez chercher la part dans le PIB du poste « pauvreté-exclusion » pour les dépenses sociales, qui comprennent la vieillesse-survie, la maladie, la maternité, la famille et l’assurance chômage.