@ Taverne
Pourquoi sourire ? L’angoisse, peut-être ?
Principes de domestication : la domestication n’est possible que si l’on
prend l’animal au berceau et que celui-ci entretient un lien de
dépendance vital avec l’éleveur. Une des raisons est que le psychisme, en développement, se révèle plastique à ce moment.
Observons un instant un fauve et
son dompteur. A ma gauche, 500 kg de muscles et de nerfs ; face à lui un
avorton criard en costume rigolo avec un fouet. L’avorton ordonne -
des crétineries ! -, le fauve obtempère. Observons bien : le fauve
rechigne, des signes montrent qu’il y a une sorte de lutte en lui, un
dilemme le travaille, une sorte de question existentielle qui se résume à
’je le mets en pièces, le pantin criard là ?’. Il jette des regards de
biais sur le fouet, sursaute quand celui-ci claque.
De cette observation, il s’ensuit que :
1.le
fauve pourrait à tous les coups mettre en pièces son maître ; un coup de
fouet ne lui ferait pas grand mal et au contraire décuplerait sa rage. Il n’y a en fait pas de raison à ce qu’il obéisse. Ca nie la nature, ça heurte le bon sens, la logique et tout ce qu’on voudra bien.
2. le pouvoir du dompteur forcément repose entièrement sur la suggestion. C’est-à-dire que le fouet n’a aucun pouvoir en lui-même, il n’a que le pouvoir que l’animal lui prête.
3.
et bien sûr tout cela marche sur la mémoire ; par certains signes le fauve est
ramené à une expérience douloureuse qu’il eut autrefois et qui l’a
marqué, comme l’on marque au fer rouge.
Voilà : Maman intime
’bouffe-le !’ et l’anti-Moi contredit : ’Saute dans le cerceau parce
que/sinon/ou bien...’. L’imagination se met en branle et est ramenée au
traumatisme premier.
Nota bene : selon les derniers progrès de la Science, ça marche aussi avec la récompense ; en modulant tour à tour sur le pipeau binaire (châtiment/récompense, plaisir/déplaisir), on accomplit des prouesses, en particulier dans la conduite de foule.