Je n’aime pas beaucoup le ton conformiste de l’article qui reprend complaisamment la version officielle de la connerie des touristes, de l’imprudence, de la complainte de la nature violée, du catastrophisme climatique et de l’écologisme fascisant pour qui il faudrait tout interdire ... sauf ce qui rapporte à l’industrie touristique.
J’habite dans le 83 près de Fayence et, depuis les années 1970, j’ai suivi les incendies de forêt de la région (Tanneron, forêt du Rouët, col du Bougnon, Estérel ...)
Premièrement, les incendies de forêt ne signent pas l’arrêt de mort de la nature. La forêt ensuite peu à peu reprend ses droits : si les pins brûlent et meurent (encore que des milliers de jeunes pins on tôt fait d’éclore), les essences telles que chênes lièges et verts ont une grande capacité de survie et de reprise.
Deuxièmement l’imprudence a bon dos et le coup du mégot est un mythe bien commode (d’accord avec alinéa).
Rappelons que la plupart des incendies présentent des foyers de départ multiples qui excluent l’imprudence. Rappelons aussi que TOUTES les routes (grandes ou petites) ont leurs abords passés à la débroussailleuse. Cela en fait des endroits peu propices aux feux de mégots et il est exceptionnel d’y voir de grandes herbes sèches. Rappelons enfin que TOUTES les pistes carrossables sont interdites à la circulation depuis longtemps et que, de ce fait, la forêt provençale est un lieu désert. Etant randonneur, été comme hiver, je n’y rencontre jamais personne du fait que, pour se rendre aux endroits intéressants ( rivières, bords de lacs, cavernes, champignons), il faut marcher longtemps sauf à faire partie des « Ayants droit » que sont les multiples strates de l’immense appareil anti-incendie ... et les tout-puissants chasseurs.
Troisièmement le vent n’est pas un élément nouveau dû à un quelconque « changement climatique ». Il y en avait bien plus au cours des années 1980. Depuis plusieurs années il y en a très peu et la sécheresse n’est pas pire que bien d’autres années. Si les feux étaient aussi accidentels qu’on veut bien le dire, il y aurait des départs de feu même en l’absence de vent fort. Ces départs seraient facilement combattus mais il en existerait de nombreux. Ce n’est pas le cas : Les foyers se déploient comme par enchantement dès l’apparition d’un vent soutenu et durable comme si tous les pyromanes attendaient ce moment avec impatience et ils se multiplient encore dès que les médias en font leur une.
Quatrièmement la louange répétée des pompiers et des Canadair est méritée mais ne doit pas cacher le fait que la lutte contre l’incendie de forêt est une activité prospère que personne ne souhaite voir mise en veilleuse faute d’incendies. De multiples strates d’organismes (CCFF communaux, départementaux, pompiers, gardes verts, entreprises de génie civil en permanence mobilisées pour réparer les pistes DFCI et les élargir sans cesse au-delà de toute raison, centaines d’entreprises de débrousaillage sous-traitantes des collectivités) en vivent, procurent des revenus et donnent aux divers élus et bureaucrates l’enviable statut de protecteurs en chef.
J’ajoute enfin que tout ce discours sur les feux est extrêmement dangereux pour les libertés individuelles de base : l’intellectuel citadin et l’écologiste qui ne mettent jamais les pieds dans un bois et qui ne taillent jamais un arbre ont tôt fait de conclure qu’il faut interdire et encore interdire pour « sauver » la nature : interdire l’accès aux forêts, interdire la balade en forêt, interdire le pique-nique, interdire les voitures, interdire l’écobuage, interdire les feux de jardin, interdire l’usage des tondeuses à gazon « parce que l’hélice risque de faire des étincelles »... ! Ils s’en fichent tant qu’on interdit pas l’accès aux cafés branchés, aux plages, aux golfs et aux événements culturels ... et nos chers élus crucifient la promenade gratuite à coup d’arrêtés municipaux mais s’assurent que l’immobilier, la construction de piscines et le tourisme non populaire prospèrent en accaparant l’espace et les ressources d’eau.