Il s’agit de la même croyance, le maître-mot est ’dieu révélé’ ; dieu s’est révélé à Abraham, puis à Moïse sous le nom de Iahvé, etc, etc. Il y a toute une généalogie spirituelle ; Moïse, Jésus et Mahomet sont à proprement parler des réformateurs qui se succèdent ; leur discours est qu’ils viennent parce que la foi est perdue ou corrompue. Leur querelle interne, propre à cette macédoine commune, est liée en fait à la question du monopole. La réalité du cas Jésus, c’est qu’avant l’universalisation de son supposé enseignement, il s’agit d’un schisme à l’intérieur du judaïsme entre un contestataire et l’ordre établi.
Pour le reste, aucun de ces livres n’est écrit par le protagoniste qu’il met en scène ; ce sont des ouvrages politiques parce qu’ils suivent un but originel : chez les juifs, il s’agit de donner une identité nouvelle (la judéité) à un peuple en effaçant sa mémoire première (une sorte de greffe du mental, qui se fait avec des moyens révoltants) ; chez les Chrétiens, il s’agit via l’universalisation de judaïser le monde entier (saint Paul était juif, ex- persécuteur chrétien ; élevé dans le culte de la culpabilité propre aux Juifs, tortionnaire, il ne pouvait donc finir que dingo et exporter sa pathologie au monde pour faire du christianisme un machin doloriste ne voyant que le Péché) ; chez les Musulmans, il s’agit tout d’abord de créer un empire (le Califat).
Chez les premiers, l’affaire est interne et il ne peut y avoir ni conversion, ni prosélytisme. Pour les deux autres, l’affaire est externe et devient possible. Dans ces deux cas, les livres sont la trahison-même des enseignements de Mahomet comme de Jésus qui ne sont d’ailleurs invoqués qu’en tant que faire-valoir et utilités pour légitimer et ancrer dans la généalogie. D’ailleurs, ces derniers, n’avaient strictement rien prévu sur le plan concret pour leur suite, pas d’héritier, etc.
Ces livres sont des collections et c’est pourquoi ils sont politiques, ils procèdent de choix ; et la raison du choix, c’est justement le but politique qu’ils poursuivent et qui est inscrit dans leurs gènes ainsi que l’autel pourri sur lequel ils s’érigent : sacrifier l’individualité pour faire une bonne grosse masse bien larvaire.
Les points communs vont au-delà des occurences ; c’est par exemple que le dieu est invisible à tous hormis au héros qui a un contact privilégié ; et bien entendu ce héros ne peut infirmer ou confirmer, ’tu crois ou tu ne crois pas’ et ’si tu ne crois pas, pan, t’es mort’. Tout ça, ce sont des ficelles psychologiques qui ont part aussi bien au modelage psychologique chez l’individu que dans les affaires d’ingéniérie sociale. (il y en a plein d’autres, la Menace/crainte du Châtiment, par exemple, avec les prophéties apocalyptiques chez Daniel, Jean ou le thème du ’guide attendu’.
Concernant spécialement le Coran, il est facile de comprendre qu’il est écrit en s’inscrivant dans une généalogie et en fonction de. Par exemple, il est obligé de nier la divinité de Jésus car la démagogie a été placée très haut pour ce coup-là (l’incarnation du dieu que personne ne doit voir) et il est impossible de faire mieux (c’est-à-dire de plus vulgaire). Idem concernant la notion d’au-delà merveilleux, absent chez les Juifs, par exemple. Mais voilà, quand tu veux concurrencer un marchand, si celui-ci propose la vie éternelle, il faut au moins t’aligner si tu ne peux proposer mieux. Sinon le chaland ne change pas de crémerie et le crémier gardera son monopole.