POUR SA VISITE ÉCLAIR à Perpignan le 13 octobre 2005, le missionnaire de l’Intérieur avait rempli sa vareuse de bibelots et de verroteries.
1er cadeau à la Ville : 53 caméras de vidéosurveillance. À ceux qui restent campés sur leur crainte orwellienne, le zébulon de la place Beauvau assure que l’outil n’est pas liberticide. Ouf. Histoire d’en rire, il convient de rappeler que le second meurtre qui a mis le feu aux poudres à Perpignan le 29 mai 2005 s’est déroulé sous l’oeil implacable d’une caméra de vidéosurveillance (
Pendant une semaine, la presse locale a tenu ses lecteurs en haleine, laissant croire que l’exploitation des images permettrait une identification rapide de l’assassin, jusqu’au coup de théâtre : la bécane était hors service !
2e geste en faveur de l’indigénat local : la construction d’un « internat de la réussite éducative », censé offrir à des jeunes en difficulté un cursus scolaire « de qualité » hors de leur environnement.
(Détail amusant : l’internat, envisagé au départ au bon air de la Cerdagne montagneuse, sera finalement bâti à Saint-Cyprien, cité balnéaire bétonnée dont le maire n’est autre que le très sarkozien Jacques Bouille, accessoirement secrétaire départemental de l’UMP. Chez les hommes de l’ordre, la délinquance est un linge sale qui se lave en famille.)
3e, enfin, le ministre a signé avec l’hôpital psy une convention visant à favoriser l’accès aux soins pédo-psychiatriques des populations les plus précarisées. Il assure qu’une centaine de familles sont prêtes à s’inscrire dans le dispositif.
(Car tout le monde sait que la folie s’attaque d’abord aux pauvres et qu’une gestion carcérale de la misère ne saurait sévir efficacement sans son pendant psychiatrique.)
Si la surenchère du roi du Karcher en matière de vidéosurveillance ne surprend personne, ses incartades dans le domaine de l’éducation et de la santé sont pour le moins flippantes.
Comment un ministre de l’Intérieur, même battant campagne, peut-il en effet déborder à ce point de son champ de compétence sans créer le moindre remous politico-médiatique ? Surtout quand on sait que « l’internat de la réussite » et les postes de pédopsychiatres sont de vieux projets locaux, qui n’avaient pu voir le jour faute de financement ou de réelle volonté.
Sarko, malin et démago, n’a fait que récupérer les bébés et aligner les biffetons de l’État, histoire de semer le trouble chez ses détracteurs qui l’accusent d’être un cogneur ultra-libéral.
PRISON, ECOLE, ASILE... Le triptyque dénoncé par Foucault dans « Surveiller et punir » est toujours à la mode.
« NUL DE NOUS n’est sûr d’échapper à la prison. Aujourd’hui moins que jamais. Sur notre vie de tous les jours le quadrillage policier se resserre : dans la rue et sur les routes ; autour des étrangers et des jeunes ; le délit d’opinion est réapparu ; les mesures antidrogue multiplient l’arbitraire. Nous sommes sous le signe de la garde à vue. On nous dit que la justice est débordée. Nous le voyons bien. Mais si c’était la police qui l’avait débordée ? On nous dit que les prisons sont surpeuplées. Mais si c’était la population qui était suremprisonnée ? Peu d’informations se publient sur les prisons : c’est une des régions cachées de notre système social, une des cases noires de notre vie. Nous avons le droit de savoir, nous voulons savoir... » Michel Foucault
20/03 17:49 - dan
Je sais il y a Clovis, les rois,le Christianisme,etc...Mais cela n’est pas très (...)
16/03 20:52 -
@ Jaï entièrement d’accord avec toi, la loi sur les retours à leurs pays d’origine (...)
16/03 01:22 - Forest Ent
16/03 00:49 - pinson
@ Dan, Autrement dit l’identité française n’a guère plus de deux siècles ? Vous (...)
15/03 21:19 - dan
Ce qui marque la spécificité de l’esprit français et son identité nationale c’est (...)
15/03 08:05 -
Moi je trouve que l’auteur de l’article avec son drôle de nom que je (...)
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