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Commentaire de gem

sur Le paradoxe des faucheurs volontaires


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gem (---.---.117.249) 24 avril 2006 12:35

@ Antoine Gitton

Bon, je comprend bien que vous ne soyez pas séduit par mon exemple du seigle. Mais j’insiste quand même pour vous inviter à mieux l’étudier, en dépit des différences objective.

Plus généralement, la culture européenne (et même mondiale, pour ce que j’en sais), c’est que le caractére « nuisible » ne se décrète pas unilatéralement : il faut que ça concerne tout le monde, et que l’individu à l’origine du problème reconnaisse lui-même qu’il ne voudrait pas subir la même chose. Généralité et réciprocité. En l’occurence, il n’y a ni généralité (les « OGM » ne sont pas, en soi, des mauvaises herbes, puisqu’on les cultivent volontairement à grande échelle), ni réciprocité (l’agriculteur OGM se moque d’une « contamination » par d’autres OGM ou par des semences « Bio »).

Rien ne permet donc à un agriculteur « bio » ou plus généralement anti-OGM (ni a fortiori à un jardinier du dimanche ou à un quidam) de se plaindre de la présence d’une trace d’OGM dans ses cultures (et a fortiori dans la « nature »). Le fait qu’il s’impose une norme de pureté exorbitante de la coutume (quelque % d’impuretés admis en agriculture) ne regarde que lui, il n’est pas fondé à l’opposer aux tiers. Exactement comme un producteur de graines, qui lui aussi se soumet contractuellement à des normes de pureté draconniennes, et qui ne pourra jamais attaquer ses voisins qui ont contaminé son champs avec des variétés différentes de sa cible.

En revanche, l’état a le droit, dans la mesure où il y a un intérêt général, à mettre en place des zones respectivement avec et sans OGM, de façon à limiter les risques d’impuretés et satisfaire tout le monde (ceux qui veulent du « sans OGM », et ceux qui acceptent les OGM). Il le fait déjà pour les graines.

Je comprend bien que les OGM peuvent être considéré, à tort ou à raison, comme envahissants (plutôt que « totalitaire », terme impropre), au sens où toute la nature pourraient se retrouver « OGM » : ça ne ne fonde pas juridiquement le souhait de les écarter. D’autant moins que cette « invasion » n’est possible que si les OGM ont un avantage dans la compétition « naturelle » (hypothèse très improbable : les plantes domestiques ne vivent que par la main de l’Homme), auquel cas on serait fondé à dire que la Nature (quoi que cela signifie, Cf. l’interressante question plus haut à propos de la naturalité de la Nature) aurait choisit les OGM. Sur ce point, la question que pose les OGM est celle de l’articulation entre la notion de « pureté », et j’oserai même dire « pureté raciale », et la notion d’irréversibilité : les faucheurs ne réclament rien d’autres pour les plantes et la Nature que ce que réclamaient les eugénistes pour les humains (le droit à la pureté raciale, le droit de se défendre contre la batardisation irréversible), et toutes proportions gardées, leurs méthodes sont les mêmes, parce que le « droit » ne permet pas de se défendre contre l’impureté.

(je laisse de coté toute la problématique « propriété intellectuelle » : ce n’est pas celle que vous abordez. Même si je considère que c’est le seul point d’achoppement véritable dans la question des OGM agricoles)


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