• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de O Coquinos

sur Sur François Asselineau, l'UPR, l'abstention et les trumpolâtres (2a/2)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

O Coquinos O Coquinos 26 août 2017 10:03

@Ar zen

Bonsoir.

J’ai apprécié votre précédente série de trois commentaires au sujet de mon article, lesquels, comme à l’accoutumée vous concernant, faisaient état du sérieux qui vous caractérise et montraient votre souci constant de fournir à vos lecteurs/lectrices les preuves de ce que vous avancez.

Dans le commentaire auquel je réponds à présent, je crois que vous vous êtes fourvoyé cependant sur mes intentions.

Que de Gaulle ait été et ait fait ce que vous rappelez succinctement au début de votre texte est indéniable. Où ai-je remis cela en cause dans la première réponse que je vous ait faite (24 août, 14h32) ou dans mon article ?

En ne comprenant pas que l’excès évident de citation des pensées, déclarations et actes du général à tout propos, en toute occasion, des dizaines de fois chaque mois dans la bouche de FA et dans les articles publiés sur UPR.fr (en tenez-vous à jour l’inventaire également ?) - quelles que soient leur véracité historique, leur pertinence et leur cohérence dans le discours anti-européiste propre à l’UPR -, fait se tenir à l’écart de ce parti les gens de gauche qui comme moi sont bien disposés à son égard, mais n’ont pas oublié que la politique conduite sous le régime gaulliste, quoique beaucoup moins à droite que celle d’un Hollande, était néanmoins de droite (comptant de beaux exploits sur le plan technologique et de belles réussites industrielles, ainsi que des prises de position courageuses à l’international qui rétablirent en bonne partie le prestige de notre pays dans le monde, ce que personne ne nie), que sa prise du pouvoir en 1958 fut plus que sulfureuse et fort peu démocratique, que l’expérience du RPF fondé et dirigé par de Gaulle sous la IVe République fut peu glorieuse (pour tout socialiste authentique ayant quelques notions d’histoire contemporaine, c’est un répulsif tenace au même titre que les turpitudes ultérieures du SAC... ou les indignités d’un Mitterrand !) et que les avancées sociales et démocratiques contenues dans le programme du CNR furent pour une part prépondérante le fait de l’aile gauche de la Résistance intérieure ; en ne comprenant pas que les militants et électeurs de gauche ne peuvent distinguer en permanence entre le de Gaulle respectable de la souveraineté nationale et le de Gaulle moins honorable entouré de grenouilleurs liés à la crapule mafieuse et criminelle ; en ne comprenant pas cela, vous contribuez sans le vouloir à creuser lentement mais sûrement la tombe du mouvement politique que vous défendez du bec et des ongles, avec passion, parfois avec un zèle excessif.

Quand le chef d’une formation de rassemblement des citoyens de gauche et de droite se plante à ce point en faisant des déclarations proprement délirantes au sujet de Donald Trump et des conséquences de sa victoire au lendemain de son élection, n’évoque pendant de longs mois qu’en termes très évasifs la nomination par Trump de milliardaires, de militaires islamophobes et de néofascistes à des postes-clés de son administration tout en prétendant à sa grande honte que c’est le peuple états-unien qui a repris le pouvoir (!), vante les mérites d’un Nigel Farage sans jamais évoquer le programme réactionnaire de l’Ukip (idem avec madame Theresa May), voilà ce que j’appelle par gentillesse « pencher à droite » lorsque d’aucuns, à gauche, pensent : s’y vautrer de tout son long (voir la dernière partie de mon article 2b/2, à paraître).

Vous vous appuyez sur les textes fondateurs de l’UPR et sur les rares mentions faites par ses responsables en faveur de la gauche anti-impérialiste pour prouver la neutralité théorique de sa ligne politique, sans prendre en compte ce qui révèle le mieux son orientation concrète, si je puis dire : les déclarations au jour le jour et les publications de ses dirigeants traitant de l’actualité nationale et internationale, prises dans leur globalité.

C’est pourquoi il est si important à mes yeux que l’UPR mette davantage en avant les personnalités de gauche, y compris étrangères (Chavez, Castro...), qui furent opposées à la construction dite européenne et/ou à l’impérialisme yankee, bien qu’elles n’aient pas joué pour l’indépendance de la France après la Seconde Guerre mondiale, dans le cas des marxistes français, un rôle comparable à celui du grand Charles : il faut rééquilibrer à tout prix la balance afin de rendre crédible l’UPR dans sa fonction oecuménique. Et pas simplement en adressant de temps à autres, à titre posthume ou anthume, quelques fleurs à de rares responsables politiques de gauche, en guise de cosmétique. Sans quoi, beaucoup comme mézigue finiront par se désintéresser totalement du devenir de l’UPR, considérant celle-ci comme un nouveau parti gaulliste ne prônant l’union des citoyens de droite et de gauche que pour mieux gonfler ses effectifs.

Ce qui est grave, c’est qu’en toute bonne foi vous ne semblez absolument pas vous douter de l’effet catastrophique que produisent sur les gens de gauche qui n’ont pas la mémoire courte de telles prises de position intempestives, de pareilles omissions coupables et cette référence sempiternelle à de Gaulle. Peut-être vous imaginez-vous que l’UPR parviendra à ses fins sans avoir à convaincre massivement à gauche ? Je vous prédis dans ce cas à son endroit un enterrement de première classe.

C’est tout l’objet de mon article : tenter d’alerter les UPRiens sincères dont vous êtes indubitablement et nos concitoyens sensibles au combat mené par l’UPR (beaucoup plus nombreux que les quelques centaines de mille qui ont voté pour FA au premier tour de la présidentielle, après avoir résisté à la tentation du vote utile) sur le principal danger qui la guette : son ancrage subreptice à droite, dont vous paraissez ne pas vous rendre compte parce qu’il vous semble peut-être naturel ou parce que votre militantisme exacerbé vous aveugle.

J’ai au moins autant que vous conscience que l’UPR doit impérieusement réussir dans son entreprise pour conserver à notre peuple une chance d’échapper à l’univers néolibéral et orwellien de l’UE par l’entremise d’élections desquelles, d’ordinaire, je n’attends rien au sein d’une démocratie représentative qui n’a de démocratique que le nom. Croyez bien qu’autrement, si je n’étais pas persuadé du rôle salvateur que pourrait jouer une UPR devenue politiquement adulte, je n’aurais pas consacré autant d’efforts de lecture et de rédaction pour soumettre à l’attention du public des articles qui ne seront lus au total que par quelques milliers de personnes sans que j’y gagne le moindre sou.

Vous avez le droit de nier l’évidence. J’ai quant à moi la certitude que les vrais amis de l’UPR (et je vous compte parmi eux, bien entendu) rendront un bien plus grand service à la France en tâchant de ne plus laisser le parti de la libération nationale dévier si peu que ce soit de son principe essentiel d’unité citoyenne.

Cordialement.

P.S. : inutile de préciser que j’adhère sans réserve à vos réponses aux commentaires de Lugsama (hier, 14h13 et 21h16).


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès