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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Se comprendre ou s'entretuer : question de logique ?


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Philippe VERGNES 2 septembre 2017 16:21

@ JL,


Bonne question... très pertinente ! 

Avant que d’y répondre je préciserais qu’il faudra peut-être m’y reprendre à plusieurs fois, car dévoiler un paradoxe est l’étape la plus facile de son élucidation. Donc, après avoir dévoiler un paradoxe « fermée ». Le terme « fermée » est la distinction qu’établie Racamier entre un paradoxe « ouvert » qui peut être utile au débat et un paradoxe pathologique qui « rend fou ». C’est cette distinction qui manquait à Grégory Bateson est à son courant de pensée pour comprendre le caractère schizophrénogène des injonctions paradoxales.

Pour élucider ce paradoxe, il me faudra donc votre aide.
Il y a paradoxe fermée lorsque l’injonction paradoxale fait intervenir deux modes de communication différents, le plus souvent cela arrive lorsque une double contrainte est exprime un ordre sur un plan verbal et un contre ordre sur le plan non-verbal, ou, si vous préférez, un injonction explicite simultanée à une autre implicite et contradictoire. L’exemple type que je donne le plus souvent est celui de la mère à qui l’enfant lui dit : « Maman, je t’aime ! » et que celle-ci lui répond : « Oui mon chéri, maman aussi t’aime ! » ALORS QUE DANS LE MÊME TEMPS ELLE REPOUSSE SON ÉLAN AFFECTIF PAR UN GESTE DE REJET. Je veux parler de l’élan de l’enfant qui, lorsqu’il dit « je t’aime » à sa mère, se précipite vers elle pour être pris dans ses bras, il faut imaginer la scène. Pour l’enfant, sa mère lui signifie à ce moment-là, « je t’aime, mais dégage » ce que certains peuvent interpréter comme « je t’aime si tu n’es pas » (sous-entendu, si tu n’existes pas).

Pour l’appel à l’émotionnel des médias, c’est le même principe : il y a un message explicite... qui est implicitement dénié. Si vous accusez les médias de jouer sur l’émotionnel, ils répondront automatiquement que non « c’est de l’info » tout en sachant très bien, comme le disait l’ex-pdg de TF1, que leur « job » est de préparer du temps de cerveau disponible pour les annonceurs et autres publicitaires.

Autrement dit, d’un côté les médias doivent répondre à l’impératif de créer le buzz pour faire de l’audimat par un message à forte valeur émotionnelle en faisant passer cela pour de l’information, mais de l’autre ils dénient qu’ils puissent le faire pour gagner suffisamment de fric afin d’assurer leur propre survie. Ce déni est un secret de polichinelle, un « marqueur » caractéristique des paradoxes fermées par lequel il se dévoile.

Ce sont des situations très difficiles à analyser, et surtout à conscientiser, c’est une des raisons qui font qu’elles passent souvent inaperçu... et que les marionnettes que nous sommes poursuivent le jeu auquel jouent nos maîtres marionnettistes.

Bon... il faudra peut-être que je m’y reprenne à plusieurs fois. A vous de me dire, car pour élucider un paradoxe, c’est un véritable casse-tête chinois et il faut au minimum être deux. Vous avez peut-être vos propres exemples.




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