En fait les nouvelles lois bientôt votées ne sécuriseront pas l’employeur, elles permettront au contraire de l’extraire progressivement du cadre de la loi. C’est donc verser dans le néant, l’impunité, un peu comme si on était sur le « darknet ».

L’exemple le plus flagrant de la loi Travail est quand même la renonciation aux accords de branche au profit de ceux d’entreprise, une négation flagrante de toute négociation. Il n’est pas sorcier de comprendre que les entreprises feront du chantage aux salariés en disant que c’est soit la porte soit adopter la nouvelle convention d’entreprise - avec toute la batterie de concessions unilatérales que devront faire les employés.

Nous nous dirigeons de plus en plus non pas vers les contrats « précaires » du type CDI généralisés, mais vers le pire du pire, les « contrats de mission » où on met à la porte le travailleur après l’avoir essoré - ce qui est un standard en Amérique et notamment chez Boeing (tu m’étonnes que leurs avions s’écrasent).

Mais dans ce cas, comment est-il possible par exemple d’acheter un logement alors que les banques misent sur un revenu « sécurisé dans le temps » et donc un CDI ? Ou bien partir en vacances sachant qu’à tout moment on peut perdre son poste et donc son salaire ? Ce monde me fait froid dans le dos...

Il n’y a pas à faire une analyse poussée pour voir que la législation actuelle est déjà détournée par les entrepreneurs et qu’ils planent déjà à dix mille (sans aucune raison d’ailleurs) : stages utilisés comme source d’emploi (au lieu d’être un tremplin vers celui-ci) et étudiants comme main d’oeuvre bon marché, offres d’emploi grotesques (aucune opportunité pour les débutants, expérience ou aptitudes demandée(s) disproportionnée(s) par rapport au poste proposé) ne correspondant à aucun profil, etc.

On nage en plein délire et il faudrait en rajouter une couche ? Les gouvernements sont également sur le même modèle, le nombre d’ordonnances ne cessant d’augmenter...Il n’y a pas que le monde de l’entreprise qui ne veut plus entendre les gens et ordonner sans contrepartie, nos dirigeants également.