@Massada
Pour une fois, je ne serai pas d’accord avec vous. Il est triste de devoir constater qu’on ne peut pas tout laisser dire, mais il faut bien se faire une raison. Avant l’Internet, le principe que vous posez paraissait devoir s’imposer : un certain nombre d’éditeurs avaient pu faire l’objet de poursuites pour des raisons diverses, et c’était choquant, mais il y a trente ans on n’aurait déjà plus condamné la publication de Sade par Pauvert, on pouvait bien dire que la censure avait disparu, sauf peut-être, très atténuée, dans le classement des films au cinéma.
Il reste que, même si le pouvoir politique ne censurait plus, il restait quand même, de fait, une censure. Les maisons d’édition ont toujours eu des comités de lecture, on ne publiait pas n’importe quoi, et l’auteur d’un manuscrit refusé n’aurait pas songé à prétendre qu’il était victime d’une censure. Dans les journaux, même les plus politisés, il y a toujours eu également un comité de rédaction, et bien des articles extravagants ont toujours été écartés. Si je journaliste s’estimait censuré, il pouvait toujours aller voir ailleurs, mais s’il manquait de culture, d’intelligence, ou si sa formation intellectuelle laissait à désirer, il n’avait plus qu’à raconter ça dans un journal intime que personne ne lirait jamais.
J’ai toujours été hostile à la loi Gayssot à cause de ce principe que partagent tous ceux qui l’ont critiquée : le rôle des magistrats est de dire le droit, pas l’histoire. Ils n’ont pas les compétences qu’il faudrait, et le rôle des historiens, par ailleurs, c’est d’établir la vérité historique, pas de juger. Mais la loi Gayssot apparaît à une époque où, précisément, il devient beaucoup plus facile à n’importe quel quidam d’exprimer publiquement à peu près n’importe quoi. Certes, il appartient à tout citoyen instruit et muni de sens critique, d’intervenir pour rétablir la vérité partout où elle est bafouée, mais le niveau de culture s’étant bien effondré, cela ne suffit plus.
Tout le monde s’accorde aujourd’hui à considérer que le principal vecteur de la terreur jihadiste, c’est l’Internet, plus encore que la prédication salafiste dans les mosquées. Il est donc bien légitime, dans un état de droit, de prendre les dispositions qui s’imposent, et de fermer les mosquées où s’expriment tous les jours, en France comme en Israël, des appels au meurtre. Sans les paraboles d’Al jazeera, on n’aurait probablement jamais observé cette radicalisation des banlieues qui aura été cause en France de pas mal de meurtres. Il était question récemment d’expulser d’Israël une chaîne dont - ironie de l’histoire ! - c’est l’Arabie saoudite qui exige actuellement la fermeture. Atteinte à la liberté d’expression ? Mais faut-il laisser s’exprimer librement un islamo-nazi comme Qaradâwî qui a fait, avec quelques autres fanatiques du même genre, les beaux jours de cette chaîne ? N’eut-il pas été préférable qu’entre les deux guerres un Adolf Hitler ne trouvât aucun éditeur pour publier sa prose ?
Entre ce qui se prêche dans les mosquées salafistes et ce qu’on peut trouver sur AgoraVox, il arrive fort souvent qu’on ne voie pas de différence. Des empoisonneurs publics proches des Frères musulmans, qui publient régulièrement leur propagande infecte sur le site de l’UOIF ou sur Oumma.com, sites contrôlés par les Frères musulmans, ont le culot de venir jusque sur ce site travailler à radicaliser les imbéciles. Et il s’y trouvera en grand nombre des idiots utiles, comme il s’en trouve déjà dans la grande presse, pour les approuver et leur servir la soupe.
C’est ainsi que ces derniers temps, pour un grand nombre de ces crétins, Kim Jong-un est devenu, ou peu s’en faut, un parfait démocrate menacé par le totalitarisme américain, et quiconque critiquera cet audacieux chef d’état sera nécessairement un fasciste.
Au nom d’une liberté d’expression qui n’a jamais vraiment pu exister du fait d’une inévitable prévalence, dans toutes les sociétés, de la connerie, nos démocraties sont en train de se saborder.
Miri Regev, en Israêl, qui n’a pas sa langue dans sa poche, est fort critiquée quand elle s’attaque à une gauche masochiste qui trahit tous les jours son propre pays, mais je dois avouer que je comprends d’autant plus parfaitement son propos que je vois très bien le résultat en France où la seule référence de journaux comme Le Monde, Libération, ou même la radio nationale (particulièrement France cul.), lorsqu’il s’agit de parler d’Israël, c’est cette gauche-là, aussi calamiteuse que le négationnisme de l’UNESCO.