Il ne faudrait pas profiter de ce dérapage odieux pour oublier ce qui fabrique la haine du blanc : nos guerres sales en Libye, en Syrie, et un peu partout, notre laisser-faire en Palestine, et d’une manière générale notre propension à massacrer l’étranger pour lui voler ses biens, un phénomène qui a commencé massivement avec le massacre et le vol des terres des indiens d’Amérique (c’est dire si le mal est ancien).
C’est vrai, nous perdons chaque année une bonne centaine de français dans des vengeances spectaculaires et monstrueuses.
Mais c’est chaque jour depuis dix ans que nous, nous massacrons plusieurs centaines de personnes, femmes, enfants et vieillards compris, dans leur pays, des gens qui n’aspiraient, eux aussi, qu’à vivre, et qui meurent à cause de notre rapacité et notre appétit de domination.
Et ceci au milieu de notre parfaite indifférence, comme si du sang arabe était infiniment moins précieux que du sang français.
Ne faisons plus comme si nous n’y étions pour rien, comme si nous étions de pauvres victimes innocentes.
Nous avons fabriqué cette haine de toutes pièces, est-il si difficile d’en prendre conscience ?
Personne ici n’aura donc un mot pour dire que nous les premiers, nous devons arrêter le massacre ?
Et ne perdez pas votre temps à me dire que je défends les propos de cette femme. Je les condamne, tout comme vous. Mais ils pourraient peut-être le point de départ d’un examen de conscience, au lieu d’être seulement un prétexte à se draper dans sa vertu outragée.