Des ‘bébés sur
mesure’ : pour quelle humanité ?
L’émission d’Arte sur les ‘Bébés
sur mesure’ le 10/10/17 met certes l’accent sur la génétique et l’exploitation
faite par les PMA. Toutefois, le moratoire européen de ce mois-ci sur les
expérimentations anglaises de PMA ‘à 3 parents’ - par interférences génétiques
hors du commun - invite à mesurer les risques d’une technique dont l’excès côtoie aussi l’eugénisme. En
effet, une focalisation sur la santé parfaite exclue d’ores et déjà parfois des
profils d’embryons susceptibles de développer, adultes, de potentiels cancers.
Ceci voudrait laisser penser à un déterminisme, alors que les critères de dépistage relèvent de la statistique avant
de les appliquer à des cas isolés et que le mythe du ‘tout génétique’ est
pourtant dépassé du fait du rôle reconnu des conditions environnementales à la
grossesse (épigénétique).
Par ailleurs, pour rappel, une
PMA est un acte médical palliatif et non curatif à l’efficacité médiocre de
l’ordre de 20% ; elle ne saurait être une solution à l’abri de réserves
éthiques d’autant que de véritables études sur les causes d’infertilité
constitueraient un apport précieux en termes de prévention. Au lieu de creuser
ces pistes explicatives, le recours à des cellules souches pour obtenir des
gamètes –spermatozoïdes ou ovocytes – occulte largement le sens particulier
qu’ils ont pour les générations suivantes. Ce risque de flou sur ce qu’est
notre humanité concerne aussi l’utilisation de ciseaux génétiques (CRIPSR-Cas9)
sur des cellules embryonnaires dès lors que les phénomènes de mutation génétique
induits ne sont pas maitrisés.
Ces différentes voies exploratoires pour transformer
l’horizon de la procréation ressemblent parfois à une chasse à l’imperfection,
évoquant des slogans des protagonistes du transhumanisme pour lesquels les
‘gens normaux sont toujours-déjà handicapées’. Ainsi, une médicalisation
sophistiquée assujettie au seul désir – ici, parental – invite d’autant plus à
une vigilance éthique où le sens-même de la personne soit central.