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Commentaire de Macondo

sur Un cadavre sur le palier, ou le temps de l'indifférence


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Macondo Macondo 21 octobre 2017 09:15

@L’enfoiré, bonjour,
Je peux tout à fait comprendre cette différence, qui ne me choque pas du tout. C’est tout à fait la fable que vous citez. Je vais quand même utiliser, pour défendre ma « ruralité heureuse », un seul exemple. J’en ai certes, six cent douze sous le coude, mais c’est l’heure très attendue du marché du samedi sur la place de l’hôtel-de-ville que je ne saurais manqué car je priverais la Famille de vivres, jusqu’à mercredi.
Dans la grande ville, tous les matins, j’entrais dans un commerce qui vendait « du pain, mais pas que » ou une « dame-femme-fille-intérimaire » interrogeait la clientèle entassée : « C’est à qui ? », se dédouanant d’avoir à s’engager, laissant ces gens qui s’ignoraient superbement s’auto-réguler dans des espèces de sourires forcés qu’ils n’avaient pas emmenés en sortant de leur voiture garée en double-file qui faisait iech une cinquantaine d’autres types qui arriveraient au boulot passablement énervés. Une fois mon tour établi, à l’unanimité des regards glacés comme les hectolitres de boissons en vitrine, je m’entends encore prononcer assez fort, une phrase apprise par cœur du genre : « Une baguette, bien cuite, s’il-vous-plaît ... » en déridant moi aussi mon visage disgracieux dans un espèce de sourire foireux sans âme. Dès lors, elle attrapait la première venue, toutes étant égales par ailleurs, et me lançait son inénarrable : « et avec, ça ? » que j’entends encore résonner les rares soirs de blues. Ca voulait dire quoi ? Ca signifiait : tu as beau venir tous les matins, demander toujours la même chose, tu n’es qu’un, parmi la masse, et rien dans mon contrat précaire ne m’oblige à faire semblant de te reconnaître. C’est bien, je le confirme le « et avec, ça » reçu en dose massive, qui tua le Rat des Villes que j’étais, après y avoir passé, plus d’un demi-siècle ...
Aujourd’hui, mais je n’aurais jamais le temps de décrire dans son entier MA boulangerie, de laquelle on ressort toujours avec : le sourire, des informations échangées sur la vie, les enfants, le temps, le travail, les cotisations, la prochaine fête, le prochain match, la reprise de la pêche, la taille des champignons, le réchauffement (qui se voit fort bien, quand on achète « du local et de saison »), etc. Et toujours avec un « cadeau de la maison » cinq croissants pour trois achetés, des chouquettes par poignées pour les enfants sans jamais bourse déliée. Et je jure ici, sur ma tête, que c’est du même ordre, dans le même esprit d’échange et de convivialité ordinaire, au Tabac, chez le Boucher, et à tous les stands du Marché, même aller à la Poste devient source de plaisir, c’est dire. Je vous raconterais un jour, « les Flics du coin », presque des copains ... ATTENTION : Ce message n’appelle personne à faire le voyage dans ce sens. Ne pas croire tout ce qu’on peut lire sur la Toile ...


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