j’ai été très étonnée de vos premiers exemples ; le petit mammifère ne deviendra grand que par l’amour qu’il reçoit ; s’il n’en a pas eu, on meurt chez les animaux ; chez les humains on vit une vie de merde.Et cette vie de merde fait qu’effectivement, à l’orée de la vieillesse, la souffrance qu’a toujours créé le trou sur lequel on a fait semblant de se construire est encore là ; à la mort de la mère tous les démons s’échappent du savoir-vivre acquis, et sépare les fratries.
Mais cet amour ne passe pas forcément par des mots, comme nous l’a inculqués de manière si persévérante les séries et films américains.
Il ne faut pas confondre amour et relations aliénantes ; un enfant n’a pas conscience qu’il aime ses parents quand ceux-ci ont été ce qu’il faut pour lui, rassurants, assurant ses escapades, guidant ses talents, respectant son autonomie,etc.
Et les parents aimant ne sont pas toujours là à vanter leur môme : le lien est indestructible, cet amour inviolable, c’est une sécurité absolue de laquelle on ne cause pas !
Je n’ai pas fini, ( je finirai plus tard, je veux réagir au début !) votre lien sur l’instinct maternel.
Ce n’est pas l’instinct maternel qui nous fait ouvrir les cuisse sous l’enfanteur ; ce n’est pas instinct maternel de baver devant le moindre bébé !
L’instinct maternel existe puisque je l’ai vécu et je l’ai vécu n’ayant quasiment pas eu de mère !
C’est peut-être déjà ressentir la fécondation, le savoir alors que l’on ne l’a jamais vécue, et qu’aucun livre, aucun témoignage n’en a jamais parlé.
C’est peut-être aussi, devant l’enfant naissant, le savoir autre, neuf, porteur d’aucune projection.
Puis peut-être aussi de savoir sans le vouloir se mettre instantanément au rythme de son enfant ; plus tard, s’attarder à laver et ranger les couches, son linge. C’est peut-être n’avoir aucun questionnement, aucun recul qui nous ferait juge, devant cette nouvelle vie que l’on mène, la vivre, entièrement, sans tergiverser, sans,comme on pouvait le faire avant, tout remettre en question, s’agacer,etc.
Le maternage, et sa belle aide l’instinct, dure environ quatre ans ; ensuite on élève, on communique, on fait le passeur.
Je n’ai pas vécu une famille unie bien longtemps, un peu plus de quatre ans, mais je sais qu’on s’est interrogés sur le fait que je n’éprouvais aucune jalousie sur celles qui passaient et voulaient séduire mon enfant.
Je n’ai jamais dit « je t’aime » à mon fils, et il ne me l’a jamais dit non plus ; beaucoup de choses à dire, évidemment, mais je voudrais finir en disant que l’on aime forcément ceux qui nous ont (pro)créés, qui étaient présents, toujours, pendant les premières années de notre vie mais cet amour est indicible et n’est pas forcé, une fois l’enfant grandi, d’apprécier tout et parties du caractère, des idées, de la vie de ses parents. Celui-ci peut au contraire se construire « contre », alors que paradoxalement, cela n’ôte en rien « l’amour » !