Les inconsolables
L’une des premières choses que j’ai dites à ma fille, c’est qu’elle n’était pas obligée de nous aimer.
Cela peut sembler abrupt ou incompréhensible pour beaucoup d’entre vous, mais j’ai tellement vu de personnes souffrir de cet impossible attachement filial et surtout de son cruel manque de réciprocité, qu’il était urgent de tuer dans l’œuf cette innommable source de tourments. De toute manière, les sentiments, ça ne se commande pas, ni dans un sens ni dans l’autre.
Mais le mythe de l’amour inconditionnel, éternel, acquis, lui, a la peau dure et son absence dans la réalité plonge tant de gens dans l’affliction, les bannit à vie de l’idée de simple bienêtre ou d’une tranquille estime de soi. Comment renoncer à ce que la société entière considère comme allant de soi : l’affection et la bienveillance de ses proches et de ses parents en particulier ?
J’ai vu des gens — et généralement plutôt des femmes, dressées depuis toutes jeunes à surinvestir la sphère affective — être rongés jusqu’à la tombe par la froideur, voire le rejet, de leurs géniteurs et plus particulièrement de leur mère. J’ai vu quel était le pouvoir de nuisance de l’absence de ce soi-disant instinct maternel. J’ai vu sangloter sur son lit de mort cette femme dénigrée toute sa jeunesse par une mère manifestement haineuse, qui a été sommée de lui sacrifier son existence jusqu’à renoncer à toute vie de femme, de mère, d’amante. Je l’ai entendu appeler encore et encore cette mère qui n’a jamais été qu’une boule de haine et qui lui a systématiquement gâché toute sa vie… et ce, jusqu’à la mort.
J’ai vu des femmes mures, déjà grand-mères, retourner encore et encore dans cette famille qui ne veut pas d’elles et persister, comme des lemmings : je veux leur montrer que je suis meilleure qu’eux, je veux leur prouver que je suis digne d’être aimée
. Il n’y a pourtant rien à gagner dans cette répétition du désespoir : cette histoire dont elles sont les victimes expiatoires s’est souvent écrite bien avant leur naissance.
Les malédictions familiales
Ma grand-mère supportait mal que je la prenne dans mes bras. Elle se raidissait, se cabrait presque, comme pour échapper à l’étreinte. Il faut dire que personne ne lui avait appris à être aimée, ni sa mère qui la traitait de putain alors qu’elle savait à peine marcher, ni sa fratrie envahissante dont elle était l’ainée et la mère de substitution, celle dont on a besoin, mais qu’il n’est pas nécessaire d’aimer ou de respecter, ni celui qui lui avait planté un bâtard dans le ventre, ni son mari qui la considérait comme sa boniche, voire sa serpillère. Alors, elle-même ne savait pas comment aimer et avait été à son tour ce genre de mère où le devoir a pris toute la place d’un affectif mort-né.
Derrière la vie dure et froide de ma grand-mère, il y a probablement l’histoire banale d’une grossesse non désirée qui se solde par un mariage sans amour. Derrière les sanglots de toutes ces inconsolables, il y a toutes ces petites histoires mesquines de famille, toutes ces rivalités, ces jalousies, ces rendez-vous manqués, ces grandes espérances en cendres, ces sales petits secrets qui ronronnent dans les placards du grenier, ces frustrations et ces non-dits qui explosent parfois à la figure, plus particulièrement les jours d’enterrement.
J’ai toujours été étonnée par cette foi aveugle dans le mythe de la famille protectrice. Parce que les faits sont têtus : la famille est le haut lieu de la violence ! 90 % de la violence qui s’exerce sur les enfants l’est par la famille proche. Viol, coups, menaces, négligences, mépris, emprise malsaine, quand la porte se referme, l’enfer commence.
Bien sûr, toutes les familles ne sont pas maltraitantes, mais structurellement, elles favorisent les mauvais traitements puisque c’est un lieu discret, à l’abri des regards, où peuvent s’exercer toutes les dominations. J’ai toujours pensé qu’il ne faut jamais, jamais donner à un être humain du pouvoir sur un autre être humain. L’abus de pouvoir est toujours une tentation, surtout quand la victime est faible et dépendante, comme un vieux ou un enfant. Pourtant, nous trouvons socialement tout à fait normal de donner tout pouvoir sur leurs enfants à deux personnes dont la principale qualification est d’avoir réussi à avoir eu au moins un coït fécondant.
Sous le signe du lien
Comme l’a patiemment mis en évidence Cyrulnik dans sa période féconde, l’attachement n’est pas une évidence, un instinct ou une chose naturelle qui s’impose à nous. La plupart du temps, c’est le résultat d’un travail patient où l’on tricote du lien comme d’autres de la layette. Je me suis toujours refusée à créer des hiérarchies de l’attachement, à tracer les cercles concentriques de l’identification si précieux à la pensée de Lepen : ma famille avant mes amis, mes amis avant mes voisins
… et le reste du monde peut aller se faire voir ailleurs. Non, nous tricotons du lien avec les gens que nous côtoyons, des liens plus au moins forts, dans une matière plus ou moins élastique.
Ensuite, tout dépend de la force du lien que nous avons créé entre deux personnes : plus ou moins de fibres, en fonction des moments partagés, plus au moins de tension, selon que cette relation supporte plus ou moins bien la distance, le changement, les divergences, et surtout, des points d’ancrage plus ou moins solides. Il y a ainsi des rencontres fulgurantes, nées du hasard, où, tout de suite, l’élastique est robuste, résilient et fermement tenu par les deux bouts. Il y a les relations molles et vaguement contraintes par les circonstances, de petites ficelles élimées et molles qui glissent des doigts dans une parfaite indifférence, des échanges orageux, tendus comme des strings de sumo, toujours à la limite de la rupture, des amarres qui résistent à la tempête, des fils d’araignée que l’on perçoit à peine et qui s’étirent à l’infini.
Et il y a surtout tous ces liens bancals où l’un s’accroche comme un noyé à sa bouée et l’autre laisse filer dans une parfaite indifférence. Il faut être attentif à cette sensation de mou dans les liens qui sont sur le point de lâcher, de manière parfaitement unilatérale. C’est à ceux-là qu’il convient de ne pas donner trop d’importance, c’est de ceux-là qu’il faut apprendre à lâcher prise, sous peine de se reprendre l’élastique en plein dans la tronche.
47 réactions à cet article
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’’L’une des premières choses que j’ai dites à ma fille, c’est qu’elle n’était pas obligée de nous aimer.’’
Pauvre petite fille, confrontée verbalement si tôt aux difficultés inter-générationnelles ;-
« une grossesse non désirée qui se solde par un mariage sans amour. »
un viol alors ...
Comme disait Engels, la religion, la nation et la famille disparaîtront dans le capitalisme, mais c’est pas au niveau..
Fin du siècle 22 millions d’allemands blancs sur 75 millions.
« Rich meet beautiful » racole dans les universités du Soumistan-
Salut,
Texte qui met mal à l’aise, mais qui pousse à une certaine réflexion ceci étant. Ce que j’ai pu noter dans ma vie et après avoir parcouru non seulement la France, mais aussi le monde est une certaine rudesse qu’il existe dans certaines cultures, et si je me réfère uniquement à notre nation, certaines zones.
Cela est lié également à une pauvreté matérielle, intellectuelle et par voie de conséquence, affective.
Un de ces coins m’ayant le plus surpris, sont les Vosges, et pour le Méditerranéen que je suis, cela confinait parfois à l’incompréhension.
Je n’ai jamais compris, admis, les violences faites aux enfants, je suis de ceux qui pensent - à tort j’admets - que ceux-ci sont les rois, et que tout doit être fait pour qu’ils puissent s’épanouir dignement ; et qu’un des piliers de la république doit être « l’éducation », devant être élevée au rang du sacré.
Cette société industrialisée, je la considère surtout criminelle, car c’est elle qui détruit justement la première cellule sociale, censée protéger les plus petits et faibles, celle qui devrait rassurer.
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@Yvance77 « Cela est lié également à une pauvreté matérielle, intellectuelle et par voie de conséquence, affective. » oui mais ils procréent ces cons . Par ailleurs, comme nous devons hair les riches et adorer les pauvres et que nous ne pouvons pas apporter un jugement de valeur, je passe mon chemin et vit simplement ma vie . Je ne vais faire comme ce GIL ( il n ecrit plus ) rendre les riches responsables de l irresponsabilité des pauvres. Il est tout de même étonnant que nous éludions a ce point la responsabilité .
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@Yvance77
Cela est lié également à une pauvreté matérielle
La richesse fait la bonté ... Ah le beau bobo des « valeurs » de la gochonnerie ....
Un célèbre penseur gochon, qui avait la nausée en voyant du vivnat être... disait : l’homme est une passion inutile
Libéral libertaire du « Le Merdia » écoute ce texte magnifique d’un pôôôôôvre !
Je crois très sincèrement que si je pouvais revivre mon enfance, et qu’on me laissât le choix entre l’aisance et la pauvreté telle que je l’ai connue, je choisirais encore la pauvreté, ne serait-ce que pour retrouver, grâce aux privations habituelles qu’elle impose, la surprise, la joie, l’extase de quelques minutes divines que des milliers d’enfants si choyés ne connaîtront jamais. Ces bonheurs sont bien difficiles à exprimer, étant plus proches de la sensations que du sentiment. Mais je n’aurais pas la paix, si je n’essayais pas de dire ce que fut pour moi la révélation du raisin ..."
Alexis Peiry ‘L’or du pauvre’ (passage magnifique où ce gamin suisse très pauvre découvre le raisin ...) -
@Franck Einstein
Merci pour ce très bel aperçu psychologique plein de sagesse
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@Franck Einstein
Enfance dans la restriction mais vos réflexions sont elles, souvent remplies d’une grande richesse. -
La famille est une institution a l instar d une institution d etat, c’est tres bien lorsque cela marche c est aussi banal que cela. Quoi qu il en soit la famille n’ a jamais aussi déstructurée et contrairement a ce qui se passait jadis ou l unite de facade semblait etre preservée, desormais la famille est un mot qui ne veut plus dire grand chose si nous conservons l acception traditionnelle Nous devrions plutot employer « agrégation familiale » tant la famille est decomposée recomposee . Nous avons 3 millions d enfants pauvres en France belle reussite Quant a la Republique elle ne doit pas apporter l edécuation , c’est une confusion entretenue puisque depuis Petain nous ne pouvons plus employer instruction civique, Tant que les personnes n assumeront pas leur acte et procréeront en déléguant l entiere education a la societé ( education nationale doit helas donner une education et une instruction ) nous serons dans la meme problematique . Ne vous étonnez point de la reussite de classe des enfants . Comme le disait le grand philospohe Coluche « Quand tu vois la réussite des parents , tu as tout de suite envie d ’ »échouer "
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Le plus grand paradoxe de notre société et qui risque bien de la conduire à sa perte : les personnes les moins mûres et qui ont le plus de problèmes psychologiques sont aussi celles qui font le plus d’enfants (cas des LGBT). Tonneau des Danaïdes.
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@Mélusine ou la Robe de Saphir. cela à toujours ete ainsi . La tres bonne demographie au debut du XIX siecle, donnèrent aux patrons de la révolution industrielle une main d oeuvre abondante afin d assoir leur empire. Desoramais, nous avons le Bangladesh par exemple qui est typiquement un reservoir de main d oeuvre inépuisable
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Je doute que votre gamine puisse vous comprendre. Les enfants ne sont pas dans la froide logique des mots des sentiments, des preuves et des déclarations. Ils aiment parce qu’ils ont besoin d’amour pour se construire, c’est à dire d’en donner et d’en recevoir, sans deux tiroirs pour diviser ces choses.
En l’occurrence, votre message risque de la laisser dans l’incompréhension la plus totale, comme si vous lui disiez qu’elle n’était pas obligé de jouer..... Pourquoi donc projeter sur elle le solde de son vécu propre ?Quand à cette froide comptabilité statistique sur le tort d’aimer ou pas, sur le malheur des familles elle me laisse songeur.Ce n’est pas parce que la famille est, selon les statistiques, le lieu de la violence, qu’elle n’est pas aussi le lieu de l’amour. Je ne dirais pas pour autant que c’est la panacée, mais que c’est un lieu de reconnaissance et d’identité, indispensable à notre construction, à notre mécanique déréglée, nos deux aiguilles à la montre des cadrans.Un peu comme notre pays. On veut la quitter à tout prix, et une fois au bout du monde, on la regrette. Arthur Rimbaud est passé par là. Tant de jeunes gens ont cru haïr leur famille. Mais le problème est souvent ailleurs. Et l’on revient trop à Charleville, avec une jambe en moins.Mais bien sûr des familles sont objectivement maltraitantes. Je ne pense pas que vous rentrez dans cette catégorie. Laissez donc votre gamine vous rejeter quand elle aura l’âge de l’adolescence. Avant cela, une ambivalence entre votre générosité et les limites que vous fixez devant elle risque d’être assimilé à une dialectique incompréhensible. Attirer d’un bras, et rejeter de l’autre n’est jamais constructif.Je conçois que mes réflexions puissent vous paraître irritantes, dans le genre « bons conseils des familles », mais vous l’avez bien cherché, non. Ils valent ce qu’ils valent, dans la fumée d’un café pris bien tard ce matin. Deux chevaux derrière la vitre émergent de la brumeNos mots et notre logique de taxidermistes tentent d’épingler les papillons dans une vitrine.Mieux vaut les laisser voler dans la lumière, et les laisser se poser sur nous quand ils le veulent.Tant qu’ils ne font pas le poids des canassons, ce sont de doux baisers de lumière-
" Non, nous tricotons du lien avec les gens que nous côtoyons, des liens plus au moins forts, dans une matière plus ou moins élastique. "
L’auteure est donc de l’avis de Le Pen.
" Ma fille, tu n’es pas obligée de m’aimer ! Mais l’étranger, oui, tu l’es ! La préférence pour ses proches, les aimer, la solidarité avec eux, serait stigmatiser l’autre, se ferait contre l’intérêt de l’autre. "
la bien-pensance nous mènera au cahot
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Nombre de générations humaines depuis :
- La période des premiers hommes : 5000
- L’an zéro : 500
- Françoise Dolto : 1.5En tout ce temps, les enfants on été aimés de trop à pas assez. Faites comme vous le sentez, votre cerveau est équipé pour, et d’ailleurs depuis qu’on vous lit, on vous fait confiance !
Qu’elle est mignonne.
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On sait ce qu’on reçoit des autres (parfois avec décalage), mais on sait rarement ce qu’on donne (ou plutôt ce que l’autre a reçu ou crû comprendre de l’échange).
La fable d’Esope (le plat de langues) s’applique à la communication.
Qui peut savoir ce que votre fille a entendu ? Peut-être que rien, vous aussi, ne vous oblige à l’aimer et que si elle n’est pas ou ne fait pas quelque chose (ou son contraire) l’amour va fondre comme neige au soleil. Si il y a une période où il nous faut des piliers solides, c’est bien la petite enfance.
Je fais partie d’un club très sélect, mais pas clairsemé , de gens qui ont survécu à la fois à leurs parents et à leur enfance. J’ai mesuré vers 15 ans l’extrême difficulté d’être parent et ai tout fait pour ne jamais le devenir.
Je ne peux donc que vous souhaiter bonne chance. Parfois le talent ne suffit pas.-
@jjwaDal
Bienvenue au club des survivants !
Même dans la pire des enfances — et il en est de par ce monde qui sont particulièrement épouvantables — il y a souvent aussi de bonnes et belles choses. On met juste parfois le reste de notre vie à faire le tri.J’ai la chance de savoir ce que ma fille a entendu, parce que depuis, elle a grandi et que jusqu’à présent, le canal de communication est toujours ouvert. Je suis très d’accord avec vous, avec la difficulté immense qu’est celle d’élever de petits humains jusqu’à l’âge adulte. J’ai juste compris qu’on n’était pas obligé de le faire tout seul. On pouvait s’appuyer sur d’autres, sur des pros, en cas de besoin (il n’y a pas de honte à avouer qu’on est parfois dépassés et que l’on est incompétents à arranger les choses) et surtout sur son propre enfant qui est le meilleur prof de parentalité que l’on puisse trouver.
Ma fille a donc compris que je ne lui ferai jamais le coup du chantage aux sentiments, elle a d’ailleurs compris ce que ce genre de chantage impliquait et elle sait à présent s’en prémunir dans sa vie propre. Elle a compris que nous serions toujours ses tuteurs, dans le sens de ceux sur lesquels on peut s’appuyer, mais pas ses geôliers. Elle sait qu’on l’a rendue libre, sans l’abandonner.
Le truc a toujours été de dialoguer et de réfléchir ensemble au sens de certaines évidences.
Elle sait aussi que nous sommes profondément faillibles et qu’on a bien dû merder deux ou trois trucs en passant.
Mais globalement, jusqu’ici, tout va bien…
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@Monolecte
J’en suis heureux mais je taquinais, vous ayant lu et votre billet étant plutôt bien argumenté. Ce qui est très étonnant c’est à quel point notre « système d’exploitation » peut être marqué « au fer rouge » dans l’enfance, au moins que toutes les MAJ ultérieures glissent sur une posture de replis « post traumatique » dès qu’on n’ est pas assez vigilant.
J’ai vu des parents défaillir gravement en étant aux premières loges et pas un instant je n’ai pu oublier la terreur d’être un jour dans cette position sans même le percevoir...
Heureusement que nous sommes des « consommables » et que l’espèce n’est pas en voie d’extinction, car c’est navrant de cramer des cartouches aussi bêtement... -
« L’une des premières choses que j’ai dites à ma fille ... »
Propos d’une violence incommensurable.En parler pour en soulager la charge,rite superstitieux et incantatoire dédié à la vacuité.L’amour et la détestation,des sentiments trop puissants pour être livrés à la parole et aux mots.-
@egos
Aujourd’hui ado, elle me confirme avoir toujours parfaitement bien compris le sens de cette démarche. Il faut dire que tout cela s’est toujours fait dans un dialogue permanent et non pas comme une sentence qui tombe de haut comme un couperet.
C’est parce qu’il s’agit de sentiments puissants qu’il convient précisément d’en parler, afin de ne pas leur donner trop de pouvoir sur nous-mêmes et sur les autres, afin de désamorcer les bombes psychiques, afin d’être capables ensuite de se prémunir de ceux qui s’en servent sans aucune bienveillance.
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@Monolecte
Cette intention se comprenait , du moins se sous entendait dans le cadre d’une relation mère fille, quelles qu’en soient les tenants ou aboutissants,certains relations naissent et perdurent sans qu’il n’y ait d’autres causes que les circonstances de la vie, il peu s’agir d’une forme de haine, l’invitation peut s’entendre injonction autorisation :tu peux ne pas m’aimer car je ne t’aime pas non plus.Rien de condamnable ou d’inhabituel,« it’s just life unkind »Après tout, avant ou malgré, l’enfance se nourrit d’attentions, à défaut de tendresse,tout ou presque saurait suffire.ou bien s’agissait il d’affranchir la future adolescente des affres de l’amour sublimé.Il est admis, ce point est a créditer au nombre des préjugés sexistes, que les jeunes filles se jouent des sentiments, ou du moins en jouent si l’on en juge par la longue liste de victimes, parmi leurs prétendants, tombées sous le charme de leur cruelle innocence*Quant à la violence,n’y voyez aucune appréciation morale, elle se cache dans les labyrinthes de notre sensibilité & de nos sentiments,intimes ou dévoilés.* thème récurrent et inépuisable -
vOn ne peut pas rester indifférent à des articles pareils.
C’est un peu comme ceux des féministes parlant des « violences faites aux femmes » et qui exigent une répression sans faille de tout comportement masculin.
Les textes les protégeant ou qu’ils exigent, poursuivant tous les comportement, geste, acte ou pensée qui les inquiète sont à l’évidence insuffisant. Il faut des politiques publiques beaucoup plus proactives. ces gens ont besoin de soins. Il faut notamment leur expliquer que non, leur situation n’est pas la norme, ni même la majorité, ni même un cas statistiquement notable.
Les statistiques officielles sont d’une centaine de millier d’enfant dit en danger, dont une vingtaine de milliers de maltraités. Sur les 19000 enfants maltraités on retrouve 31% de violences physiques, 24% de violences sexuelles, 19% de violences psychologiques, 26% de négligences lourdes.
Ces chiffres sont de l’avis général sous évalués.
Allez, multiplions par 5, On aurait alors un tiers de pourcent des enfants concernés dans le pays par une mise en danger, 5 fois moins de maltraités : 0,07% Et on mutiiplirai par 10 que l’on aurait encore un problème tout aussi gravissime qu’avec 20 000 mais de toute façon aucune raison de mettre en doute que les familles sont principalement le premier et principal lieu de l’amour, de la proximité, de l’entraide, de l’affection de la solidarité etc...a environ quoi 99% ?
Contrairement à la croyance de l’auteur.C’est bien pour cela que la prévention et la répression ne suffisent pas. Il faut aussi prendre en charge en profondeur les victimes.
On évitera ainsi, peut être,ce genre d’effets pervers.
Il faut bien voir que les fous furieux qui imaginent la société comme toute peuplée de violeurs d’enfants ou d’adultes, ne se satisferont jamais d’aucune législation, aussi répressive soit elle. Que ces questions leur tiennent à cœur et que souvent , il n’ont que cela à faire de poursuivre cette obsession.
Qu’aimer ses parents n’est pas une obligation n’est pas une nouveauté. La Bible le disait depuis longtemps. Non pas tu aimera ton père et té mère, mais tu les respectera. C’est une variante de tu aimera ton prochain comme toi même. La Bible promet qu’on pourra s’aimer soi même et qu’on pourra aimer les autres. De la même façon il faut assumer ses parents car si ils peuvent éventuellement être à l’origine de mauvaise choses dans notre vie, alors cela veut dire qu’ils seraient aussi responsable de ce qui est bon...
Mais en réalité, cela veut dire, pour ceux qui accusent leurs parents, que ceux-ci sont eux même des victimes de leurs propres parents bien sur, et qu’au font, c’est Adam et Ève, voir Dieu qui sont les vrais coupables. Bref tous le monde mais surtout pas eux.
Il faut vraiment soigner les gens qui en arrivent à ce degré de déresponsabilisation, accusent la terre entière, imaginent leurs mères grand mères et arrières grand mères comme une longue lignée d’abruties violentes irresponsables ou soumise et dont ils sont le pur résultats et qui s’imagine que toute la société est à leur image.
Et surtout, peut être, à chaque étape, bien comprendre que vraiment, ils ne sont pas entièrement responsable. Quelqu’un, un jour, leur a bourré le crâne avec ces trucs.
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@eric
Vous abordez de nombreux points. Sur les chiffres de maltraitance, je pense qu’on a du mal à quantifier le problème. L’humain, à cet âge est beaucoup dans l’émotion et le ressentis et on peux avoir un petit bonhomme de 15 ans qui commencent à se tailler les veines tout en étant hébergé, alimenté, scolarisé, sans coups et sans brimade de la part de ses parents. Et pourtant, les parents sont son problème, lui le sait bien...
Qu’un certain nombre de parents (je le pense faible en pourcentage) soit incapables d’élever correctement leur enfant, ne dois pas être l’arbre cachant la forêt de tous les cas où ils seront compétents dans 80/90% des cas de figure. L’incompétence en tant que parent peux nécessiter des conditions spéciales pour se révéler, qu’il faut juste avoir la chance de ne pas croiser. Il faut se souvenir qu’on exige de nous une formation payante sanctionnée par un permis de conduire un véhicule (sinon on ne peut pas) et absolument rien pour devenir parent. Nous comprenons ça en tant qu’adultes mais allez expliquer ça à un gamin en souffrance...
Que comme le pensait Spinoza, notre degré de libre arbitre (et donc notre degré de responsabilité) soit très faible sinon nul, ne changerait que peu de choses. Quand vous attrapez un virus il n’a aucune intention de vous nuire mais la nuisance est objectivée néanmoins. Or là on parle de virus informatique, du « doux » pas du « dur ».
Allez donc mettre la main dessus, une fois qu’il est implanté...
Vous devez comprendre qu’il y a un gouffre abyssal entre connaître intellectuellement à l’âge adulte ce qu’est un viol et l’avoir subis dans sa petite enfance, par ex. L’impact de nos affects sur notre système d’exploitation naissant fait qu’en terme d’influence sur notre perception du viol il y a plusieurs ordres de magnitude de différence d’intensité.
Soit nous avons le libre arbitre et nos parents sont bien responsables de nous avoir lancé sur une trajectoire éventuellement névrotique. Dans ce cas nous aussi sommes responsables et donc si nous ne sommes pas heureux c’est que nous l’avons choisis. S’ils devaient être obligatoirement compétents cela vaut pour leur descendance.
Soit nous n’avons aucun libre arbitre et nos parents ne sont pas plus responsables de ce qu’ils sont (étaient) que nous ne sommes responsables de notre paix intérieure retrouvée ou de notre névrose gangrènante... -
@jjwaDal
Je ne pense pas. Vos deux options sont celles d’un marxisme sociétal. Il s’agit de dire qu’on le choix qu’entre dialectiques responsabilité collective, irresponsabilité collective et/ou lois de l’histoire ;, individualisme collectivisme..
La suite de ce genre de dialectique, c’est qu’un « engineering » politique, social ou sociétal dans ce cas, permettra des spécialistes de gérer la vie des gens pour une homme nouveau et un avenir radieux.Ces raisonnements constructivistes et au fond , bureaucratiques, même si ils se prétendent technocratiques, ayant prouvé leur absurdité en économie, les professionnels du secteur se recyclent dans « l’engineering sociétal ». On a un assez bon exemple avec Onfray qui dans son livre sur l’athéisme, prétendait- à l’absence de liberté avec Freud, mais à la possibilité d’être libre et « solaire » pour le philosophe".
A nouveau, ce sont des pensées un peu simplettes. On est très loin de la richesse intellectuelle de la Bible, qui explique qu’on peut être à la fois déterminé et libre, héritier de ses parents mais créateur d’autre chose, responsable de soi et des autres, pêcheur mais sauvé.
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j’ai été très étonnée de vos premiers exemples ; le petit mammifère ne deviendra grand que par l’amour qu’il reçoit ; s’il n’en a pas eu, on meurt chez les animaux ; chez les humains on vit une vie de merde.Et cette vie de merde fait qu’effectivement, à l’orée de la vieillesse, la souffrance qu’a toujours créé le trou sur lequel on a fait semblant de se construire est encore là ; à la mort de la mère tous les démons s’échappent du savoir-vivre acquis, et sépare les fratries.
Mais cet amour ne passe pas forcément par des mots, comme nous l’a inculqués de manière si persévérante les séries et films américains.
Il ne faut pas confondre amour et relations aliénantes ; un enfant n’a pas conscience qu’il aime ses parents quand ceux-ci ont été ce qu’il faut pour lui, rassurants, assurant ses escapades, guidant ses talents, respectant son autonomie,etc.
Et les parents aimant ne sont pas toujours là à vanter leur môme : le lien est indestructible, cet amour inviolable, c’est une sécurité absolue de laquelle on ne cause pas !
Je n’ai pas fini, ( je finirai plus tard, je veux réagir au début !) votre lien sur l’instinct maternel.
Ce n’est pas l’instinct maternel qui nous fait ouvrir les cuisse sous l’enfanteur ; ce n’est pas instinct maternel de baver devant le moindre bébé !
L’instinct maternel existe puisque je l’ai vécu et je l’ai vécu n’ayant quasiment pas eu de mère !
C’est peut-être déjà ressentir la fécondation, le savoir alors que l’on ne l’a jamais vécue, et qu’aucun livre, aucun témoignage n’en a jamais parlé.
C’est peut-être aussi, devant l’enfant naissant, le savoir autre, neuf, porteur d’aucune projection.
Puis peut-être aussi de savoir sans le vouloir se mettre instantanément au rythme de son enfant ; plus tard, s’attarder à laver et ranger les couches, son linge. C’est peut-être n’avoir aucun questionnement, aucun recul qui nous ferait juge, devant cette nouvelle vie que l’on mène, la vivre, entièrement, sans tergiverser, sans,comme on pouvait le faire avant, tout remettre en question, s’agacer,etc.
Le maternage, et sa belle aide l’instinct, dure environ quatre ans ; ensuite on élève, on communique, on fait le passeur.
Je n’ai pas vécu une famille unie bien longtemps, un peu plus de quatre ans, mais je sais qu’on s’est interrogés sur le fait que je n’éprouvais aucune jalousie sur celles qui passaient et voulaient séduire mon enfant.
Je n’ai jamais dit « je t’aime » à mon fils, et il ne me l’a jamais dit non plus ; beaucoup de choses à dire, évidemment, mais je voudrais finir en disant que l’on aime forcément ceux qui nous ont (pro)créés, qui étaient présents, toujours, pendant les premières années de notre vie mais cet amour est indicible et n’est pas forcé, une fois l’enfant grandi, d’apprécier tout et parties du caractère, des idées, de la vie de ses parents. Celui-ci peut au contraire se construire « contre », alors que paradoxalement, cela n’ôte en rien « l’amour » !-
@Monolecte samedi 28 octobre 2017
L’implicite est : mais je t’aime quand même.
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@Le Gaïagénaire
Non, non, cette partie-là a toujours été explicite aussiEn fait, nous sommes des gens très explicites → on ne sait jamais vraiment ce que l’autre pense s’il ne l’exprime pas clairement. Donc, on dit ce que l’on a dire, sans compter sur une foutue pensée magique pour faire le job à notre place.
Je pense vraiment que le non-dit est un foutu poison dans les relations humaines et plus particulièrement les familiales.
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Cela a été dit déjà, l’article est dérangeant. Intéressant par les problèmes évoqués mais dérangeant par ses prises de positions et surtout par la brutalité de la déclaration faite à un enfant qui ne peut en comprendre les tenants et les aboutissants alors qu’ il eût été si simple et si naturel de manifester cette conviction par une attitude accueillante qui laisse l’enfant libre d’exprimer ses émotions et sentiments, qu’ils soient positifs ou négatifs. Cet accueil inconditionnel est ce qui suffit à dire la liberté (affective) que l’on donne à l’enfant et qui lui permet de construire son indépendance.
Ce qui est étrange c’est qu’en dépit de cette entame centrée sur l’enfant, l’article questionne surtout l’obligation d’aimer du parent vis-à-vis de son enfant vu que les exemples les plus marquants concernent des personnes souffrants de ne pas avoir été aimées.
L’adulte a-t-il un devoir d’aimer son enfant ? N’est-ce pas la question qui doit être posée ?
Et si oui, que veut dire aimer dans ce cas ?
Quoi qu’il en soit, l’auteur semble partir du principe que l’amour parental a toute chance de faire défaut et que, par conséquent, il importe de faire comprendre aux enfants qu’ils ne sont pas censés retourner un amour qu’ils n’ont pas reçu.
Respecter la norme de réciprocité, ça paraît sain à première vue, sauf que ça se fait dans le contexte d’un positionnement malsain : ne pas avoir d’amour à donner à son enfant, c’est d’emblée engendrer des troubles, car l’enfant en a vitalement besoin.
Et la question se repose alors, c’est quoi bon sang l’amour que l’enfant est censé recevoir ? Je propose, pour faire simple de le circonscrire avec les notions d’intérêt, d’attention, d’accueil, de disponibilité et de qualité des soins que l’on prodigue à l’enfant. Nous sommes ici sur le versant Agape et non Eros de l’amour. Le parent donne et l’enfant reçoit, c’est cela qui est naturel et ça se passe complètement de mots ou de déclaration.
Le problème soulevé par l’auteur est celui de l’enfant qui tente désespéremment de manifester de l’amour à ses vieux alors que ces derniers sont incapables (et ils l’ont prouvé) de lui en donner. Là où il y a maldonne, c’est que ce comportement est interprété en référence à une obligation dont il s’agirait de dispenser l’enfant pour le libérer de cette situation sans espoir.
Il n’y a aucune obligation qui pèse sur l’enfant ici. Ce qu’il faut voir, c’est qu’il est, tout simplement, encore à tenter de réussir ce qu’il a échoué jusqu’à présent : se faire aimer de ses parents. Dès qu’il prend conscience qu’il n’est pas aimé, l’enfant se pense, forcément, fautif et donc responsable de ce manque d’amour. Il fait alors de son mieux pour mériter l’amour de ses parents et pourra persévérer jusqu’à la mort.
Ce qu’il faut voir c’est qu’il met lui aussi en oeuvre la stratégie de la réciprocité. Je te donne et je m’attends donc à ce que tu me donnes en retour. Sauf que, bien sûr, on peut donner tout l’amour que l’on veut à un mur, il ne vous rendra pas grand chose, juste un peu de chaleur (si on le chauffe en restant près de lui) et, évidemment, les coups (en vertu du principe d’égalité de l’action et de la réaction).
Au final, on découvre que tout tourne autour d’une logique du don et du contre-don... attendu (en vertu de l’implacable norme de réciprocité). Dans cette perspective, nous retrouvons ce grand classique qui veut que le véritable amour donne ET N’ATTEND RIEN EN RETOUR.
On pourrait donc imaginer qu’un parent dise à son enfant : "je t’aime de tout mon coeur mais saches que toi tu n’es pas obligé(e) de m’aimer" (autrement dit, je te dispense de la norme de réciprocité).
ça paraît bien mignon comme ça, très beau, très pur, idéal, sauf que d’emblée, il y a problème car, encore une fois, quel besoin d’exprimer verbalement ce qui se dit si bien implicitement par une attitude d’accueil bienveillant portant sur toute la palette affective de l’enfant ? Les actes parlent infiniment mieux, plus fort et plus vrai que les mots.
Par conséquent, ces mots « tu n’es pas obligé(e) de m’aimer », vu qu’ils sont non nécessaires, disent probablement autre chose que ce qu’ils prétendent dire.-
addendum : par « attitude accueillante » je parle, bien sûr, d’une attitude non verbale, une attitude qui se passe de mots.
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@Luc-Laurent Salvador
Étant éthologue (avec une grosse composante de psychologie sociale) de formation, il est certain que j’ai eu une grosse réflexion en amont même de l’idée de parentalité. J’ai toujours pris en considération le langage non-verbal et surtout ses limitations. Il est clair d’accès au discours, dans la toute petite enfance, passe beaucoup par le non verbal et connaissant le terreau de lacunes familiales, j’avais anticipé toute la partie fondamentale de la création du lien par le tactile, les vocalisations, les mimiques et les postures… la création du lien est toujours à double sens. Ma fille a parlé tôt, mais il y avait effectivement un contexte.Le dialogue a fini par prendre le dessus dans notre communication, mais ma fille m’a confirmé qu’elle avait bien compris le sens que je donne à cette phrase et elle explore maintenant elle-même son rapport au monde et aux autres.
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@Luc-Laurent Salvador
C’est important d’avoir votre point de vue de psychologue sur cette question.
Partir de l’hypothèse a priori que l’enfant n’aimera pas toujours ses parents n’est-ce pas conjecturer ?
Ces mots « tu n’es pas obligée de m’aimer » sont-ils libérateurs ou au contraire réducteurs : n’y a-t-il pas un risque que l’enfant y voie un conseil de comportement à adopter et donc qu’il se mette à dissimuler son amour ?
N’étant pas psy, je rappellerai le principe antique des philosophes Solon et Pythagore (et d’autres encore) : « ne donne pas le conseil le plus agréable mais le plus utile ». Ce qui revient à se poser des questions : à qui profite vraiment le conseil (à soi : pour son confort : « agréable ») ? Ou à l’enfant ? Est-ce là le conseil le plus utile à donner ? Est-ce un âge auquel il peut le comprendre et l’’intégrer ?
J’ai remarqué nous lorsque nous prodiguons des conseils et que nous formulons des critiques, c’est souvent pour corriger la réalité. Nous passons beaucoup de temps à vouloir corriger les choses : corriger les erreurs, les fautes, notre image, etc.
Que cherche-t-on ici à corriger ? Y a t-il lieu de corriger ? Ne peut-on pas donner des conseils plus utiles : formuler d’une façon positive (et non « tu n’es pas...), qui ne retire rien à l’autre (laissons-lui des occasions de ne pas aimer ou de se fâcher), et qui soit en-dehors de tout esprit de corriger les choses qui, de toutes façons à peu près toujours se font sans notre avis ? Du coup, la question se fait aussi philosophique.
Nous parlons trop (surtout les pys). Les Anciens recommandaient aussi de »parler juste« : ne ne rien dire de trop. »Rien de trop" (temple de Delphes)
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@Taverne
Je n’ai pas compris la question du début mais la position que vous présentez me paraît sage et la conclusion vraiment excellente !
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(suite du message précédent)
Dans le cas où ils ne sont pas précédés de la déclaration « je t’aime », il est possible qu’ils disent à l’enfant qu’il ne va pas être aimé et que, par conséquent, en vertu de l’incontournable norme de réciprocité, il est (logiquement) dispensé du devoir d’aimer en retour.
Ces mots constitueraient donc une implicite mais néanmoins honnête NON déclaration d’amour. Une forme d’avertissement à l’enfant qu’il se trouve dans une séquence transgénérationnelle de NON amour et qu’il aurait tout intérêt à investir affectivement ailleurs vu qu’il n’a aucune chance d’être satisfait ici, auprès de son parent.
C’est honnête mais quand même un peu vache pour l’enfant qui n’a pas demandé à venir au monde et qui a énormément besoin de cet amour pour se construire. L’amour parental apparaît d’autant plus comme un dû pour l’enfant et un devoir pour l’adulte que s’il ne le reçoit pas, l’enfant va automatiquement penser que c’est de sa faute et il passera ensuite tout le restant de sa vie à tenter d’échapper à cette condamnation. D’où la fixation affectueuse sur ses vieux que l’auteur a très bien exposée.
Si la déclaration parentale « tu n’es pas obligé(e) de m’aimer » commence par un « je t’aime » ou équivalent (on peut imaginer mille manières d’exprimer cela, même sans mots), on pourrait penser qu’elle provient d’une personne qui a décidé de mettre un terme à la chaîne transgénérationnelle de non amour. Elle aime son enfant et tente donc (on pourrait penser « logiquement ») de le protéger... de ce qu’elle a vécu, cad, d’un non amour parental.
Il est clair qu’il y a là une contradiction indépassable. Pour quelle raison une personne qui se dispose à aimer son enfant pourrait vouloir le protéger du non amour... si ce n’est parce qu’elle craint de perpétuer la chaîne transgénérationnelle dont elle est issue ?
Ce parent livre donc deux messages contradictoires à son enfant :- - le premier est explicite et dit : « je t’aime »
- - le second est implicite et dit : "si tu n’es pas aimé(e) par moi,
alors (pour ton bien) ne cherche pas à m’aimer en retour (et donc
l’implicite de l’implicite est : ne cherche pas susciter l’amour en moi,
c’est sans espoir)
Comment croyez-vous que l’enfant comprendra cette contradiction ? C’est toujours l’implicite qui parle le plus fort, c’est lui qui dominera. L’enfant comprendra que l’adulte n’est pas sûr de sa capacité à aimer, il entendra qu’il y a un doute et, encore une fois, ce doute il en trouvera la cause en lui. Dès lors, fatalement, il cherchera à se faire aimer, il aura des comportements affectueux qui appeleront (toujours la norme de réciprocité) des comportements affectueux de la part de l’adulte et cela pourra alors très vite épuiser la bonne volonté du parent qui pensait pouvoir aimer alors qu’il ne l’avait pas été lui-même suffisamment. Car comme dans les relations de couple, plus on veut se faire aimer, plus on attend de l’autre des manifestations d’amour à son égard, moins on en obtient.
Bref, comme toujours, la peur est auto-réalisatrice car la peur du parent qui veut en finir avec le transgénérationnel est cela même qui va amener la perpétuation du transgénérationnel (par les précautions prises pour justement éviter son retour).
Interrompre la chaîne du non amour nécessite de se faire pleinement confiance, d’être sûr de sa capacité d’amour, ce qui suppose de savoir ce que c’est d’aimer et, surtout, de savoir comment cela se traduit dans le quotidien, notamment dans les gestes éducatifs.
Si cette confiance n’est pas là, si le parent est dans l’incertitude sur sa capacité à bien faire et donc à aimer vraiment son enfant, il risque de vouloir prouver à son enfant qu’il l’aime en étant excessivement bienveillant quand il serait nécessaire de poser un cadre et donc, forcément, d’amener l’enfant à accepter la frustration.
L’enfant s’installera dans la toute-puissance, épuisera son parent qui sera obligé de constater qu’il n’en peut plus de ce marmaille infernal car tellement exigeant et toujours insatisfait.
Le parent sera en échec et, malheureusement, sera encore plus motivé pour perpétuer sa stratégie et tenter de se faire aimer etc. ; cela jusqu’à ce qu’il craque et se mette à rejeter l’enfant jusqu’à même vouloir le placer ou lui faire violence.On voit ça tout le temps.
Et c’est bête à pleurer tous ces parents qui, par leur désir de se voir aimés par leur enfant (parce que c’est encore la meilleure preuve qu’ils sont de bons parents capables d’aimer leur enfant (ce qu’ils veulent sincèrement être)) se retrouvent dans la situation de détester un enfant frustré qui, par son insatisfaction, par le manque d’amour qu’il semble manifester, leur signifie leur complet échec.
Quoi qu’il en soit, il semblerait au bout du compte qu’un parent qui dise à son enfant « tu n’es pas obligé(e) de m’aimer » dise implicitement et donc en vérité « je ne suis pas obligé(e) de t’aimer ».
Loin d’être apaisante et libératrice, cette parole projette d’emblée dans l’enfant dans l’inquiétude qui vient de l’incertitude quant au fait d’être aimé (avoir une valeur intrinsèque) ou de ne pas être aimé (être sans valeur).
Bref, à la suite de cette réflexion, il pourrait sembler qu’il y ait là une relation mal engagée. Je n’en suis pas complètement sûr car je n’ai pas cherché à être exhaustif. Il est possible que j’ai manqué les pistes interprétatives qui mènent à des conclusions plus heureuses. J’espère qu’il en existe mais pour le moment je ne les vois pas. Il m’a semblé en apercevoir une mais elle m’a échappé. Merci d’avance à celles et ceux qui pourront me les pointer.
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@Luc-Laurent Salvador
hé bien, voilà Monolecte habillée pour l’hiver !
Dans un autre registre, il a été dit sur un autre fil que ce que veut la mère, c’est que l’enfant n’ait aucun désir : seulement des besoins. Je crois que c’est là que le bât blesse. En effet, la mise en garde, car c’en est une : ’’Tu n’es pas obligé de m’aimer’’ a évidemment rapport avec le désir de l’enfant, au delà de ses besoins, car aimer son parent est aussi un besoin de l’enfant. Mais ce besoin est autrement plus difficile à connaître et à combler que celui de manger. En effet, pour combler ce besoin, il faut se faire aimer. Et se faire aimer implique de respecter le désir de l’autre. Et ça c’est pas gagné !
Ceci expliquant cela.
Il est temps de dire aux petites filles que les enfants ne sont pas des poupées. -
@Luc-Laurent Salvador
Oui, d’ailleurs tout message négatif peut être très mal interprété et pervertir les choses.
le plus jeune enfant est très binaire, il aime ou n’aime pas, il peut dire "je t’aime pas " à un parent qui l’a grondé (l’adulte lui est capable de comprendre sa réaction). Il lui faudra quelques années pour conceptualiser ce qu’est un sentiment. Suivant son degré d’évolution, la fameuse déclaration pourra plus ou moins troubler ses relations filiales (s’il y attache attention)
D’abord, c’est quoi l’amour, celui des parents… ?
Pour l’enfant, cela commence, peut-être, par son besoin de respect, considération, attention, assistance… (cela est-il différent de l’amour ?) Si l’on a parfois besoin de s’entendre dire « je t’aime », pour être rassuré, le respect passe encore plus sans dire. On peut dire à un enfant « je respecte tes sentiments », cela restera un message positif ; mais si la relation vécue est vraie, cela est inutile.
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@Luc-Laurent Salvador
Très intéressant tout cela. Mais, moi, je ferai plus court. Ne recourons pas trop à la psychologie. Il est très normal qu’un petit enfant fasse du chantage affectif car alors il teste la force du lien et de l’amour de ses parents. Il a besoin de s’opposer et de faire le méchant pour grandir. Il apprend, entre autres choses, à être méchant et à se faire pardonner ensuite. Il ne faut pas le priver de ces occasions. Il y aura de toute façon quelque chose qui grandira en lui, alors autant que ce soit l’amour.
Ne posons aucun barrage à son expression vitale, pas même sous le couvert des recommandations des nouveaux psys. Car sait-on ce qu’est l’amour ? Est-ce que cela n’inclut pas aussi les disputes et les phases de désamour ? Si bien, que peut-être en faisant son caprice, l’enfant est encore dans un comportement d’amour.
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Merci pour ce très beau texte !
http://mondeindien.centerblog.net/-
Madame , vous suintez l’amertume et le ressentiment, vous n’avez point grandi. L’amour n’est pas l’alpha ni l’oméga, l’estime oui, aimer .......savoir pour juger . J’ai dit à mes enfants à l’âge de la majorité qu’ils étaient morts jusqu’au temps où ils cesseraient de s’abriter et de se liguer avec leur mère contre moi, vous savez l’éternel sentiment contre raison. L’un ne me parle plus et l’autre s’est rapproché de moi.....nous pouvons commencer à parler ! Je ne les ai JAMAIS quitter jusqu’à 18 ans et je les ai vu naître et éduqué partiellement à la maison...........au moins, ils savent cuisiner cad estimer un gout même racine que savoir ! Si tu goûtes tu sais
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Débat qui démarre sur de mauvaises bases. Primo : définir le terme : aimer. Un psychologue a écrit un livre intéressant qui remet en perspective le mot "aimer (Si tu m’aimes, ne m’aime pashttp://www.seuil.com/ouvrage/si-tu-m-aimes-ne-m-aime-pas-mony-elkaim/9782757842225). Lire ou relire : Fragments D’UN Discours Amoureux
Roman de Roland Barthes.-
Les « bonnes mères » sont capables d’accepter d’être « haïes » par leur enfant, sans pour autant remettre en question le lien fondamental qui les lie (surtout aux moment des sevrages et de l’Oedipe). L’inverse est également vrai. L’enfant doit se permettre de détester ses parents tout en les aimant malgré tout. Mélanie Klein a très bien décrit cette étape nécessaire à la création, l’indépendance et la maturation. La majorité des individus restant fixés à la position schizo-paranoïde. C’est blanc ou noir. Pour préserver une bonne image de moi-même, je suis dans l’obligation vitale de projeter la mauvaise partie de moi-même sur autrui (conduisant au racisme et à la haine de ce qui est différent) alors que le bien et le mal peuvent co-exister.
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« Comment renoncer à ce que la société entière considère comme allant de soi : l’affection et la bienveillance de ses proches et de ses parents en particulier ? »« J’ai toujours été étonnée par cette foi aveugle dans le mythe de la famille protectrice. Parce que les faits sont têtus : la famille est le haut lieu de la violence ! »Cet article me fait penser à la propagande de la gauche libertaire qui après mai 68, militait pour la destruction de la cellule familiale traditionnelle catholique et de l’ordre établi, en promouvant la légalisation de la pédophilie, comme on pouvait le lire dans les articles du journal le « Monde » ou « Libération » (qui déclarait le 7 mai 1977 que « La tyrannie bourgeoise fait de l’amoureux des enfants un monstre de légende qui croque les chaumières. Nous casserons ensemble monstres et chaumières. »).« l’amour des enfants est aussi l’amour de leur corps. Le désir et les jeux sexuels librement consentis ont leur place dans les rapports entre enfants et adultes. Voilà ce que pensait et vivait Gérard R. avec des fillettes de 6 à 12 ans dont l’épanouissement attestait aux yeux de tous, y compris de leurs parents, le bonheur qu’elles trouvaient avec lui ».Pétition publiée dans le journal « Libération » en mars 1979 et signée par Georges Moustaki entre autres, pour demander la libération du pédophile Gérard R.Kouchner, Sartre, Aragon, André Glucksmann, Jack Lang, Françoise Dolto, Jacques Dérrida, Frédéric Mitterand militaient pour la légalisation de la pédophilie, et Daniel Cohn-Bendit, militant emblématique mai 68, était fier de déclarer dans l’émission « Apostrophes » de Bernard pivot, devant un public hilare, que « quand une petite fille de 5 ans commence à vous déshabiller, c’est fantastique ! C’est fantastique parce que c’est un jeu absolument érotico-maniaque » !-
@Jonas
Vous avez raison, mais ne tombons pas dans le travers inverse. Des parents distants (toute relation a une composante érotique au sens de : vivant) ne sont pas de meilleurs parents. Les méditerranéens sont plus chaleureux, les hommes s’embrassent parfois sur la bouche, sans pour autant franchir certaines distances respectueuses de l’autres. Des psychologues ont constaté que les pédophiles avaient justement manqué de cette « érotisation » (à différencier de la sexualisation") dans l’enfance. C’est fréquent dans les milieux catholiques, protestants, victoriens, aristocratiques. Les enfants qui ont été souvent pris dans les bras par leurs parents (tout en préservant certaines limites) sont plus épanouis, car adultes, ils ne recherchent pas ce dont ils n’ont manqué dans l’enfance. Les pédophiles l’avouent : mes parents me tenaient toujours à distance, ils étaient froids et en caressant des petits enfants, c’est comme si je me retrouvais à travers eux. Ce n’est pas si simple. Par contre, si à un certain âge un enfant ne supporte plus la proximité ou la nudité des parents (entrée dans la latence et le refoulement des désirs oedipiens), ceux-ci doivent respecter leur souhait. -
@Mélusine ou la Robe de Saphir. « Des psychologues ont constaté que les pédophiles avaient justement manqué de cette « érotisation » (à différencier de la sexualisation ») dans l’enfance. C’est fréquent dans les milieux catholiques, protestants, victoriens, aristocratiques."
Las catholiques privilégient les liens familiaux, sont attachés à transmettre à leur progéniture, la chair de leur chair, l’héritage, la tradition et la bonne éducation qu’ils ont reçu.Si votre théorie est juste, les pédophiles sortiraient plutôt de familles qui ne se préoccupent pas de leur enfant, et ne leur transmettent rien, ni amour, ni héritage, ni éducation.On retrouve cela dans les familles dites progressistes, comme aux USA qui amène la destruction de la cellule familiale traditionnelle et nie la sacralisation de la vie en créant des enfants sans père, ni mère, sans repères, vendus (par GPA) et livrés au plus offrant, ou échangés dans des forum internet comme de vulgaires meubles : -
@Jonas
Mon voisin, dont je ne citerai pas le nom a vécu toute son enfance au Palais Royal. C’était comme dans la Monarchie anglaise. Gardez vos distance. On ne parle pas à table. Je n’ai pas besoin de poursuivre.... Traumatisé à vie,..Les libertariens, en réaction sont tombés dans le travers inverse (Libres enfants de Summerhill, si vous avez lu). L’idéal étant évidemment, le juste milieu. -
Et la famille royale belge est on ne peut plus catholique. Je dirais même : intégriste (OPUS DEI).
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J’ai eu d’une certaine façon, la chance d’avoir une mère très affectueuse et libre, mais heureusement aimant les hommes (rivalités oedipiennes) et un père issu d’une famille hyper catholique (style, les romans Claudel). Je suis un peu les deux : Famille, je vous haiiiiiiiiiiiiiiiiime.
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Pour en savoir plus :
https://blog.monolecte.fr/2008/06/30/limportant-cest-daimer/
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« Comment renoncer à ce que la société entière considère comme allant de soi : l’affection et la bienveillance de ses proches et de ses parents... »Quelle horreur, des gens qui pensent à vous et vous portent en estime...Drôle de but intellectuel.Drôle d’idée incongrue d’aller dire ça à une gamine !Cet enfant n’est pas un adulte.Un enfant pour son développement social et émotionnel, doit impérativement avoir une relation d’attachement, d’affection, de tendresse, de considération avec ses parents.Et quelles raisons comparatives caricaturales. Il y a heureusement principalement que des familles qui aiment leurs enfants et la maltraitance est l’exception. Et les familles affligées son minoritaires.Pas la norme.Irresponsabilité de la mère, vis a vis des potentielles conséquences pour l’enfant qui pourrait être ravageuse dans sa construction sociale...L’amour contribue au bonheur. Etre aimé aussi.L’enfance est une période cruciale dans le développement de la perception des relations sociales.C’est le genre de sujet qui s’aborde a un age plus avancé.Il sera toujours temps se ne pas se faire aimer pas son gamin....Quel bonheur d’avoir des enfants qui vous aiment et qu’on aime.....
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