Article magnifique, parfaitement rédigé, comme
d’habitude de votre part monsieur Laurut.
Le rôle de l’abbé Sieyès dans l’élaboration de notre démocratie
bourgeoise fut effectivement fondamental.
Une remarque concernant les toutes premières lignes. Vous
avez écrit : « Lorsque les révolutionnaires français de juillet 1789
entreprirent d’abattre le pouvoir monarchique, c’était dans le but d’installer
le pouvoir du peuple » et « Emmanuel-Joseph Sieyès tenait devant la
toute jeune assemblée nationale, des propos qui allaient sceller la fin des
aspirations réellement démocratiques de la révolution. » Il y a
probablement autant d’interprétations du déroulement de la Révolution de 1789 en
ses débuts et des raisons profondes qui poussèrent le Tiers-État à s’insurger
lors du serment du Jeu de paume qu’il existe d’historiens de la grande révolution.
Personnellement, je préfère la lecture qu’en a donnée Henri Guillemin dans sa conférence de 1973 dans laquelle il décrivit l’enclenchement du processus de changement de régime comme résultant de
la volonté de la bourgeoisie, consciente de sa puissance de classe, de s’emparer du pouvoir détenu jusqu’alors par l’aristocratie ; bourgeoisie qui tira parti du
mécontentement populaire, feignit de s’allier au peuple de Paris, le
manipula pour parvenir plus vite à ses fins (prise de la Bastille), avant d’asseoir durablement
et implacablement sa domination sur celui-ci (hors le bref intermède du Comité
de salut public dirigé de fait par Robespierre).
Bonne continuation.