Elles ont raison de porter plainte si elles ont été victimes de violences sexuelles. Elles devraient ajouter une plainte pour menaces si ces menaces sont caractérisées. Mais elles n’ont pas raison de porter une atteinte grave au principe de présomption d’innocence qui permet à la justice de fonctionner sereinement. Leur expression dans les médias est excessive car il revient à soumettre l’affaire portée en justice à la vindicte populaire. C’est aux juges et jurés de se prononcer. Il y a violation du principe du contradictoire car les médias ne relayent que la parole d’une partie à l’affaire.
Quelle que soit l’antipathie que l’on porte à un individu mis en cause devant la justice, quelle que soit la force des témoignages et des faits portés contre lui, il a le droit de bénéficier d’un fonctionnement normal de la justice. Une seule exception à ce principe absolu met en danger tout le système et ceux qu’il protège : nous ! Car demain, vous pouvez être accusé et mis en cause sur toutes les chaînes de télé, à la radio, sur le net, dans les journaux et dans des livres, alors que vous n’avez pas encore été entendu par la justice et même alors que l’enquête n’a pas commencé. Pensez-vous que vous feriez alors l’objet d’un traitement juste et équilibré ?
En quoi y avait-il urgence de faire tout ce déballage avant même le commencement de l’enquête judiciaire ? Si cet homme est coupable, la justice le punira.
Tout ce qu’allègue la présumée victime pourrait même se retourner contre elle : l’avocat adverse pourrait utiliser ce déballage contre elle, pointer les contradictions, etc. Par exemple, elle disait ce matin sur une chaîne de télé qu’elle avait pris contact elle-même avec cet homme et qu’elle était montée consciemment dans sa chambre d’hôtel et qu’enfin, prétendant ne rien remarquer de suspect, elle a consenti à l’acte. Pensez-vous que d’avoir dit cela va l’aider ?
Donc, à mon sens, elles n’ont pas raison au plan des principes qu’elles mettent en péril (il faut saisir la justice et non publier des livres auparavant) , mais elle prend aussi de grands risques pour la suite de l’affaire. De toute manière, un procès comme celui-là aurait de toute façon permis aux victimes de s’exprimer largement, mais elles l’auraient fait au moins avec l’aide et les conseils de leurs avocats.