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Commentaire de Christian Labrune

sur Il y a 500 ans, Luther publiait ses 95 thèses


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Christian Labrune Christian Labrune 4 novembre 2017 15:41

le catholicisme avait aussi en lui la possibilité d’une réforme et d’une évolution vers des principes tels que la tolérance et la liberté de conscience. En cela, l’intervention des réformateurs fut une accélération (indirecte) vers ces principes.
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@Vindex
On a coutume d’associer protestantisme et liberté de conscience parce que la monarchie française s’est toujours efforcée, même avant 1685, de réprimer le protestantisme et d’induire les fidèles de la R.P.R. (Religion Prétendue Réformée, comme on disait alors) à revenir au catholicisme. Quelqu’un parlait d’Agrippa d’Aubigné ; Madame de Maintenon, par exemple, qui était sa petite-fille, n’attendra pas la révocation pour rejoindre la religion du roi.

Si le protestantisme n’avait pas été mal vu par le pouvoir politique, s’il avait eu pignon sur rue, je doute qu’il se fût montré plus tolérant que le catholicisme. Le calvinisme à Genêve constitue bien, je le répète, à l’époque de Calvin, un véritable système totalitaire, une théocratie.
Dans la France du XVIIe siècle, les protestants incarnent certes, face à l’absolutisme monarchique, une tendance républicaine qui influencera plus ou moins directement les Parlements des provinces. Si Louis XIV s’efforce de réduire les pouvoirs de ces assemblées et même au besoin de les humilier, c’est parce qu’il voit là un véritable danger.

Les prétentions de Rome ont toujours été totalitaires. La tendance des papes aura toujours été d’induire les princes à se soumettre à l’autorité des papes, mais la tradition du gallicanisme, qui est une lointaine préfiguration de notre actuelle laïcité, remonte en France à Philippe le Bel. Le pouvoir politique et le pouvoir temporel sont séparés. Dieu d’un côté, César de l’autre. Ce clivage, qui n’existait pas dans la Genève de Calvin, aura toujours été un obstacle à toutes les prétentions théocratiques. Je comparais Genève au temps de la réforme à l’Iran parce que l’Iran est bien une « république », mais cette république-là n’a évidemment rien de démocratique et se soucie fort peu de la liberté de conscience.

Je maintiens que les religions prises au sérieux conduisent fatalement à des horreurs. Les chrétiens aujourd’hui sont, pour parler comme Marcel Gauchet, « sortis du religieux ». Leur religion, s’ils vont encore à l’église -mais de moins en moins !- est un élément de leur confort mais il y a déjà longtemps qu’ils ne la prennent plus au sérieux, qu’ils ne croient plus à la divinité de Jésus, à la virginité de Marie, à la résurrection des morts, et le symbole de Nicée-Constantinople qu’on leur a fait apprendre par coeur, c’est pour eux du chinois. Ces mauvais chrétiens sont de bons citoyens. Les mauvais musulmans qui, il y a quarante ans, à la différence de nos actuels salafistes, n’étaient pas encore persuadés qu’il fallait nécessairement massacrer les associateurs et les mécréants, étaient aussi, paradoxalement, de bons citoyens.

Les intégristes chrétiens ne tuent encore personne, et c’est heureux, mais les intégristes musulmans, qui sont les vrais musulmans, applaudissent aux exactions qui se multiplient partout dans le monde parce qu’ils prennent désormais au sérieux leur religion.

Cet aspect est une tare des monothéismes. il vaut mieux plusieurs dieux qu’un seul, et les religions antiques, toujours promptes à ajouter un nouveau dieu exotique à leur panthéon, n’étaient pas du tout sanguinaires. J’ai la plus grande admiration pour Julien l’Apostat, mais je vomis Constantin et plus encore Théodose !


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