Et de deux :Les parents de Guillaume invitèrent Olga à partager leur table pour le déjeuner.
Depuis qu’il était parti, il y a quinze ans en Amérique, après le décès de la mère d’Olga, Arturo n’avait plus de nouvelles de son père. Il comprenait très bien ses souffrances dues aux nombreuses éclipses qu’il avait imposées à son entourage. Vagabond du ciel et des longs-courriers qui le maintenaient à distance des personnes lui étant pourtant chères, son père, Pégase infatigable, toujours en fuite vers le soleil levant des fuseaux horaires, laissait aux autres le filage de la quenouille de l’absence.
Olga pensait à Jean, le peintre. A peine s’étaient-ils retrouvés qu’il partait vers d’autres nouveaux horizons, construire ses perpétuels châteaux de sables mouvants. Chaque instant qui la préparait à leur séparation finale inaugurait un changement total de sa vie. L’anaconda du passé relâchait lentement son étreinte funeste autour de son coeur et le sang comme purifié reprenait son voyage dans les vaisseaux abimés de son corps meurtri,
Dans un tour de magie, Arturo tendit une boule de neige dans laquelle un couple sur une Vespa rouge se dirigeait vers le Mont-Saint-Michel. Les parents d’Olga l’avaient oublié aux « Dormantes » et il ne s’en était jamais séparé.