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Commentaire de O Coquinos

sur Sur François Asselineau, l'UPR, l'abstention et les trumpolâtres (2b/2)


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O Coquinos O Coquinos 10 décembre 2017 23:11

@JBL1960 [commentaire du 20 novembre à 11h18] 1/2

Bonsoir.

Je vous réponds (tardivement comme d’habitude) en commençant par rectifier l’incipit de votre commentaire :

« Non, l’auteur avance au tout début que la révolution peut se faire dans les urnes. Et c’est pourquoi, à mon sens, il se goure et depuis le début ».

« L’auteur » n’a nulle part affirmé que « la révolution [pouvait] se faire dans les urnes », vous confondez avec ce que disent les mélenchonistes. S’il « se goure », ce sera pour d’autres raisons. La conviction que je voudrais partager est que FA représente actuellement notre seule (faible) chance de salut relatif au sein de l’UE (par le truchement des élections), révolution sanglante exceptée. FA et l’UPR sont plus révolutionnaires dans une certaine mesure que les partis soi-disant de gauche qui veulent « une autre Europe » pour mieux pérenniser celle qui existe déjà.

Je cite à présent deux extraits du texte dont vous croyiez que je l’avais mentionné sans l’avoir lu (je passe sur la vision idyllique de la société humaine à l’état de nature qui y est développée sur la base de prétendues données archéologiques dont aucune ne se rapporte directement à une référence bibliographique précise. Le lecteur ou la lectrice doit donc se coltiner toute la littérature figurant en annexe du document afin d’être en mesure de vérifier les dires de Résistance 71. On a beau être rousseauiste, on ne doit pas moins demeurer prudent quant à la définition des caractéristiques sociales des groupes humains qui existaient aux temps paléolithiques et quant à l’état d’avancement actuel de la recherche scientifique. Il me semble que l’on gagnerait sur le plan de la véracité à être moins affirmatif que le ou les rédacteurs du manifeste, lesquels se sont fondés sur les affirmations de Clastres et de quelques autres).

Ces citations se situent toutes deux dans la cinquième partie (après l’avant-propos) intitulée Que faire ? La société émancipée, société des sociétés  :

1) « L’histoire nous montre que toutes les grandes avancées sociales depuis l’antiquité ont été le fait des gens, des membres de communautés qui à des périodes déterminées se sont soulevés et ont lutté contre la tyrannie de l’inégalité organisée. L’histoire nous montre également que ces avancées n’ont jamais été le fait, du moins au départ, de la majorité des gens, mais d’une minorité active, décidée et incorruptible dont les idées et les actions ont suscité l’intérêt, la passion et titillé la raison des masses. L’État et ses forces de coercition servant à maintenir l’entité du pouvoir séparée du corps social n’a pas pour fonction le progrès, mais au contraire d’y mettre un frein, museler la créativité incommensurable de l’humanité et la réduire à ce que son oligarchie en place considère comme essentiel : le profit, qui à son tour permet l’acquisition de toujours plus de pouvoir et de richesse. »

2) « S’il est une autre chose que l’histoire nous a montré et nous montre encore et encore, est le fait qui devrait être acquis pour l’heure, qu’il n’y a pas de solutions au sein du système établi, qu’il n’y en a jamais eu et qu’il ne peut pas y en avoir. Jongler de l’intérieur avec le peu de marge d’action que nous avons pour changer par le vote, c’est à dire par l’illusion fabriquée de croire que le peuple peut encore influer sur les rouages du système en changeant de temps en temps les mécanos et opérateurs de service, en délégant toujours plus le pouvoir à une caste de privilégiés non seulement inféodés au système, mais de nos jours totalement achetée et phagocytée par l’emprise immanente de la marchandise spectaculaire et de ses réseaux de corruption institutionnalisés, n’est en aucun cas une option ; c’est, en revanche, au mieux une naïveté au pire une complicité voire une trahison. »

Je comprends bien votre point de vue (qui est celui de Résistance 71, donc) et le partage jusqu’à un certain point, c’est pourquoi j’ai tenu vers la fin de ma contribution à ouvrir la perspective sur une tendance politique, la vôtre, qui n’est qu’en partie la mienne. Mais vous, vous vous placez d’emblée dans le très long terme, dans l’absolu, dans l’idéalité contemplative, comme j’ai déjà eu l’occasion de vous l’écrire dans des réponses antérieures (30 juin 2017 à 1h03, 2/2 et surtout 9 juillet à 0h14) et dans la première partie (1/2) de mon article, milieu de l’antépénultième paragraphe : « l’émancipation évoquée [celle des peuples occidentaux], pas plus que la révolution socialiste ou l’instauration de la démocratie sous sa forme la plus pure auxquelles j’aspire, ne se décrète. Il s’agit de processus extrêmement difficiles à impulser ou à relancer, qui nécessitent de la part du peuple un haut niveau de conscience politique (et donc un énorme travail d’éducation populaire en amont) et ne trouveront un commencement de concrétisation pérenne que sur le très long terme » ; voir aussi le dernier paragraphe.

Pas question d’être d’accord, en revanche, lorsque le manifeste affirme que les grandes avancées sociales ne sont le fait que de minorités actives qui les ont imposées peu à peu aux masses malgré la puissance de l’État et de ses forces de coercition. Dans ma réponse du 9 juillet 2017 à 0h14 (première partie 1/2 ; voir aussi l’antépénultième paragraphe de cette partie initiale) et dans celle en deux parties du 2 septembre suivant à 10h07 et 10h08 (Sur François Asselineau 2a/2), ainsi que dans l’un des derniers paragraphes de la présente troisième partie (commençant par « Il restait en 2017 aux progressistes français… »), j’avais déjà souligné ce que tout le monde sait : que les progrès sociaux accomplis sous le Front populaire, sous les gouvernements provisoires de l’immédiat après-guerre, puis durant les Trente Glorieuse l’avaient été dans le cadre de l’État-nation et à l’issue de processus électoraux (d’autres, moindres, ont vu le jour y compris sous les dictatures des Premier et Second Empire et sous celle de Pétain !).

Le 9 juillet 2017, je vous avais demandé votre avis de la sorte (demande rappelée dans ma réponse du 2 septembre à 10h08, 1/2) :

« Il y a un aspect du problème que j’ai abordé dans ma réponse tardive et dans mon nouvel article et sur lequel vous n’avez pas fait de commentaire. J’aurais pourtant aimé connaître vos arguments : n’avez-vous jamais eu recours à la sécurité sociale, profité de congés payés, bénéficié de l’assurance chômage ou vécu dans un logement social ? Considérez-vous tous ces acquis sociaux comme inutiles à vos concitoyens ? Fallait-il ne pas voter en faveur du Front populaire ou, au début de la IVe République [et lors des gouvernements provisoires], en faveur du PCF, de la SFIO et du MRP qui mirent en place ces avancées sociales et laisser les travailleurs dans les mêmes conditions de vie qu’au XIXe siècle en ne votant pas ? Que fallait-il faire à la fin des années 1940 pour subvenir aux besoins de populations durement touchées par les conséquences de la guerre ? Organiser l’auto-suffisance ? Mais il ne s’agissait pas de sauver un simple hameau à la campagne, il s’agissait d’améliorer dans l’urgence le sort d’une nation entière composée de millions de nécessiteux, hommes, femmes et enfants... » Aucune réponse de votre part.

Par conséquent, affirmer qu’« il n’y a pas de solutions au sein du système établi, qu’il n’y en a jamais eu et qu’il ne peut pas y en avoir », que « jongler de l’intérieur avec le peu de marge d’action que nous avons pour changer par le vote, […] n’est en aucun cas une option ; c’est, en revanche, au mieux une naïveté au pire une complicité voire une trahison » est contraire à la vérité. C’est une posture idéologique extrémiste que dément l’histoire contemporaine de la France et de la quasi-totalité des États démocratiques de par le monde.


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