Sur François Asselineau, l’UPR, l’abstention et les trumpolâtres (2b/2)
Ce texte beaucoup trop long (à lire le soir pour mieux s’endormir) est la troisième et dernière livraison d’un article dont les premières pages sont parues sur Agora vox les 7 juillet (1/2) et 24 août derniers (2a/2).
J’y tente de convaincre mon éventuel lectorat, et parmi celui-ci d’éventuels marxistes, de la nécessité d’accorder lors des futures échéances électorales son soutien, faute de mieux, à l’UPR, ce CNR bis tout imparfait et critiquable qu’il soit.
Cette formation est potentiellement d’une importance telle pour le devenir de la France qu’il ne faut surtout pas, dans notre intérêt à tous, la laisser à nouveau glisser sur la pente de l’autosatisfaction et de l’autoglorification qui sont deux des travers de son président-fondateur dont l’interprétation parfois simpliste de l’actualité mondiale et la vision souvent caricaturale des notions de peuple et de démocratie l’ont poussé dans un passé récent à commettre de lourdes erreurs de prospective politique (ou de fort mauvais calculs électoralistes).
Parce que, seule sur la scène française à le faire de façon cartésienne, légaliste et opiniâtre, l’UPR relève le défi de la dictature supranationale, de la domination étrangère et du libéralisme économique à outrance lancé aux peuples européens par l’oligarchie atlantiste, auquel auraient dû répondre en premier les élèves de Marx et d’Engels en s’organisant dans ce but, taisant leurs subtiles divergences idéologiques devenues futiles dans le contexte actuel du dépècement et du sabordage des États-nations de l’UE avec toutes les conséquences néfastes qui s’ensuivent pour les classes populaires.
Parce que l’UPR prône l’indépendance nationale que combat insidieusement la gauche antimarxiste (en France : PCF réformiste, FI, EELV, NPA et LO, PRG et PS ayant démontré au cours des dernières décennies leur appartenance irréfutable à la droite néolibérale) qui préfère entraîner ses militants et sympathisants dans des impasses successives, des échecs répétés et programmés, fidèle en cela à sa vocation historique de fausse amie de la classe ouvrière, de leurre essentiel à la stabilité de la démocratie bourgeoise et d’opposant eurocritique utile au maintien des pays membres dans l’Union.
L'UPR cherche à s’appuyer sur le peuple et prône, en principe, l’unité citoyenne (à défaut de rechercher principalement l’appui du prolétariat) pour mettre sur pied une résistance massive contre la destruction de la France et de tout ce qu’il y a d’aimable et d’estimable en elle. Elle n’a pas pour objet d’y instaurer le socialisme ; son programme pour les élections législatives de 2017 prévoyait néanmoins de restaurer notre République sociale.
Lors des scrutins nationaux à venir, il ne sera plus temps de tergiverser en s’adonnant au vote utile (qui n’est profitable in fine qu’aux ploutocrates et à la classe politicienne qui les sert, autrement dit nuisible aux couches populaires). En dépit de toutes ses imperfections et au risque de se faire avoir derechef, mieux vaudra voter aussi rationnellement que possible en faveur des représentants d’un parti qui propose sans ambiguïté de nous faire sortir de la mégastructure antidémocratique, antiprolétarienne et guerrière que constituent l’UE et son double militaire l’Otan, placés sous la férule états-unienne (ou germano-états-unienne), afin de nous libérer du joug européiste et, en ce qui concerne les marxistes, de pouvoir reprendre un jour avec quelque chance de succès la lutte pour l’avènement du socialisme dans le cadre d’une souveraineté nationale récupérée, ainsi que sur le plan de l’internationalisme ; ou, pour ce qui a trait aux idéalistes anarchistes, afin que puisse naître dans un avenir lointain la société de leurs rêves.
Puis, comme je l’ai déjà signalé plus haut (deuxième partie de mon article), François Asselineau avait affirmé : « ce qu’il vient de se passer, au brexit en juin, l’élection de Trump en novembre, montre que le grand réveil des peuples a commencé[64]. » Glissant bien vite sous le tapis, en prenant soin de s’en démarquer[65], les aspects les plus scabreux de ce multimilliardaire obscène, misogyne et xénophobe (self made man autoproclamé, héritier de la fortune amassée par son grand-père paternel, puis par son père, qu’il fit fructifier non sans déboires), il avait déclaré par exemple ne pas bien saisir ce qu’il y avait de choquant à vouloir élever un mur entre les États-Unis et le Mexique, arguant du fait que « ce mur, il exist[ait] déjà[66] » ! (En réalité, les tronçons édifiés à partir de 1994 sous les présidences Clinton, Bush fils et Obama ne couvrent qu’une portion des confins états-uno-mexicains. Donald Trump projetait d’étendre à l’ensemble de la frontière en triplant presque sa longueur cette gigantesque palissade métallique ornée de fils de fer barbelés, de milliers de caméras, détecteurs et miradors, aux abords activement surveillés par des patrouilleurs officiels armés jusqu’aux dents et tirant à vue, secondés par des citoyens nationalistes zélés[67].)
Parmi les volontés exprimées par le candidat Trump dans le domaine géopolitique et citées de bonne grâce par le patron de l’UPR en confessant avec quelque précaution[68] qu’il ne pouvait que s’en réjouir, figuraient la fermeture de l’Otan, l’instauration de relations diplomatiques rassérénées avec la Fédération de Russie, le rapatriement des soldats US du Moyen-Orient et l’abandon des négociations sur le Tafta[69]. Vivat ! (On a vu depuis ce qu’il en est réellement advenu).
Selon lui, la victoire de Donald Trump devait être vue comme « un vrai bouleversement politique » et « un formidable encouragement à tous ceux qui veulent changer les choses[70]. » Osant finalement prendre sans fard ses désirs pour des réalités, il avait ajouté plein d’assurance : « Ce à quoi on est en train d’assister, c’est [à] la fin du prétendu nouvel ordre mondial qui paraît-il était inéluctable » ; « Bref, vous l’avez compris, un nouveau monde arrive ; […] la mondialisation inévitable, la “mondialisation heureuse” chère à monsieur Alain Minc et consorts est en train de s’effondrer, et on va avoir des répliques et des surprises de plus en plus. Pas besoin de le dire, mais je le dis quand même, c’est que tout ceci va avoir des conséquences très importantes en matière de politique intérieure française[71]. »
Il avait ensuite conclu non sans un brin de grandiloquence à « l’effondrement de la géopolitique issue de la Seconde Guerre mondiale, côté américain. […] Et face à ça, eh bien ! toutes les structures politiques anciennes [allaient] être balayées[72]. » Rien que cela, s’il vous plaît. Pour l’heure, l’« effondrement de la géopolitique » états-unienne se fait attendre, bien que les USA aient subi un sérieux revers en Syrie et éprouvent de plus en plus de difficulté à conserver leur mainmise sur une grande partie du Proche et du Moyen-Orient, « la fin du prétendu nouvel ordre mondial », inéluctable, n’est pas imminente et les « structures politiques anciennes » du PS et de LR en France, quoique ayant reçu un formidable coup de balai dans l’arrière-train au profit de formations (LREM et FN) qui ne valaient pas mieux qu’elles, sont toujours là, en plus ou moins piteux état. Si le paradigme de l’hégémonie états-unienne est remis en question, c’est bien malgré la volonté de monsieur Trump et des militaires nommés par lui à des postes-clés de son gouvernement : c’est à cause de l’intelligence stratégique et diplomatique dont peut s’enorgueillir la Russie conjuguée à l’expansion économique de la Chine que rien ne semble pouvoir contrarier.
J’ouvre ici une parenthèse : de telles annonces, si peu étayées, n’étaient pas dignes d’être formulées par un homme se destinant à tenir entre ses mains le timon de la France ; leur irruption dans le discours d’un prétendant au trône de la Ve République habituellement plus rigoureux dans ses prophéties s’apparentait plutôt à la réaction impulsive d’un tacticien désireux de tirer parti au plus vite d’une opportunité inespérée tombée à pic (l’élection de Trump) ou à la foucade d’un joueur de roulette qui, se croyant en veine, décide soudainement de miser tout ce qu’il possède dans l’espoir fébrile de faire sauter la banque…
Monsieur Asselineau, qui n’est pas avare d’autocongratulation, s’est souvent vanté dans le passé d’avoir fait des prédictions qui s’étaient avérées par la suite, comme par exemple d’avoir pressenti la victoire de Donald Trump, ce dont il n’était pas peu fier[73]. Aujourd’hui, il paraît cependant acquis, à moins de croire aux miracles, que la politique mise en œuvre par le président Trump lui donne tort sur toute la ligne, y compris quant à la baisse des tensions avec la Fédération de Russie[74]. Si toutefois elle devait malgré tout lui donner raison, il n’en demeurerait pas moins vrai que ce ne serait pas le visionnaire ou le fin analyste de la tectonique de plaques politique qui aurait vu juste, mais le joueur de casino chanceux. Pareille aisance à tirer des conclusions extrêmement prématurées sur l’avenir du monde à partir d’arguments non probants ne correspond pas à l’idée que d’aucuns, dont l’auteur de ces lignes, je l’avoue, s’étaient faite du créateur d’un mouvement novateur et dynamique, de l’énarque insolite posant un regard acéré sur les turpitudes de la vie politique, du critique brillant et implacable de l’UE et du vulgarisateur hors de pair qu’est François Asselineau.
L’aventure Trump tourne à la catastrophe : la désolation au Proche et au Moyen-Orient est entretenue à dessein par son administration, les menées états-uniennes visant à déstabiliser le Venezuela se sont intensifiées, la guerre économique orchestrée par Washington contre la France[75] et contre la plupart des autres nations de l’UE redouble de virulence, la haine du monde occidental contre la Russie s’exaspère sous la houlette de l’oncle Sam, l’agressivité yankee à l’endroit de la Corée du Nord, de la Chine et des Philippines s’exacerbe, les risques de conflit mondial grandissent de jour en jour ; en un mot, le « vrai bouleversement politique » produit des effets inverses à ceux prédits à la légère par le rondelet patriarche de l’UPR et les oracles impatients de ce dernier, formellement démentis, abîment son aura d’observateur fiable et pénétrant et entament regrettablement le crédit d’un parti authentiquement populaire formé de citoyens désintéressés et non de politiciens appointés, dont le développement réussi fut un tour de force.
Avoir pris un tel risque sur la base de supputations aléatoires, probablement à des fins électoralistes, n’était pas raisonnable, car une erreur d’appréciation aussi phénoménale jette le doute sur la capacité du guide de l’UPR à diriger notre pays. S’être placé inconsidérément dans le sillage d’un milliardaire opportuniste (quitte à rétropédaler par la suite, voir l’avant-dernier paragraphe de Crise de foi) à la personnalité pour le moins controversée, d’une moralité douteuse, décrit par les médias de l’oligarchie (trop unanimement pour que cela ne fût pas suspect) comme l’ennemi absolu d’une mondialisation dont il avait pourtant su profiter[76], a permis à François Asselineau d’engranger à larges brassées pendant quelques mois de nouvelles adhésions pour sa chapelle[77], mais s’est entretemps retourné contre lui et contre ce qu’il représente depuis que l’épopée trumpienne s’est révélée au grand jour n’être qu’une imposture de plus[78]. J’en veux pour preuve le faible taux d’adhésion qui afflige l’UPR depuis la rentrée 2017 et traduit un tassement de sa popularité dans l’opinion publique, sinon un recul : après la période d’accalmie normale de l’été, la vague d’inscriptions nouvelles qui jusqu’en juin a propulsé l’UPR n’a pas repris son élan. Cet essoufflement — qui suffirait néanmoins au bonheur d’un NPA en perdition — est bien sûr en partie imputable au silence médiatique qui accable à nouveau l’Union populaire depuis la fin de la campagne présidentielle, mais je crois que les prises de position inopportunes de François Asselineau rapportées dans cet article y ont eu leur part de responsabilité. Ce ralentissement a en tout cas suffisamment inquiété le chef de l’UPR pour l’avoir incité à enjoliver la situation de son parti à cet égard afin de ne pas démoraliser davantage ses troupes[79]. Passons.
Le commandant en chef de l’UPR avait terminé sa plaidoirie du 9 novembre en s’adressant à ses fidèles de manière faussement énigmatique par ces mots : « Croyez-moi, nous avons devant nous des évolutions extrêmement favorables pour notre mouvement politique et pour le plus grand bien de la France, je dirais même des évolutions assez prodigieuses. D’une façon ou d’une autre, en 2017, l’avenir nous appartiendra[80]. » Il fallait comprendre : Asselineau, prochain président de la République.
Si l’on résume sa pensée d’après les citations précédentes, ce qu’il s’était produit de l’autre côté de l’Atlantique — l’accession aux plus hautes fonctions de l’État fédéral d’un candidat prétendument porté par les couches populaires contre la volonté de l’oligarchie atlantiste[81] — était près d’arriver en France : le souffle de la libération des peuples et des nations en provenance, une fois n’est pas coutume, des États-Unis d’Amérique[82], allait tout chambouler en Europe et grâce à François Asselineau et à l’UPR l’Hexagone pouvait sérieusement envisager, afin de recouvrer sa souveraineté perdue, de secouer dès cette année le joug de l’UE et de Washington.
En affichant un si bel optimisme, monsieur Asselineau était après tout, me direz-vous, dans son rôle de dirigeant principal d’un parti politique comptant peser de tout son poids dans la campagne présidentielle qui s’annonçait, et c’était en soi tout à fait louable. Ce qui l’était moins venant de lui, malgré la noblesse de l’objectif invoqué — la libération de la France —, était d’une part d’user sciemment de contrevérités pour persuader les Françaises et les Français de lui octroyer leur nécessaire soutien électoral, militant ou financier en tentant de leur faire accroire que « le grand réveil des peuples [avait] commencé » et d’autre part, étant donné qu’il assurait vouloir rassembler à dextre comme à senestre, de présenter des personnages hauts en couleur et forts en gueule appartenant à l’extrême droite ou tout au moins à la droite dure — Donald Trump, mais aussi Nigel Farage comme on le verra plus loin — tels de grands résistants s’érigeant, seuls, contre le rouleau compresseur dévastateur piloté par l’inexorable élite pro-Otan ; héros dont il s’inspirait maladroitement des techniques de campagne populiste (au sens péjoratif du terme) employées par eux avec bonheur lors de scrutins qui avaient tenu l’Occident en haleine, dans le but de réussir à son tour un coup sensationnel qui fût profitable à son pays, privilégiant un discours plus pondéré et châtié que celui de ses modèles d’outre-Manche et d’outre-Atlantique, seyant davantage au rôle de sauveur œcuménique de la Patrie qu’il avait endossé avec abnégation.
Le prétendu réveil des peuples dont avait parlé monsieur Asselineau était malheureusement contredit par le fait, pourtant signalé par lui au cours du même entretien, que l’élection présidentielle états-unienne avait été marquée par un assez faible taux de participation — 61,4 % des citoyens états-uniens majeurs et jouissant de leurs droits civiques[83] (54,2 % des personnes en âge de voter étaient annoncés au lendemain de l’élection[84]) —, avec environ deux millions huit cent soixante-neuf mille voix en moins pour le vainqueur républicain que pour son adversaire démocrate, mais soixante-dix-sept grands électeurs en plus[85].
Certes, Donald Trump n’avait pas démérité vis-à-vis des précédents candidats républicains à la présidence des États-Unis, du moins en apparence, recueillant 944 215 voix de plus que George W. Bush en 2004, 3,04 millions de plus que John McCain en 2008 et 2,05 millions de plus que Mitt Romney en 2012[86].
Cependant, ces bons résultats étaient à relativiser, car comme l’avait souligné une analyse du WSWS, il y avait eu au fil des échéances électorales « une augmentation explosive du nombre des électeurs inscrits : dix-huit millions depuis 2008[87] ». En réalité, il y eut globalement érosion par rapport à 2004, au prorata du nombre de suffrages exprimés, du vote républicain lors des trois dernières élections présidentielles (Bush fils, 50,3 % en 2004, McCain, 45,7 % en 2008, Romney, 47,2 % en 2012 et Trump, 46,1 % en 2016[88]) — et effritement encore plus net du vote démocrate.
Si Donald Trump l’avait emporté, ce n’était donc pas grâce à un engouement subit du peuple états-unien que démentaient un taux de participation relativement faible, la défaite très nette du multimilliardaire au vote populaire et la détérioration remontant à 2008 du vote républicain, mais grâce au mode indirect de l’élection et, l’avenir le taira sûrement, grâce aux fraudes électorales massives organisées à son profit par son parti (dans la mesure où les fraudes attribuables aux démocrates furent moins importantes et/ou moins judicieusement réparties dans l’écheveau des États de l’Union). Au lieu d’un réveil du peuple exprimé à travers la victoire artificielle de monsieur Trump, on a assisté en 2016, comme en 2008 et 2012 du reste, à l’expression silencieuse du profond désarroi qui affecte les couches populaires états-uniennes depuis la fin du rêve américain et à la manifestation du rejet d’un système représentatif qui leur ôte tout pouvoir. En somme, le contraire exact de ce que François Asselineau avait affirmé le 9 novembre (et réaffirmé plusieurs fois ensuite).
Conclusion sur le chapitre de l’élection présidentielle états-unienne : monsieur Asselineau eût fort bien pu se féliciter de la défaite anomalique de la peste sans applaudir à la victoire frelatée du choléra.
Parmi les propos répulsifs pour l’électorat de gauche que François Asselineau tint avant ou pendant sa campagne présidentielle, figuraient aussi ceux qui présentaient l’Anglais Nigel Farage sous un jour très favorable.
Le 14 novembre 2016, dans un article signé de son nom et intitulé Les victoires en or de Donald Trump et Nigel Farage. Selon le journal britannique Daily Telegraph, cette photo résume à elle seule l’année 2016[89], il fit preuve d’un enthousiasme presque enfantin tant il était excessif à l’égard du futur président des États-Unis, motivé par un simple cliché montrant celui-ci hilare en compagnie de l’ex-patron du parti europhobe britannique Ukip — Nigel Farage, donc — soutien de la première heure de Donald Trump, grand artisan du brexit et par ailleurs personnalité très appréciée du responsable de l’UPR, lequel osa écrire : « Ces deux hommes ont été élus l’un et l’autre contre l’oligarchie euro-atlantiste qui a mis la main sur les principaux grands [sic] médias de leurs pays et représentent l’un et l’autre la victoire des classes moyennes et des classes populaires, frappées de plein fouet par la politique dite de mondialisation. »
Quoi, Trump et Farage représentants des classes populaires ?
On a vu plus haut que monsieur Trump remporta l’élection présidentielle états-unienne grâce au suffrage universel indirect et contre l’expression du vote populaire, justement.
Pour ce qui regarde monsieur Farage, un article en anglais du Morning Star paru en 2014 et traduit par Solidarité internationale PCF[90] permet de se faire une idée assez précise du caractère « populaire » de l’Ukip :
« Loin d'être un parti “anti-establishment” comme il aime à se présenter, l’Ukip partage pleinement l'idéologie néolibérale de l'establishment de Westminster [NDR : quartier huppé du centre de Londres dans lequel se trouvent le Parlement britannique, la résidence du premier ministre et de nombreux ministères]. Les travailleurs qui ont perdu leurs emplois à cause de l'offensive virulente du gouvernement [NDR : celui de David Cameron à l’époque] contre le secteur public doivent savoir que Farage défend des coupes encore plus importantes dans les dépenses publiques que les conservateurs et les libéraux-démocrates. L’Ukip prétend s'inquiéter des menaces pesant sur les services publics, et il appelle pourtant à des coupes massives dans les dépenses du NHS (Système national de santé [NDR : National Health Service en anglais]) et propose d'aller plus loin dans la sous-traitance des services de santé à des prestataires privés assoiffés de profits. Les exonérations fiscales du ministre des Finances George Osborne [pour] les plus riches ne vont pas assez loin pour Farage, qui veut un seul taux d'imposition sur le revenu pour tous, l'abolition de toutes les taxes sur l'héritage et l'abaissement du taux d'imposition sur les sociétés. Même ses prétentions à défendre la souveraineté nationale sont suspectes ; comme No2EU [NDR : No to the European Union, en français : Non à l'Union européenne, coalition menée par des forces britanniques de gauche hostiles à l'UE du capital, comme elles disent] le souligne, son parti a soutenu la législation européenne forçant les États membres de l'UE à privatiser et fragmenter leurs systèmes ferroviaires. Oh, et cette année, il a aussi appelé à diminuer le montant des retraites. L’Ukip est clairement un parti patronal. »
Cette description peu aguichante de l’Ukip, du moins pour les gens de gauche et les gaullistes authentiques (la question est : que sont de nos jours un socialiste, un communiste ou un gaulliste authentiques ?), est confirmée du bout des lèvres par la fiche Wikipédia consacrée au parti de Nigel Farage et de manière plus explicite par celle de Wikipedia en anglais selon laquelle, d’après les propos de monsieur Farage lui-même, l’Ukip serait composé des « véritables héritiers » de Margaret Thatcher et n’aurait même jamais vu le jour si cette dernière était demeurée premier ministre tout au long des années 1990[91] ; et Wikipédia (francophone ou anglophone) n’est pas un organe communiste, à la différence du Morning Star…
Bien que débutant par l’affirmation erronée que diffusent les médias français selon laquelle le FN proposerait de faire sortir la France de l’UE, un article du Figaro.fr (organe encore moins communiste que Wikipédia) a également fourni un intéressant résumé du programme politique de l’Ukip[92]. Il y était notamment écrit que ses membres « se considèrent comme de vrais libéraux. Dans un entretien accordé au Figaro du 14 avril 2014, Farage affirmait que “chez Marine Le Pen, il existe des opinions nationalistes, mais qu'elle avait aussi beaucoup d'idées socialistes.” Or, selon lui, on ne peut dans ces conditions voter en toute logique pour le FN si l'on est “un petit commerçant, un artisan ou un entrepreneur”. » Beaucoup d’idées socialistes chez Marine Le Pen ? Voilà qui est à méditer et qui en dit long sur l’appartenance politique extrémiste de monsieur Farage qui s’est positionné lui-même, au moins sur le plan socio-économique, à la droite du FN.
Ce n’était pas en tenant en haute estime ce leader très marqué à droite que le géniteur de l’UPR allait gagner la confiance de cette partie de l’électorat de gauche indispensable à son succès ultime, ni en propageant le mensonge éhonté d’un Nigel Farage soucieux des aspirations populaires. Ni même comme il le fit peu auparavant[93] en affirmant que l’UPR était prête à accueillir à bras ouverts monsieur Henri Guaino, ci-devant gaulliste social et député républicain, ex-parolier du président Sarkozy — néolibéral convaincu et atlantiste servile s’il en fut —, auteur en 2007 du mémorable discours de Dakar aux honteux relents paternalistes et soutien en 2012, en vue de la présidence de l'UMP, de l’inénarrable Jean-François Copé !
L’UPR prétend rassembler les Français de gauche comme de droite au-delà des clivages : mais comment être à la fois marxiste, jauressiste ou d’une autre obédience de gauche qui ne soit pas trop dépréciée (ni sociale-démocrate, ni sociale-libérale — ce qui revient au même —, ni radicale, lesquelles obédiences, ce n’est plus un secret pour personne, sont capables des pires compromissions vis-à-vis du fondement des doctrines progressistes) et couvrir d’un regard bienveillant, dans le cadre d’une organisation dont le programme s’inspire de celui du CNR de 1944, l’ultralibéral Farage et le sarkophile Guaino dont le socialisme pour chacun d’eux n’est pas vraiment la tasse de thé (ce, quels que furent d’ailleurs le talent, l’énergie et l’efficacité du premier à dénoncer au Parlement européen certaines des tares de l’UE) ?
Je ne vois pas davantage comment l’on peut, d’une part :
— se référer constamment à Charles de Gaulle, horripilante et contreproductive manie de François Asselineau qui en a demandé pardon à maintes reprises à son public, son repentir n’allant tout de même pas jusqu’à mettre en lumière les aspects les moins reluisants de la carrière politique de l’homme du 18 juin :
• présidence dans les années 1947-1955 du Rassemblement du peuple français, parti dont il était le fondateur et qui se livra à de multiples grenouillages, pratiqua allègrement le recyclage de collabos et se dota d’un service d’ordre violent[94], ancêtre du Service d’action civique qui forma dans les années 1960 une sorte de police parallèle au service du général, comptant de fameuses crapules dans ses rangs et commettant toutes sortes de crimes contre les communistes et les gauchistes[95],
• coup d’État de 1958 dont de Gaulle ne fut pas l’unique instigateur mais assurément le principal bénéficiaire au niveau politique[96],
• contrôle de l’information et censure de la presse[97], ce qui n’était pas l’apanage de la gouvernance gaullienne, mais en fut l’une des constantes,
• Maurice Papon préfet de police à partir de 1958, auquel de Gaulle remit de ses propres mains la croix de commandeur de la Légion d'honneur en juillet 1961, qui fut directement responsable le 17 octobre de la même année du massacre par la police placée sous ses ordres des Algériens résidant en France venus manifester pacifiquement en habits du dimanche à Paris sur l’injonction menaçante du FLN, occis par dizaines, certains après avoir été torturés dans les commissariats, et leurs cadavres jetés dans la Seine[98] ; puis, quelques mois plus tard, responsable de la tuerie de la station de métro Charonne au cours de laquelle neuf manifestants favorables à l’OAS — qui ne méritaient pas d’être tués quel que fût le caractère contestable de la cause qu’ils défendaient — périrent sous les coups des forces de l’ordre ou étouffés dans la bousculade ; Papon, qui fut félicité et maintenu à son poste jusqu’en 1967, et fut reconnu coupable sur le tard, le 2 avril 1998 aux assises, de complicité d'arrestation et de séquestration de juifs déportés à Auschwitz lorsqu’il était secrétaire général de la préfecture de Gironde en 1942-1944[99],
• gestion déplorable de la crise algérienne avec, à la fin, en 1962, abandon à leur triste sort des Harkis et Pieds Noirs demeurés sur place après les accords d’Évian, livrés à la vindicte populaire — à Oran notamment[100] — alors que les forces françaises non encore évacuées avaient ordre de ne pas intervenir (elles ne le firent que tardivement),
• traitement indigne des familles de Harkis qui avaient été admises au compte-gouttes à se réfugier dans l’Hexagone[101],
• etc.,
— placer sur un piédestal, avec les fameuses réserves d’usage, des personnalités très à droite qui ne ressentent, à l’instar de de Gaulle, qu’aversion pour ces communistes dont le soutien purement stratégique au général contre l’impérialisme germanique, puis états-unien, fut pourtant déterminant pour garantir à plusieurs reprises la sauvegarde et l’indépendance de notre pays,
et, d’autre part, affirmer vouloir unir dans un même sursaut national tous les Français partisans de la sortie de l’UE, de droite comme de gauche, donc… Il y a là comme une contradiction.
Pour l’UPR, l’électorat de gauche reste tout entier à conquérir, non seulement parce que celui-ci a rarement entendu parler de celle-là du fait de l’omerta médiatique dont elle soufre, mais aussi parce que l’omniprésence des mânes augustes de de Gaulle qui hantent ce parti entraîne la réticence naturelle des socialistes à son endroit et que les antécédents politiques fortement connotés de son président-fondateur, qui ne se peuvent effacer d’un coup de gomme (proximité avec Charles Pasqua en 1999-2006 et mandat de conseiller de Paris en 2001-2008, élu sous la bannière de Jean Tiberi, voir ma réponse à Jaja, 3/4, du 4 août 2017 à 17h32), freinent des quatre fers leur adhésion et leur vote.
Il faut à cet électorat des preuves positives de la bonne foi de l’UPR quant au respect de son principe primordial de neutralité idéologique, au moins dans les limites qui furent celles du CNR en 1943-1944 et en particulier sous la forme de mentions plus fréquentes (pour l’heure quasi inexistantes) sur son site web et dans la bouche de son chef des déclarations et actes émanant des grandes figures de gauche qui se sont opposées dans le passé à la construction européenne[102], du moins telle qu’elle était définie par le traité de Rome de 1957, ceci afin de contrebalancer la référence constante à de Gaulle[103] qui la discrédite en tant que parti de rassemblement (lire à ce propos l’échange de vues entre Ar zen et l’auteur paru du 24 août 2017 à 12h01 au 30 août suivant, à 0h02).
Mis à part quelques articles alibis déjà anciens publiés à dose homéopathique sur UPR.fr brossant avantageusement le portrait de chefs d’État d’Amérique latine réputés socialistes (le plus récent, consacré à Rafael Correa, remonte au 26 novembre 2014[104]) ou faisant l’éloge d’un Parti communiste français qui fut dans une vie antérieure résolument hostile à l’édification de l’Europe des grandes fortunes sous domination washingtonienne (article paru en août 2013[105]), ces preuves tardent à être produites et laissent penser qu’il y a anguille sous roche. La prise de position du président de l’UPR en faveur de Donald Trump, personnage dont les valeurs se situent aux antipodes des idéaux du CNR, n’a fait qu’aggraver cette suspicion. Or, c’est une question-clé : si François Asselineau ne comprend pas qu’il a lui-même suscité la répugnance de l’électorat de gauche en enfreignant la charte fondatrice de son propre parti, laquelle lui imposait la neutralité, et ne modifie pas son comportement en conséquence, l’UPR court inéluctablement à l’échec[106] (Tartempion se met lui aussi à prophétiser).
Maintenant que la mayonnaise a pris pour ce qui est de l’accroissement de ses effectifs au centre, à droite et à l’extrême droite patriotique (en dépit de la baisse du taux d’adhésion évoquée plus haut), il serait vraiment dommage que l’UPR et son chef hypothéquassent leurs faibles chances de réussite — et par là même celles de la France de survivre à l’expérience communautaire européenne — en laissant le naturel droitier du second reprendre le dessus et menacer de rendre inopérante la dialectique à laquelle ils eurent recours depuis 2007 dans le but de persuader une partie conséquente de l’électorat de gauche de leur accorder sa confiance.
Sans cet appui, et surtout sans le secours des socialistes au sens marxiste du terme — espèce philanthropique vivace quoique aujourd’hui éparse et paraissant en voie d’extinction, formant le poumon et le cœur historiques de la seule gauche qui vaille, celle qui toujours fit passer l’intérêt du prolétariat avant tout autre, servit pour cette raison les nobles ambitions du CNR aux heures sombres de l’Occupation, puis durant l’après-guerre, et dont le militantisme aujourd’hui désœuvré ne demanderait qu’à s’enflammer au contact d’une source d’énergie vivifiante —, ils échoueront, comme le général et ses disciples eussent échoué durant les années 1940 à 1946 s’ils avaient été privés du soutien pragmatique de leurs adversaires politiques au sein de la Résistance (prépondérance du renfort communiste à partir de 1943) et à l’intérieur des deux premiers gouvernements provisoires d’avant la IVe République, dans leur lutte pour la libération de la Patrie, puis dans leurs efforts de redressement national et de remise en bonne marche de l’appareil d’État. S’il ne séduit pas davantage à gauche, François Asselineau ne réalisera au bout du compte que le plein des voix gaullistes en partie ressuscitées. Insuffisant.
Faute de grives on mange des merles. En France, aux élections nationales, faute de gauche marxiste, non stalinienne et non trotskyste, ouvrière lato sensu — ce qui exclut d’office la gauche radicale, car le socialisme ne peut sourdre de la petite bourgeoisie agissant au nom et à la place des classes laborieuses —, c’est-à-dire faute de gauche de combat à la fois révolutionnaire, démocratique, profondément populaire et non viciée, capable de jouer le rôle actuel de l’UPR ou de l’épauler en vue d’extirper notre pays du piège unioniste européen — et ce ne sont ni l’autisme constitutif de LO, ni la scissiparité maladive des organisations lambertistes, ni le double jeu d’une FI (lire ma réponse en deux parties à Lonesome Cowboy en date du 12 juillet 2017, 0h49 et 0h50) et d’un NPA européistes (ce dernier reprit systématiquement à son compte ces dernières années la propagande guerrière de Washington au sujet de la Libye, de la Syrie et de l’Ukraine tout en proclamant avec aplomb son anti-impérialisme, cf. ma réponse en quatre parties à Jaja en date du 4 août, à partir de 17h31) qui apporteront la preuve de son existence —, je me suis donc résolu en 2017 à voter à la présidentielle et aux législatives pour les candidats de l’UPR, tel un pis-aller, une sorte de vote possiblement utile malgré qu’on en ait.
Bien que je ne fusse pas adepte du gaullisme prisé par François Asselineau et que je fusse en désaccord total avec sa critique bienveillante à l’endroit d’une certaine extrême droite (celle des Trump et des Farage) dont il pensait qu’elle apportait de l’eau à son moulin, j’ai essayé de contribuer à son élection en postant pour la première fois un texte sur Agora vox — Crise de foi —, dans l’intention d’alerter sur la mauvaise tournure qu’avait prise sa précampagne du point de vue d’un ex-militant (désormais vacciné) de la pseudogauche.
J’ai voté pour lui (puis pour les représentants locaux de son parti) afin qu’au moins, s’il tenait parole en cas de victoire, la France pût échapper à son anéantissement en tant qu’État-nation, programmé dès longtemps par les eurofédéralistes (les membres du Groupe Spinelli, par exemple, dont Dany le Rouge-de-la-honte-au-front est l’un des fondateurs). En bloquant le processus de son démantèlement, on préserverait ce qu’il y reste de libertés publiques et de droits du citoyen, sans quoi la lutte pour l’émancipation du prolétariat, la construction d’un socialisme à visage humain (ce devrait être un pléonasme) et le prosélytisme en faveur de la démocratie directe seraient si fortement entravés qu’il deviendrait presque impossible ou inutile de tenter de les promouvoir (à moins de repartir de zéro, que renaissent de leurs cendres les anciennes révoltes ouvrières et paysannes, d’en revenir aux conflits violents, frontaux et sanglants qui se succédèrent depuis les bagaudes de l’Antiquité gallo-romaine jusqu’à 1948, voire dans une certaine mesure jusqu’en 1968, contre le pouvoir aristocratique de la noblesse, puis contre celui non moins aristocratique de la bourgeoisie).
Le verrouillage de la société qui se profile sur l’horizon de l’UE sera à mon avis si complet qu’il éradiquera toute action révolutionnaire dans les urnes et dans les rues autre que symbolique et encouragée par le système lui-même afin de faire perdurer le mirage de la démocratie représentative. Il est à craindre que lorsque l’Union aura décuplé son caractère dictatorial par le biais de la fédéralisation, terrassant ainsi les dernières et timides résistances politiques ou sociales des nations qui en font partie, elle se muera en une sorte de vaste protectorat (germano-)yankee d’aspect avenant et sophistiqué, affublé des oripeaux de la démocratie, mais dirigé d’une main de fer dans un gant de velours par Washington (et Bruxelles, Francfort, Luxembourg, Berlin) et dans lequel la technocratie aveugle jouera un rôle comparable à celui jadis des sourdes bureaucraties nazie et stalinienne ou, à l’heure actuelle, états-unienne (FBI, NSA, CIA, etc.) ; l’état d’urgence permanent n’y sera pas un vain mot et la liberté d’expression en sera bannie, remplacée dans des canaux strictement contrôlés par l’oligarchie par une pensée unique présentée sous une infinie variété de formes et de nuances afin d’alimenter l’illusion de la pluralité des opinions publiées ; la haute bourgeoisie, sous la supervision US, y décidera de tout jusque dans les moindres détails par le truchement d’une classe politique aussi servile que celle qui sévit de l’autre côté de l’Atlantique nord, et sera bien plus autoritaire que le régime gaulliste qui fit régner l’ordre en France de 1959 à 1969 (ce qui n’est pas peu dire) ou, pire, que la gouvernance néolibérale fascisante exercée de nos jours par les institutions européennes (de nombreux indices au sein de l’UE tels que la collusion des partis politiques avec les grands possédants, la conception et le fonctionnement antidémocratiques de l’Union, la promulgation de lois nationales liberticides, le honteux traitement de l’information concernant la guerre de Syrie, la diabolisation outrée et incessante de la Russie, la création d’un Consortium international de journalistes d'investigation travaillant pour le compte des pires organes de l’oligarchie ou l’ostracisation de l’UPR dans les grands médias français nous montrent que cette vision sombre de l’avenir est d’ores et déjà pour partie réalité).
Il sera trop tard pour se rebiffer avec efficacité. La trappe se refermera pesamment sur les partisans de la révolution socialiste qui, désormais rendus totalement inoffensifs par le bâillon, la matraque et Big Brother[107], connaîtront durant de longues décennies un sort identique à celui de leurs frères états-uniens réduits depuis l’ère Reagan, dans les années 1980, à faire de la figuration et à légitimer par l’existence de leurs partis lilliputiens le statut démocratique de la dictature.
Il restait en 2017 aux progressistes français une chance de parvenir à infléchir aussi peu que ce fût le cours des événements dans une direction propice au socialisme : il s’agissait paradoxalement de la carte Asselineau, la carte de la souveraineté retrouvée et du combat politique mené à nouveau dans une arène nationale à taille humaine, soustraite autant que possible à l’intrusion des puissances étrangères, dans un cadre démocratique certes très imparfait, minimal pourrait-on dire (celui de la Constitution de 1958), mais perfectible (à condition de sortir préalablement de l’UE), qui a le mérite d’exister et dont la preuve a été faite y compris sous les lois fondamentales des IIIe et IVe Républiques, en 1936-1938 et durant les Trente Glorieuses, que des progrès sociaux substantiels pouvaient s’y accomplir sous la pression d’une classe ouvrière organisée en syndicat et parti puissants (congés payés, semaine de quarante heures, renforcement des conventions collectives, assurance chômage, formation professionnelle continue, etc.), ainsi que des améliorations notables dans les domaines de l’instruction publique, de la recherche scientifique, du développement des musées et des arts (apport inestimable de Jean Zay dans chacun de ces secteurs) ou des droits civiques (instauration du droit de vote des femmes en 1945).
Cette carte, il fallait s’en saisir puisqu’il n’y en avait pas d’autre à portée de main et la jouer sans illusion, sans hésitation non plus, sachant qu’une telle opportunité, même infime, de laisser la porte entrouverte au socialisme (ou à la société des sociétés que les anarchistes appellent de leurs vœux, « organisation libre et non-coercitive de groupes humains interagissant en coopération[108] ») risquait de ne pas se représenter de sitôt en France (où en serons-nous à la fin du mandat présidentiel d’Emmanuel le Fossoyeur ?).
Quant à l’abstention dès le premier tour, ordinairement souhaitable en l’absence de candidats opposés au primat de l’oligarchie atlantiste (ce qui ne veut pas dire anti-oligarchie nationale) pour ne pas cautionner le système politique contrôlé par cette dernière, elle n’a rien empêché : nous nous sommes retrouvés une fois de plus avec un chef de l’État qui s’évertue à satisfaire au mieux les exigences des institutions européennes et celles de l’impérialisme états-unien à notre détriment collectif. Elle n’a pas rompu (ni même entamé) le long continuum politique qui relie la présidence Mitterrand, à partir du tournant de la rigueur début 1983, à celle de l’actuel locataire de l’Élysée, visant à terme à anéantir la nation française et à vouer son prolétariat aux gémonies, à la ruine matérielle et morale, à l’esclavage moderne.
Il faut également espérer que monsieur Asselineau, qui fut tout ébaubi du « boulevard » qui semblait s’ouvrir devant lui comme la mer Rouge aux pieds de Moïse, comprendra bientôt, si ce n’est déjà fait[109], qu’il fit fausse route en tâchant de bénéficier des succès électoraux d’une droite anglo-américaine nationaliste et antiprolétarienne, située à l’opposé de la volonté de paix et de progrès social qui animait le CNR, et qu’ayant repris ses esprits il ne s’écartera plus du droit chemin de l’unité citoyenne… le seul qui puisse mener les patriotes républicains français de toutes les tendances à la victoire finale.
Je forme le vœu que d’autres que moi, plus persuasifs et ayant l’oreille du père de l’UPR, sauront lui faire quitter à jamais la voie de la démagogie dans laquelle il s’est si malencontreusement fourvoyé à la fin de l’an passé et au début de cette année, afin qu’il ne scie pas lui-même la fine branche d’olivier (le logo de son parti) qui symbolise l’unique espoir d’arracher pacifiquement la France à la phagocytose européenne, fragile branchette sur laquelle il s’est obstiné durant cinq mois à effectuer un numéro d’équilibriste aussi superflu que périlleux (son soutien modéré à Donald Trump en dépit des preuves à charge qui s’accumulaient contre lui).
Souhaitons qu’à l’avenir François Asselineau se fera plus modeste et donc plus crédible, plus mordant aussi[110], qu’il recherchera réellement le soutien des eurosceptiques de gauche[111] (c’est-à-dire des socialistes dans l’acception non inversée du terme, les marxistes ne pouvant être favorables à une union politique européenne qui n’est humaniste et progressiste que dans les préambules de ses traités constitutifs), ni plus ni moins que l’appui des électeurs de tout autre sensibilité patriotique républicaine, et qu’il livrera avec ses équipiers un combat bien plus vigoureux.
On tire toujours enseignement d’une défaite réelle ou apparente, a fortiori de ce qui a été ressenti comme une bérézina par cette fraction impatiente de l’électorat qui s’était imaginé que les chances de succès de l’UPR aux dernières élections nationales avaient augmenté à proportion de son développement rapide. Autre banalité tout aussi vraie, pour paraphraser le philosophe allemand : ce qui n’a pas tué Asselineau le rendra plus solide. Et comme il l’a dit lui-même, le temps lui donnera raison[112] (sur le frexit, pas sur Trump). Aidons-le à atteindre son objectif crucial d’indépendance nationale qui devrait être aussi celui de tous les Français, y compris en s’efforçant de le prémunir contre ses propres faiblesses comme j’ai essayé de le faire ici sans grand espoir d’y parvenir.
Achevé le 18 novembre 2017 et transmis à la modération d’Agora vox le lendemain.
Sigles : CIA : Central Intelligence Agency (Agence centrale de renseignement) – CNR : Conseil national de la Résistance – CSA : Conseil supérieur de l'audiovisuel – EELV : Europe Écologie Les Verts – FBI : Federal Bureau of Investigation (Bureau fédéral d'enquête) – FI : France insoumise – FLN : Front de libération nationale – FN : Front national – GI : Galvanized Iron (fer galvanisé), surnom des soldats de l’infanterie états-unienne (GI Joe) – KKE : Κομμουνιστικό Κόμμα Ελλάδας (Parti communiste de Grèce) – LO : Lutte ouvrière – LR : Les Républicains – LREM : La République en marche ! – NPA : Nouveau Parti anticapitaliste – NSA : National Security Agency (Agence nationale de la sécurité) – OAS : Organisation armée secrète – Otan : Organisation du traité de l’Atlantique Nord – PCF : Parti communiste français – PRG : Parti radical de gauche – PS : Parti socialiste – Tafta : Transatlantic Free Trade Agreement (traité de libre-échange transatlantique) – UE : Union européenne – Ukip : United Kingdom Independence Party (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) – UMP : Union pour un mouvement populaire – UPR : Union populaire républicaine – URSS : Union des républiques socialistes soviétiques – USA : United States of America (États-Unis d’Amérique ; US : états-unien, états-unienne) – WSWS : World Socialist Web Site (Site socialiste mondial).
Frexit : sortie de la France de l’UE.
NDR : note du rédacteur.
Je tiens à remercier le modérateur ou la modératrice anonyme qui m’a adressé en août une appréciation très pertinente au sujet de la deuxième partie (2a/2) de mon texte.
[64] ASSELINEAU François, op. cit. note 34 de la deuxième partie du présent article, de 15’33’’ à 15’40’’.
Assimiler la victoire d’un démagogue à celle du peuple relève de l’escroquerie à la démocratie. Dans des entretiens ultérieurs, François Asselineau affirma à propos de l’élection de Donald Trump : « tout ceci montre que les peuples sont en train de reprendre le pouvoir » (Entretien en direct de François Asselineau sur Facebook - Mercredi 16 novembre 2016, op. cit. note 38 de idem, à partir de 1h04’33’’, et « le pouvoir au bout du compte, il est bien dans le peuple. Voilà. C’est le peuple qui a le pouvoir » (François Asselineau invité de l’émission Toute la République, op. cit. même note, à partir de 3’23’’).
Le président Trump, qui paraît avoir étudié à fond le Manuel du parfait faiseur de dupes, ne dit autre chose au début de son discours d’investiture du 20 janvier : « La cérémonie d’aujourd’hui a toutefois un sens très particulier, car il ne s’agit pas seulement de transférer le pouvoir d’une administration à une autre ou d’un parti à un autre. Nous déplaçons le pouvoir de Washington pour vous le rendre à vous, le peuple des États-Unis. Pendant trop longtemps, une petite élite de la capitale de notre pays a profité des avantages de notre gouvernement, pendant que le peuple en faisait les frais. Les politiciens ont prospéré, alors que le peuple n’a tiré aucun bénéfice de toutes ces richesses. L’establishment s’est protégé lui-même, mais il n’a pas protégé les citoyens de notre pays. Leurs victoires n’ont pas été les vôtres. Leurs triomphes n’ont pas été les vôtres. Et pendant qu’ils faisaient la fête dans notre capitale nationale, il n’y avait rien à fêter dans les familles en difficulté partout au pays. À partir de maintenant, tout cela va changer. Parce que ce moment est votre moment. Il vous appartient. Il appartient à tous ceux qui sont réunis ici et à tous ceux qui nous regardent partout aux États-Unis. C’est votre jour, ceci est votre célébration, et ce pays, les États-Unis d’Amérique, est votre pays. Ce qui compte vraiment, ce n’est pas qui détient le pouvoir au gouvernement, mais le fait que le gouvernement est entre les mains du peuple américain. Le 20 janvier 2017 demeurera dans les mémoires comme le jour où le peuple aura repris le pouvoir au pays […]. Le serment que je prête aujourd’hui est un serment d’allégeance à tous les Américains. » (TRUMP Donald, Discours d’investiture, Réseau Voltaire, 21 janvier 2017).
Par quel procédé miraculeux le nouveau président US comptait-il rendre le pouvoir au peuple, au-delà des formules oratoires ? Par une refonte de la Constitution et l’instauration de la démocratie directe ? Non, bien sûr. Il était le peuple à lui tout seul et sa conquête de la Maison Blanche équivalait dans son sermon fallacieux, prenant ses administrés pour des caves, au retour des rênes de l’État fédéral dans les mains d’un peuple qui en réalité, depuis la fondation des États-Unis d’Amérique en 1776, n’a jamais eu voix au chapitre quant à la direction des affaires.
Cette soi-disant rétrocession du pouvoir au peuple fut bien entendu immédiatement contredite par le mode de gouvernance par décret qui fut celui du président Trump au début de son mandat : MARTIN Patrick, Le gouvernement Trump-Bannon : gouverner par décret, WSWS, 31 janvier 2017, original en anglais paru la veille sur le même site et TREMBLAY Rodrigue, Le gouvernement impérial étasunien de Donald Trump : une menace pour la démocratie américaine et un facteur de chaos pour le monde ?, Mondialisation.ca, 14 février 2017.
On se demande où résidait le pouvoir du peuple lorsque celui de ses faux représentants à la Chambre était lui-même piétiné…
Les structures partidaires gaullistes, estampillées ou non, soufrent toutes d’un défaut semblable, et l’UPR cryptogaulliste n’échappe pas à la règle : elles sont construites autour d’une figure proéminente et tutélaire qui croit (ou fait semblant de croire) personnifier et le peuple et la démocratie (commettant ainsi un lourd contresens sur le concept de démocratie, lequel ne se réduit pas à l’étymologie du mot : δήμος + ϰράτος = le pouvoir au peuple, ainsi que les porte-voix de l’UPR se plurent à le rabâcher durant la campagne présidentielle), et qui n’écoute en réalité qu’elle-même et les proches conseillers soumis à son autorité.
Il en va d’ailleurs ainsi pour de nombreuses autres organisations politiques non gaullistes telles que le Parti de gauche établi sur une obéissance de caniche exigée de la part de ses militants envers Jean-Luc Mélenchon, le FN, fondé sur une soumission absolue, le petit doigt sur la couture du pantalon, au clan des rentiers Le Pen, Debout la France, bâti sur la déférence en toute chose due à Nicolas Dupont-Aignan, etc., dirigées depuis leur fondation par les mêmes caciques indéboulonnables (Jean-Luc Mélenchon s’est mis officiellement en retrait du Parti de gauche, mais qui peut croire qu’il n’y est plus comme par le passé seul maître à bord de même qu’à la FI ?).
L’éviction brutale le 23 mai 2015 d’un responsables local de l’UPR, Yannick Hervé, exclusion qui entraîna la démission solidaire de l’un des membres du bureau national de cette organisation parmi les plus dignes de respect, Régis Chamagne, semble en outre indiquer que la direction du parti soit exercée de temps à autre de manière assez autocratique (αὐτὸς + ϰράτος = le pouvoir absolu, par et pour soi), POIL À GRATTER (pseudonyme), Désenchantement à l’UPR, Agora vox, 27 mai 2015 et DAMIEN (prénom ?), L’UPR chasse les complotistes, Agence Info libre, 22 septembre 2015.
Rien que de très banal en somme.
L’érudit qu’est monsieur Asselineau n’est pas sans connaître les thèses défendues par Étienne Chouard (Étienne Chouard au colloque Henri Guillemin 2013, vidéo et CHOUARD Étienne, Pas de démocratie digne de ce nom, références citées dans la note 25 de la première partie du présent article) et l’histoire antique de la démocratie athénienne (HANSEN Mogens H., La démocratie athénienne à l'époque de Démosthène, Tallandier, 2009, 498 pages, traduit de l’anglais, première édition en français chez Les Belles Lettres, 1993, édition originale états-unienne datant de 1991), et sait pertinemment que la faculté de se choisir des représentants n’équivaut absolument pas à « avoir le pouvoir » (et encore moins à le « reprendre » lorsque l’élu s’appelle Donald Trump), car dans une démocratie représentative, en l’absence de processus de contrôle direct et permanent par les citoyens eux-mêmes de l’action gouvernementale, de l’initiative législative et du vote des lois — ce qui est le cas en France comme aux États-Unis et dans la quasi-totalité des démocraties existantes —, c’est la représentation qui détient le pouvoir national (ou, dans la pénombre, les puissances d’argent qui l’ont soudoyée), pas le peuple qui n’a plus une fois les élections nationales passées que ses yeux pour pleurer.
François Asselineau est bien évidemment conscient de ce que le pouvoir du peuple à travers ses représentants dépend à cent pour cent de leur bon vouloir à satisfaire les desiderata de la nation selon l’interprétation qu’ils en font ; lors du Facebook Live du 15 janvier 2017, à la question posée par une internaute « Est-il possible que vous changiez d’avis une fois élu ? », il répondit : « Bien entendu, on est obligé de me croire sur ma bonne foi » (Entretien en direct de François Asselineau sur Facebook - Mercredi 25 janvier 2017, op. cit. note 38 de la deuxième partie du présent article, de 24’55’’ à 24’59’’ ; visionner aussi : François Asselineau était l’invité de la chaîne YouTube Thinkerview, vidéo, UPR, 8 mars 2017 [entretien datant du 12 décembre 2016], de 31’26’’ à 32’22’’).
Tout est là.
L’inscription dans la Constitution française du référendum d’initiative présidentielle révocatoire et du référendum d’initiative populaire voulue par lui constituerait cependant, dans le cas où il serait élu un beau jour à la présidence de la République, puis disposerait d’une majorité suffisante à l’Assemblée nationale pour mettre en œuvre sa politique, une indéniable avancée démocratique. Programme de libération. 20 points pour rétablir la démocratie, UPR, Programme présenté par François Asselineau lors de sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle le 3 décembre 2011 à Nogent-sur-Marne, seconde édition (2012) et Le Programme Présidentiel de François Asselineau en 2017 au Dock Pullman, présenté le 14 mars 2017, UPR, 2 avril 2017.
[65] ASSELINEAU François, op. cit. note 34 de la deuxième partie du présent article, de 17’56’’ à 18’18’’ et de 19’33’’ à 20‘00’’.
Depuis, en maintes occasions, le chef de l’UPR s’est répandu en propos qui avaient pour objet de le dissocier de la personnalité peu ragoûtante du nouveau président des États-Unis, preuve qu’il savait fort bien à quoi s’en tenir sur son compte. Aperçu : « Encore une fois, je ne suis pas là pour vanter Donald Trump [NDR : anglophone accompli, Asselineau prononce pourtant systématiquement Donaldeu Trump… de même qu’il prononce Rajoy comme s’il y avait une jota initiale], je me suis déjà exprimé sur le personnage ; c’est quelqu’un qui a dit des choses qui sont assez scandaleuses à certains égards, du moins s’il faut en croire ce qu’on nous en rapporte […], mais enfin, il a tenu des propos islamophobes, extrêmement misogynes, d’une grande vulgarité… Enfin bon, donc ce n’est pas ma tasse de thé. Il a d’ailleurs des propositions dans son programme qui ne sont pas conformes aux propositions que, nous, nous avons pour la France, que les choses soient bien claires. Mais néanmoins, une fois qu’on a dit ça, entre deux maux il faut choisir le moindre. Or, par rapport à madame Clinton, […] j’ajoute que monsieur Trump, jusqu’à preuve du contraire, il n’a pas de sang sur les mains », et : « J’ai déjà dit en quoi j’étais différent de Donald Trump. Il y a toute une série de choses qu’il a dites qui ne sont… II a des propos vulgaires, racistes, populistes, ça c’est vrai ; mais, il y a dans ce qu’il a dit des choses qui sont diablement intéressantes… » (François Asselineau invité de l’émission Toute la République, op. cit. note 38 de la deuxième partie du présent article, de 5’58’’ à 6’52’’ et de 13’05’’ à 13’18’’), ou encore : « Il a fait des déclarations tonitruantes qui ne sont pas de mon goût. Il a tenu des propos parfois à la limite du racisme, etc., ou de la misogynie, ça n’est pas notre style. Mais en matière internationale, force est de constater qu’il change l’eau du bocal […], il est en train de modifier considérablement la situation géopolitique » (François Asselineau invité de Jean-Jacques Seymour sur Tropiques FM, enregistrement sonore, UPR, mis en ligne sur YouTube le 24 janvier 2017 (entretien datant de la veille), de 21’00’’ à 21’20’’).
Lorsque quelqu’un tient des propos « vulgaires, racistes, populistes », il existe de fortes chances qu’il soit vulgaire, raciste et populiste dans l’âme et que ces traits de sa personnalité aient une incidence déterminante dans ses choix et sur ses actes politiques (petit florilège des délicatesses éructées par Donald Trump : KIRK Chris, PHILBRICK Ian Prasad et ROTH Gabriel, Trump a dit à propos des femmes : Il faut les traiter comme de la merde et 140 autres inepties du futur président des États-Unis, Slate.fr, 20 juillet 2016, original en anglais ; certaines de ces « inepties » étaient toutefois dépourvues de vulgarité ou possédaient un caractère anodin, ne figurant dans cette liste que pour alourdir artificiellement le dossier ; d’autres n’étaient là que parce qu’elles avaient heurté la prude sensibilité néolibérale et pro-impérialisme états-unien de Slate, organe associé au Monde et d’origine US).
Mais, puisque Donald Trump avait dit « des choses diablement intéressantes », on pouvait selon François Asselineau tolérer ses petits écarts de conduite et même le citer en exemple, à condition de ne pas oublier d’émettre les réserves d’usage…
Si monsieur Trump « n’[avait] encore tué personne » à la différence de son ex-adversaire démocrate dont le passif s’était alourdi de centaines de milliers de morts arabes lorsqu’elle était à la tête du département d’État dans l’administration Obama, plusieurs de ses projets politiques nous montraient néanmoins qu’il était virtuellement capable du pire, lui aussi : par exemple, le 13 novembre 2016, dans le magazine d'information 60 minutes de CBS News, Donald Trump annonça « qu’il avait l’intention d’emprisonner et de déporter deux à trois millions d’immigrants clandestins… » ELEY Tom, Trump nomme le fasciste Bannon comme premier conseiller et confirme vouloir déporter des millions d’immigrants, WSWS, 16 novembre 2016, original en anglais paru l’avant-veille sur le même site.
Marine Le Pen à côté, c’était de la gnognote, de la petite bière, de la roupie de sansonnet. Et son père, du mou pour les chats.
Les premiers décrets signés par le président Trump confirmèrent la mise en œuvre de cette politique répressive « à la limite du racisme », effectivement (KISHORE Joseph, Semaine 1 de Trump : un gouvernement de guerre et de réaction sociale, WSWS, 30 janvier 2017, original en anglais paru l’avant-veille sur le même site) ; le 17 février, deux notes de service émanant du département de la Sécurité intérieure autorisèrent la construction d’un vaste réseau de camps d’internement (LONDON Eric, 75 ans après l’internement des Japonais par Roosevelt, Trump prépare une rafle massive d’immigrés, WSWS, 21 février 2017, original en anglais paru la veille sur le même site) et l’on parla ensuite de onze millions de déportés potentiels : ANONYME, Donald Trump déclare la guerre à l'immigration clandestine mais épargne les Dreamers, France 24, 22 février 2017.
Rentrez donc enfouir votre honte au fond de vos tanières dorées, Marine et Jean-Marie, vous qui jouez si petit bras !
Les résultats de cette ignoble politique de traitement des immigrés illégaux dans un pays constitué à 98 % de descendants d’immigrés spoliateurs d’Indiens ne se firent pas attendre ; ils eussent fait saliver d’envie Nicolas Sarkozy lorsqu’il était aux commandes de l’Élysée et se livrait à ses bas instincts en persécutant les pauvres hères : MARTIN Patrick, Le gouvernement Trump intensifie la campagne de terreur contre les immigrés, 7 mars 2017, original en anglais paru la veille sur le même site.
Quant à avoir du sang sur les mains, le président Trump n’a à présent plus grand-chose à envier à madame Clinton, toute sa politique étrangère meurtrière en Syrie, au Yémen, en Irak, en Afghanistan, en Ukraine, au Venezuela et ailleurs, le prouve. Il sera demeuré immaculé une douzaine de jours dans l’exercice du pouvoir… Qui l’eût cru ? ANONYME, L’opération américaine dans le sud du Yémen est une défaite de taille, ParsToday, 1er février 2017.
François Asselineau l’a dit (François Asselineau invité de l'émission "Soleil Politique" sur Radio-Soleil - 7 mars 201, émission mise en ligne sur YouTube le 8 mars 2017, de 35’37’’ à 36’04’’ ; visionner aussi : COLLEGE EUROPEEN, Asselineau : interview avec la pire journaliste de LCI !, vidéo d’un entretien accordé à LCI, mise en ligne sur YouTube le 24 mars 2017, à partir de 2’51’’) :
« Je mets au défi, au défi ! les gens qui disent que nous sommes un mouvement d’extrême droite de trouver dans les dix ans de productions, de vidéos, d’analyses, de textes, la moindre trace de quelque chose d’extrême droite ; tout au contraire, nous, nous sommes justement un parti qui est fondé sur toutes les grandes valeurs républicaines et sur la volonté d’universalité de la France qui doit être un pays ouvert sur le reste du monde et l’ensemble des civilisations… ».
A-t-on droit à une caisse de champagne offerte par l’UPR si l’on apporte la preuve que celle-ci a vu d’un bon œil par l’entremise de son chef certain simili facho ?
Il déclara par ailleurs à plusieurs reprises qu’il ne se souciait guère de ce que Donald Trump comptait entreprendre au sein même de son pays : « La politique intérieure des États-Unis d’Amérique, ça c’est leur problème » (Entretien d’actualité avec François Asselineau, Agence Info libre, 22 janvier 2017 [entretien datant du 20 janvier 2016], de 5’25’’ à 5’29’’) et : « Je ne parle pas de la politique intérieure [des États-Unis], ça c’est pas mon problème » (François Asselineau invité de Jean-Jacques Seymour sur Tropiques FM, ibidem, de 20’57’’ à 21’00’’).
Position à peine nuancée dans son entretien d’actualité n°41 (ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°41 : Primaire de la gauche – Voyages de Theresa May – Attentat au Québec, vidéo, UPR, 2 février 2017 [entretien datant du 1er février 2017], de 13’02’’ à 13’44’’) : « Au passage, j’en profite pour dire un mot sur Donald Trump. Sa présidence commence en fanfare et sur les chapeaux de roue. Bon, il prend des décisions qui sont diverses et variées ; en politique intérieure, finalement, son interdiction sur la venue pendant trois mois aux États-Unis […] de ressortissants venant de sept pays… Aux dernières nouvelles, il paraît que les sept pays en question avaient été listés par l’administration Obama qui préparait un petit peu la même chose […] ; qu’est-ce qui va se passer ? Je n’en sais rien, ce sont les affaires intérieures américaines. Personnellement, je trouve ça assez contestable. »
Or, il était clair en ce début d’année, à l’époque où monsieur Asselineau s’exprimait ainsi, que Donald Trump était un ennemi impitoyable de la classe ouvrière. Le doute n’était plus permis.
Un article du WSWS à propos d’un discours prononcé par Donald Trump lors d’un rassemblement à Cincinatti le 1er décembre 2016 (KISHORE Joseph et WHITE Jerry, Trump présente un programme de droite ultra-nationaliste lors d’un rassemblement à Cincinnati, WSWS, 3 décembre 2016, original en anglais paru la veille sur idem) montrait sans équivoque que le président élu avait annoncé la couleur au sujet du traitement qu’il comptait infliger aux travailleurs états-uniens : « Tout en se fondant sur une rhétorique autour de la protection de “l’ouvrier américain”, les propositions politiques de Trump étaient centrées sur des réductions d’impôts massives pour les sociétés et sur la déréglementation, combinées à l’augmentation de la taille des forces armées, à l’élargissement des pouvoirs de la police et à la réduction radicale de l’immigration. […] Comme ce fut le cas au cours de sa campagne présidentielle, Trump a fait un appel démagogique à la colère sociale contre la baisse des salaires et l’inégalité sociale. “Notre gouvernement [NDR : les gouvernements antérieurs au sien] n’a pas réussi à protéger les intérêts du travailleur américain”, a-t-il dit. “Une main-d’œuvre en baisse et des salaires qui stagnent ne vont pas devenir la nouvelle norme”. Il y a un énorme fossé entre cette rhétorique populiste vide et le personnel que Trump a choisi pour peupler son gouvernement. Ce discours a suivi une série de choix pour son cabinet, y compris [des] milliardaires dépeceurs d’actifs, [des] banquiers de Wall Street et des opposants inébranlables à la réglementation financière et corporative, à l’éducation publique et à la sécurité sociale, pour diriger les ministères du Trésor, du Commerce, de l’Éducation, de la Santé et des Services sociaux. En dépit de ses grandes envolées sur “l’unité nationale”, le futur gouvernement Trump mènera une guerre de classe brutale. Le “plan d’action” de Trump est centré sur la libération des entreprises de toute restriction à l’exploitation et au profit. “Actuellement, nous punissons les entreprises qui font des affaires en Amérique [NDR : sous-entendu, dans la mégalomanie yankee, aux États-Unis d’Amérique]”, a-t-il déclaré. Pour ramener les emplois, la nouvelle administration “[allégera] massivement les impôts et fera de l’Amérique le meilleur endroit au monde pour embaucher, investir, grandir, créer et se développer”. Il a ajouté qu’il “éliminerait tous les règlements inutiles qui minent la capacité de nos travailleurs et de nos entreprises à concurrencer des entreprises de pays étrangers”. » Autrement dit, vive le moins-disant social, vive la dégradation accélérée des conditions d’existence de l’ouvrier US et leur mise au niveau de celles du surexploité bangladais ! Si ce n’est pas la manifestation d’une volonté d’égalité entre tous les travailleurs par delà les frontières, ça ! Trump est un communiste qui s’ignore.
Dans un texte plus récent signé du même auteur et mis en ligne sur le WSWS le 1er mars 2017, on pouvait lire : « Dans une directive politique publiée hier [NDR : le 27 février], le gouvernement Trump appelle à une augmentation massive de 10 % des dépenses militaires, qui doivent être financées [sic] par des réductions dans tout le reste : éducation publique, transports en commun, logement, formation professionnelle, arts, contrôle de la pollution et réglementation en matière de santé et de sécurité au travail. L’État administratif doit être remplacé par l’État-caserne, où toutes les ressources de la société américaine sont subordonnées aux préparatifs de la classe dirigeante pour la guerre mondiale », KISHORE Joseph, Le gouvernement Trump et la crise du capitalisme américain, WSWS, 1er mars 2017, original en anglais paru la veille sur le même site.
Tout ceci a largement été confirmé ensuite par la mise en œuvre de la politique trumpienne, notamment dans le domaine de la fiscalité : LONDON Eric, Le plan fiscal de Trump : ce que souhaite l’oligarchie américaine, WSWS, 11 octobre 2017, original en anglais paru le 2 octobre précédent sur le même site, article dans lequel on voit que le sort des travailleurs blancs ou moins blancs de son pays est le cadet des soucis de l’oligarque-président (voir en sus son désintérêt pour la situation désespérée de centaines de milliers de ses compatriotes pauvres, notamment portoricains — Porto Rico est un territoire non incorporé des États-Unis —, anéantis par les dévastations que les ouragans Harvey et Irma ont engendrées dans les Caraïbes, la Floride et le Texas : MARTIN Patrick, Les ouragans Irma et Harvey : catastrophes naturelles et faillites politiques, WSWS, 11 septembre 2017, original en anglais sorti l’avant-veille dans les mêmes pages [on n’est pas tenu de suivre l’auteur dans sa conviction de l’évidente existence du « réchauffement climatique » et encore moins dans ses accusations déplacées de négationnisme à l’encontre de ceux qui en contestent la réalité], et KISHORE Joseph, Des ouragans aux réductions d’impôts : la classe dirigeante se met au travail, WSWS, 14 septembre 2017, original en anglais paru la veille sur idem) et que sa politique intérieure se résume à favoriser exclusivement les intérêts de sa propre classe sociale (sur les liens étroits qu’entretient l’administration Trump avec l’oligarchie anglo-états-unienne, cet exemple révélateur : MONBIOT George, Comment l’argent noir des entreprises prend le pouvoir des deux côtés de l’Atlantique (The Guardian), Le Grand Soir, 6 février 2017, original en anglais paru quatre jours plus tôt dans The Guardian — inutile de préciser que la conclusion de ce brillant article : « Sortir de l’Europe signifie une plus grande intégration avec les États-Unis » est on ne peut plus discutable. Rien n’oblige madame Theresa May et son gouvernement à se soumettre davantage à la domination états-unienne en sortant de l’UE sinon leur profonde volonté de satisfaire aux exigences de l’oligarchie britannique par un surcroît de libéralisme et d’inféodation à l’Empire). Et il n’y va pas avec le dos de la cuiller, l’animal… Trump, Obama, Bush, Clinton, Macron, Hollande, Sarkozy, Tsipras, Samaras, Papandréou, Merkel, Schröder, May, Cameron, Blair, etc., même combat ! Jamais l’Internationale capitaliste n’a été aussi ingambe et débordante d’audace, d’arrogante confiance en sa toute-puissance, en sa radieuse destinée !
Il est certain que si, comme François Asselineau le fit, l’on ne tenait compte que des déclarations d’intention de monsieur Trump en matière de politique étrangère, on le délestait d’une bonne partie de ce qui le rendait imbuvable aux socialistes dont les sympathies vont aux prolétaires (la précision n’est pas inutile de nos jours) et, d’une façon plus générale, aux humanistes non voltairiens, amis ou faisant partie de la plèbe. L’inconvénient était qu’on adoptait ce faisant une attitude hypocrite — Couvrez cet ultralibéralisme que je ne saurais voir — qui consistait à ne pas accorder d’attention à ce qui trahissait le plus sûrement la personnalité politique immonde de monsieur Trump : ses mauvaises intentions à l’égard de la majorité laborieuse de son pays et des populations déshéritées y vivotant par dizaines de millions, et à faire semblant de croire que le loup introduit dans la bergerie ne devait pas être si méchant qu’on le disait puisqu’il avait promis de se comporter au dehors en doux agneau.
Monsieur Asselineau était en revanche outré (avec raison) par le fait qu’en France Nicolas Dupont-Aignan se fût approprié certaine fumisterie racialiste : « Je ne suis pas d’accord, je suis même assez scandalisé des propos comme ceux, indignes, indignes ! qu’a tenus monsieur Dupont-Aignan il y a quelques semaines, quelques jours, où il a enfourché la théorie du grand remplacement, c’est-à-dire de l’invasion… que les Français de souche allaient être submergés, etc. Ce sont des théories d’extrême droite que même le Front national n’ose plus reprendre à son compte. » (Entretien en direct de François Asselineau sur Facebook - Mercredi 25 janvier 2017, op. cit. note 38 de la deuxième partie du présent article, de 35’01’’ à 35’28’’).
Donald Trump, lui, eût osé.
À propos du personnage Trump et des raisons de son succès électoral relatif, cet avis savoureux de l’un de ses compatriotes initialement favorable à Bernie Sanders, autre grand démagogue devant l’Éternel : « La vérité a déferlé sur le pays, la vérité trumpienne de ce que sont les USA, ceux que nous refusons de voir. Cette élection est comme le portrait dévoilé de Dorian Gray : un personnage hideux et cinglé, trop longtemps rangé au placard mais désormais en pleine lumière. Il faut lui souhaiter la bienvenue. Parce que Trump est le représentant honnête du peuple usaméricain. Narcissique, accapareur, cupide, rustre, arrogant, d'une ambition malsaine, éructant des menaces, se complaisant dans son ignorance, bouillonnant de ressentiment : c'est ça l'Amérique. C'est ce qu'elle a toujours été, la terre des millionnaires en devenir qui ont du mal à boucler leurs fins de mois et votent pour les millionnaires qu’ils aimeraient devenir. Une culture d’arnaque, de triche, de mensonge, de fraude, d’exploitation, de business et de fric. Le Rêve usaméricain, qui dit que nous allons tous devenir riches, est une pathologie », KETCHAM Christopher, Pourquoi j'ai voté Trump : il est temps que la gauche voie les USA tels qu’ils sont, Tlaxcala, 4 décembre 2016, original en anglais paru le même jour sur le même site.
(Comme chez tous les peuples sous toutes les latitudes, il existe bien évidemment aux USA des gens affables, chaleureux, généreux, altruistes, pacifiques et par-dessus tout perspicaces, qui ne votent ni républicain ni démocrate ou s’abstiennent.)
[66] ASSELINEAU François, op. cit. note 34 de la deuxième partie du présent article, de 20’49’’ à 21’02’’.
[67] Le mur de la honte qui « existe déjà » mesure 1120 km de long et la frontière, environ 3200 km, soient au minimum 2000 km de plus, CALFAT Marcel et LATREILLE Christian, Le mur États-Unis-Mexique en 15 images, Radio-Canada.ca, 7 juin 2016, MERMET Daniel, CHAO Antoine et ANQUETIL Giv, Retour à la frontière Mexique/USA (2008). Glenn is watching you, reportage-radio du 4 avril 2008 pour France Inter, Là-bas si j’y suis, 25 novembre 2016 et ALVARADO Guillermo, Le mur de Trump, qui existe déjà, Radio Havane Cuba, 26 janvier 2017.
Plus de dix mille immigrants latino-américains — François Asselineau en évoquait chichement « plus de deux ou trois cents » (ASSELINEAU François, op. cit. note 34 de la deuxième partie du présent article, à partir de 21’30’’) — ont perdu la vie en se faisant tirer dessus comme des lapins, leurs dépouilles souvent anonymes emplissant aujourd’hui des cimetières entiers, CALFAT Marcel et LATREILLE Christian, ibidem.
Le raisonnement benoît de monsieur Asselineau semblait être le suivant : puisque les immigrés clandestins se faisaient déjà trouer la peau auparavant, pourquoi reprocher au président élu Donald Trump son intention de poursuivre le massacre ? Ses prédécesseurs avaient les mains couvertes de sang et on ne leur avait rien dit ou presque ! Il n’y avait donc aucune raison d’en vouloir spécialement au promoteur de « l’Amérique d’abord », question d’équité.
Le 25 janvier 2017, le président Trump annonça que la construction du mur allait être relancée, comptant mettre le Mexique à contribution pour en assurer le financement, AP & Reuters, Mur aux frontières : Trump veut forcer la main au Mexique, Radio-Canada.ca, 26 janvier 2017.
Réaction de ses aficionados : Youpi ! Enfin un élu qui tient ses promesses ! Monsieur Asselineau déclara : « Ce qui n’est pas contestable, c’est que le président Trump, eh bien ! il est en train de mettre en œuvre son programme, et ça c’est déjà quelque chose qui est assez spectaculaire, c’est de voir un dirigeant qui met en œuvre le programme pour lequel il a été élu. [C’est] suffisamment rare pour que ce soit souligné » (ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°41, op. cit. note 65, de 13’44’’ à 14’02’’).
Chapeau bas, donc, devant monsieur Trump, homme de parole ! mais en gardant à l’esprit qu’en 1933, après que son parti eut remporté les élections législatives allemandes sur la base d’un programme nationaliste et xénophobe dans lequel on avait promis monts et merveilles aux couches populaires, un moustachu né sur les rives de l’Inn accéda au pouvoir et mit lui aussi en œuvre « le programme pour lequel il avait été élu », avec grand scrupule contre les humbles et non moins grande clémence envers les riches.
[68] ASSELINEAU François, op. cit. note 34 de la deuxième partie du présent article, de 20’00’’ à 20’45’’ et de 24’42’’ à 25’03’’.
[69] Ibidem, de 22’15’’ à 24’20’’ et de 25’04’’ à 25’37’’.
Dans son entretien d’actualité n°40 (ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°40 : Déclarations de Trump – Hard Brexit – La gifle de Valls, vidéo, UPR, 21 janvier 2017 [entretien datant du 18 janvier 2017], de 7’10’’ à 8’17’’), François Asselineau redit les mêmes choses sans tenir compte des enseignements apportés dans l’intervalle par la composition du nouveau gouvernement (fortement lié aux milieux d’extrême droite, à l’oligarchie globaliste et aux fauteurs de guerre galonnés), alors quasi officielle : « Pour un mouvement politique comme le nôtre et pour les idées et le programme que je défends, en fait, presque miraculeusement, la situation est en train de se dégager, c’est-à-dire que si nous arrivons au pouvoir nous aurons de l’autre côté de l’Atlantique, finalement, un pouvoir à Washington qui n’aura jamais été aussi favorable […] aux idées que je développe, depuis des décennies. Monsieur Trump était pour le brexit, il ne pourra pas être contre le frexit. Monsieur Trump est contre le Tafta, ça tombe bien, nous aussi ! Monsieur Trump dit que l’Otan est une structure obsolète, eh bien ! ça tombe bien, on veut en sortir, voilà ! Monsieur Trump reprend langue avec Vladimir Poutine et veut faire baisser les tensions, tant mieux ! Tout ça, nous ne pouvons que nous en réjouir. Attendons quand même la suite des événements parce que je pense que les États-Unis sont entrés […] dans une phase d’instabilité dangereuse puisqu’il s’agit […] de la première puissance militaire mondiale qui est en train de perdre son statut. C’est ça la réalité. » Idem in François Asselineau était l’invité de la chaîne YouTube Thinkerview, op. cit. note 64, de 39’55’’ à 46’17’’ et François Asselineau invité de Jean-Jacques Seymour sur Tropiques FM, op. cit. note 65, de 20’15’’ à 20’41’’.
Une remarque en passant : ne perdons pas de vue qu’avec ou sans le Tafta (ce serait mieux sans, bien sûr), les États-Unis d’Amérique entraîneront dans leur spirale descendante les pays membres d’une UE arrimée à leur destin, le rapport de dominant à dominés qui régit leurs relations mutuelles n’étant pas près d’évoluer, ce quelles que furent ou soient les charges verbales portées par l’hôte actuel de la Maison Blanche contre l’UE (ou contre l’Allemagne) tendant à faire apparaître cette dernière comme une rivale intolérable (cf. note 40 de la deuxième partie du présent article), et quels que soient en réponse les signes d’énervement réels ou simulés d’une Allemagne militairement occupée par les forces armées états-uniennes depuis plus de soixante-dix ans.
[70] ASSELINEAU François, op. cit. note 34 de la deuxième partie du présent article, de 26’09’’ à 26’13’’ et de 27’24’’ à 27’30’’.
[71] Ibidem, de 28’03’’ à 28’13’’ et de 33’18’’ à 33’47’’.
[72] Ibidem, de 47’34’’ à 47’49’’.
[73] ASSELINEAU François, Encore une analyse confirmée. Dans mon entretien d’actualité du 1er novembre, j’affirmais que Donald Trump avait de sérieuses chances d’être élu président des États-Unis, UPR, 9 novembre 2016.
(On remarquera cependant, quitte à jouer les rabat-joie, que l’hypermédiatisation en mauvaise part de Donald Trump, le hideux ennemi du système, valant bien dans un pays en crise l’encensement continuel dont bénéficia l’amie dévouée des classes moyennes, la probabilité que le premier fût élu était approximativement d’une chance sur deux, les petits candidats n’entrant guère en ligne de compte bien que leurs résultats cumulés eussent fortement progressé en 2016. Voici qui relativise le don de double vue de notre énarque favori.)
Dans son entretien d’actualité n°42, le 1er mars 2017, monsieur Asselineau, qui manie l’euphémisme comme pas un lorsque cela l’arrange, réduisit le début de la présidence Trump à « un mois émaillé, paraît-il, de messages Twitter, comment dirais-je ? un peu inopinés ou impulsifs, émaillé surtout d’une espèce d’hostilité constante des grands médias, sans compter aussi la démission forcée […] de son conseiller à la sécurité », ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°42 : Parrainages – Salon de l’Agriculture – L’affaire Fillon – Trump – Perturbateurs endocriniens, vidéo, UPR, 2 mars 2017 (entretien datant du 1er mars 2017), de 24’20’’ à 24’45’’.
Et, plutôt que d’adopter un profil bas à la suite de la décision de Donald Trump d’augmenter de cinquante-quatre (puis de quatre-vingt-quatre) milliards de dollars le budget du Pentagone (AFP et Reuters, États-Unis : Trump augmente les dépenses militaires de 54 milliards de dollars, France 24, 27 février 2017 et ANONYME, Trump porte l’augmentation des dépenses militaires de 54 à 84 mds USD, Sputnik France, 28 février 2017), déjà supérieur aux crédits alloués à la défense par le reste du monde — décision qui trahissait clairement les projets belliqueux du président Trump contrairement aux assurances de paix que l’homme-qui-ne-se-trompe-jamais avaient délivrées, la mine réjouie, le 9 novembre —, le patron de l’UPR s’employa à noyer le poisson en n’évoquant que les répercussions induites dans les médias occidentaux par cette nouvelle alarmante, ASSELINEAU François, ibidem, de 24’46’’ à 26’37’’.
Ainsi, se vantait-il bruyamment d’avoir vu juste d’une manière globale ou sur tel point précis, et sifflotait-il d’un air dégagé, le nez pointé vers le ciel et les mains croisées derrière le dos, lorsqu’il s’était planté grave sur un sujet d’ampleur mondiale (Trump le Pacifiste) en espérant que cela passerait inaperçu.
Il poursuivit : « On a l’impression que désormais les États-Unis d’Amérique sont sous la coupe de sociétés financées sans doute par les trucs style [parole incompréhensible], George Soros et compagnie, c’est-à-dire par cette oligarchie qui a décidé, eh bien ! tout simplement de ne pas se laisser déposséder de son pouvoir et d’exiger du nouveau président des États-Unis qu’il file doux » (ibidem, de 26’41’’ à 27’05’’). Le 9 novembre, il avait pourtant martelé sans ambages : « Alors là, Trump, tout était fait [NDR : pour qu’il perde]… Il y avait des machines à voter qui trichaient, il y avait tous les médias qui soutenaient ouvertement madame Clinton, etc. Bon ! C’est Trump qui gagne : ah ! mais non, [selon certaines personnes] c’est en fait l’oligarchie qui est derrière. Non, ça, faut arrêter parce que […] ça veut dire qu’il y a des gens qui considèrent que l’oligarchie euro-atlantiste serait une espèce de démiurge invincible et que quoi qu’il se passe, c’est eux [sic] qui sont derrière et qui sont bénéficiaires. C’est faux ! C’est faux ! » (ASSELINEAU François, op. cit. note 34 de la deuxième partie du présent article, de 26’33’’ à 27’06’’).
Si l’on comprend bien, ce qui était faux avant l’élection était devenu vrai après ? L’homme qui avait défié avec succès l’oligarchie durant la campagne présidentielle n’était plus capable de l’affronter depuis qu’il s’était emparé du pouvoir ? Cette sornette était commode pour fournir une justification aux multiples retournements de veste du nouveau président états-unien sans que monsieur Asselineau n’eût à se déjuger ni à faire acte de contrition : c’était la faute à Soros, à la CIA, aux Clinton et aucunement à la fausseté de son analyse, à la duplicité de Donald Trump ou à l’énorme supercherie politique que constitue le principe même de la démocratie représentative, autre nom de la ploutocratie comme dirait Étienne Chouard (CHOUARD Étienne, op. cit. note 25 de la première partie du présent article) ou de l’oligocratie selon Christian Laurut (LAURUT Christian, Le procès de la démocratie représentative, Agora vox, 6 novembre 2017), qui ne laisse parvenir au pouvoir à travers ses différents cribles et opérations de manipulation de masse que ceux qui la servent. Sauf exception en ce qui concerne le président-fondateur de l’UPR ?
Dans une vidéo ultérieure, on a pu dénoter que l’homme du frexit avait accompli un timide progrès dans la reconnaissance de sa faillibilité personnelle (ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°47 : Que font UPR, gouvernement et opposition ? – Macron à l’Est – L’idée de Sarkozy, vidéo, UPR, 30 août 2017 (entretien datant du 28 août 2017, à 1H04’24’’) : « les dix ans et demi écoulés montrent que je ne me suis que très rarement trompé, c’est le moins qu’on puisse dire. » Il est donc possible, d’après ses propres paroles, qu’il commette des erreurs… quoique « très rarement ». Il est vrai qu’en comparaison de ses adversaires politiques dont le métier est de nous mentir en permanence (au minimum sur la nature du projet européen) et d’accumuler les erreurs volontaires (perfidie) ou réelles (incompétence), il lui sera beaucoup pardonné !
[74] Cela n’a pas empêché l’« équipe de rédaction » de l’UPR de nous asséner encore récemment, avec un sacré culot, que les Français qui accordent leur confiance à François Asselineau le font « parce qu’il ne s’est jamais trompé depuis dix ans, ni sur les analyses, ni sur les propositions, ni sur le positionnement politique », En s’indignant que Mélenchon plagie Asselineau, un député En Marche reconnaît implicitement la percée des analyses d’Asselineau et de l’UPR sur la scène politique française, UPR, 20 octobre 2017 [texte daté de la veille].)
[75] ANONYME, Après Alstom énergie et Technip, Airbus est-il menacé de passer sous contrôle américain ?, RT en français, 17 octobre 2017.
[76] La Trump Tower, un chantier à scandales, vidéo extraite d’un reportage réalisé par Sophie Przychodny et Manon Heurtel intitulé Welcome to Trumpland, Babel Press & Spicee, 2016, diffusé le 10 novembre 2016 sous le titre Bienvenue à Trumpland dans Complément d'enquête, magazine d’investigation présenté par Nicolas Poincaré, sur France 2, Francetv info, 11 novembre 2016.
[77] Cf. note 57 a) de la deuxième partie du présent article.
[78] Seuls les irréductibles thuriféraires de Donald Trump tels Thierry Meyssan (lire son effarant article publié en ligne par le Réseau Voltaire : MEYSSAN Thierry, Trump reprend le combat contre l’establishment US, Réseau Voltaire, 24 octobre 2017, ainsi que les notes de fin n°15 de Crise de foi chez les trumpolâtres et n°2 de Sur François Asselineau, l’UPR, l’abstention et les trumpolâtres (1/2)) se refusent encore à admettre la mystification que fut son élection, s’efforçant de minimiser sa trahison vis-à-vis de son électorat en nous expliquant que c’est l’État profond qui l’a forcé à renoncer à l’essentiel de son programme ; ce faisant, ils s’enfoncent dans le déni, exactement comme, avant eux, les partisans de la pseudogauche dite sociale-démocrate le firent à chaque nouveau renoncement de leurs champions (les Mitterrand, Jospin, Védrine, Glavany, Lienemann, Mélenchon, Buffet, Gayssot, Simitis, Papandreou, Tsipras, Varoufakis, Lafazanis, Konstandinopoulou, etc.) aux commandes de l’État, du gouvernement, de ministères ou de la Vouli (chambre des députés grecque), clamant : « ce n’est pas de leur faute (sous-entendu : s’ils trahissaient leurs promesses), on ne les laisse pas mettre en œuvre leur programme ! » Combien de fois l’ai-je entendue cette antienne ! Pourquoi continuer à les soutenir alors, après qu’ils ont quitté le pouvoir, puisqu’ils ne savent pas tenir tête aux oligarques quand ils en ont l’occasion et n’ont ensuite pas même l’élégance et la loyauté d’abandonner toute fonction politique en avouant leur complète impuissance résultant au mieux de leur couardise, au pire de leur duplicité ? Quand on remplit les fonctions de politicien professionnel de gauche sans avoir le cran d’un Chávez, d’un Moulin ou d’un Robespierre, on change de métier. On vend des ours en peluche.
[79] À la rentrée 2017, le patron de l’UPR n’a pas hésité à masquer la situation réelle de son parti en termes de baisse drastique du taux d’adhésion (ASSELINEAU François, Entretien de François Asselineau en direct sur YouTube, vidéo UPR, mise en ligne sur YouTube le 6 septembre 2017, à partir de 58’23’’) en affirmant : « depuis le 5 juillet dernier, nous avons fait plus de 2040 adhésions », sans indiquer le nombre de démissions ou de non-renouvellements d’adhésion concomitants. Or, le 29 juin 2017, une semaine avant ledit 5 juillet, le compteur de l’UPR indiquait 28 455 adhérents (voir le compteur en bas à droite in François Asselineau répond aux questions des internautes en direct sur YouTube, au début de la vidéo mise en ligne sur YouTube le 29 juin 2017) et n’en mentionnait que 28 736 le 6 septembre 2017 (ASSELINEAU François, ibidem, à la fin de l’entretien), avec un solde positif entre les deux dates de seulement 281 adhérents (à l’heure où j’achève mon article, en ce 18 novembre à 23h40, deux mois et quelques après le 6 septembre, l’UPR compte 29 273 adhérents, soient cinq cent trente-sept de plus). On était loin des plus de deux mille en deux mois, soit l’équivalent d’un NPA au grand complet, claironnés par monsieur Asselineau qui a sans doute cru intelligent de procéder à la manière de Pôle Emploi dont les annonces mensuelles du nombre de chômeurs ne tiennent pas compte des radiations… Il ne s’agissait pas d’une simple erreur ou imprécision de sa part puisqu’une dizaine de jours plus tard il chantait le même refrain : « depuis le 5 juillet, on a fait bientôt plus de 2100 adhésions » (François Asselineau a été interrogé par Nader Alami sur la chaîne de télévision franco-tunisienne Al Janoubiya TV, vidéo, UPR, 13 septembre 2017, à partir de 6’44).
Aucune clarification ou rectification depuis, à ma connaissance.
[80] ASSELINEAU François, op. cit. note 34 de la deuxième partie du présent article, de 48’07’’ à 48’26’’.
Fin janvier 2017, il affirmait encore : « Je pense réellement que je vais être la surprise de l’élection présidentielle. Vous allez voir ce qui va se passer. Je pense qu’on va faire un truc assez énorme » (François Asselineau invité de Jean-Jacques Seymour sur Tropiques FM, op. cit. note 65, de 13’40’’ à 13’50’’).
Jean de La Fontaine a écrit quelque chose sur ce thème, je crois. Une histoire de grenouille et de bœuf.
[81] Au mois de janvier passé, sans désemparer, François Asselineau véhicula une nouvelle fois la même fable : « L’élection de Donald Trump aux États-unis d’Amérique, le 8 novembre dernier, […] a montré que le peuple américain a fait un bras d’honneur à l’oligarchie qui a mis la main sur la quasi-totalité des grands médias. » ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°39 : Effritement européen – Fin du mandat Obama – Régionalisme – Sondages, vidéo, UPR, 10 janvier 2017 (entretien datant du 4 janvier 2017), de 1’46‘’ à 2’01’’.
[82] Je rappelle que le débarquement du 6 juin 1944 sur les plages de Normandie n’avait pas pour but de libérer la nation française, mais 1) de contrer de toute urgence, afin qu’elle ne puisse mettre la main sur la quasi-totalité de l’Europe continentale, l’Armée rouge dont la progression vers l’ouest était devenue irrésistible après les batailles de Moscou, de Stalingrad, de Koursk et du Dniepr, la destruction de l’URSS par les nazis financés à cette fin par les capitalistes occidentaux ayant échoué et les troupes alliées sous commandement anglo-saxon progressant avec difficulté en Italie, et 2) de soumettre la France à la domination US (ASSELINEAU François, L’histoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer le débarquement des Anglo-Saxons, UPR, 8 juin 2014).
[83] Aux USA, le taux de participation (ou inversement d’abstention) est déterminé par rapport au nombre de citoyens en âge de voter et jouissant de leurs droits civiques (Voting Eligible Population ou VEP) potentiellement et non effectivement (comme en France) inscrits sur les listes électorales, ce qui à participations égales le fait apparaître inférieur à ce qu’il serait s’il était évalué selon le mode de calcul français.
Ce taux a légèrement baissé en 2016 par rapport à 2012 (respectivement 61,4 % et 61,8 %) et de manière plus nette par rapport à 2008 (63,6 %) et 2004 (63,8 %), FILE Thom, Voting in America : A Look at the 2016 Presidential Election, United States Census Bureau, 10 mai 2017, en anglais.
Cette abstention que redoutait tant pour lui-même François Asselineau lorsqu’il exhortait son public à s’inscrire sur les listes électorales et à aller voter constitue de très loin le premier parti des États-Unis.
[84] BRETEAU Pierre, Élection américaine : une participation en baisse par rapport aux années Obama, Le Monde.fr, 9 novembre 2016.
[85] Donald_Trump, 3.3.1 Élection par le collège électoral, Wikipédia, dernière modification le 11 novembre 2017 à 11h16.
C’est une des particularités de l’élection présidentielle états-unienne au suffrage universel indirect que de voir parfois le candidat qui a remporté le popular vote (vote populaire en français, à valeur purement indicative), c’est-à-dire recueilli sur l’ensemble du territoire fédéral le plus grand nombre de voix, être néanmoins battu par le concurrent arrivé en seconde position, à cause d’un nombre inférieur de grands électeurs élus sur son nom au suffrage universel direct dans chaque État de l’Union (electoral vote, ou vote électoral en français, à valeur décisionnelle en pratique), lesquels désignent ensuite véritablement le locataire de la Maison Blanche et le vice-président (vote, dans chaque État, à valeur décisionnelle effective).
Aux États-Unis, ce n’est donc pas le peuple qui élit réellement le président de la fédération, mais les grands électeurs dont le nombre pour chaque État est égal au nombre de sénateurs et de représentants (députés) auquel ce dernier a droit au Congrès (article II de la Constitution). Excepté dans de rares cas, la totalité des sièges de grands électeurs d’un État est attribuée aux représentants du candidat arrivé en tête de l’élection dans ce même État. En vertu de ce principe, l’État le plus peuplé de l’Union, la Californie, compte ainsi cinquante-cinq sièges de grands électeurs qui tous furent acquis à l’issue de la dernière présidentielle aux représentants de Hillary Clinton puisqu’elle y avait devancé Donald Trump. Idem dans l’État de Floride, à l’avantage cette fois du républicain dont les représentants raflèrent les vingt-neuf sièges à pourvoir.
[86] Valeurs obtenues par soustraction (somme des voix en faveur de Donald Trump défalquée du total des suffrages exprimés) à partir des données disponibles in Federal Elections 2004, Election Results for the U.S. President, the U.S. Senate and the U.S. House of Representatives, Federal Election Commission, Washington, D.C., mai 2005, document PDF en anglais, page 11, Federal Elections 2008, idem, juillet 2009, document PDF en anglais, page 9, Federal Elections 2012, idem, juillet 2013, document PDF en anglais, page 11 et Official 2016 Presidential General Election Results, Federal Election Commission, 30 janvier 2017, document PDF en anglais, page 6.
[87] LONDON Eric, Le mythe de la classe ouvrière blanche réactionnaire, WSWS, 14 novembre 2016, original en anglais paru l’avant-veille sur le même site.
[88] Les valeurs indiquées ont été calculées à partir des données provenant des documents référencés dans la note 86 : Federal Elections 2004, 2008 et 2012, et Official 2016 Presidential General Election Results.
[89] ASSELINEAU François, Les victoires en or de Donald Trump et Nigel Farage. Selon le journal britannique Daily Telegraph, cette photo résume à elle seule l’année 2016, UPR, 14 novembre 2016.
[90] ANONYME, Non, le parti eurosceptique Ukip n'est pas plus l'ami des travailleurs britanniques... que l'Europe du capital !, Solidarité internationale PCF, 4 mai 2014, original en anglais paru le 23 avril de la même année in The Morning Star.
[91] Ukip, Politiques, Wikipédia, dernière modification le 11 octobre 2017 à 21h33 et Ukip, Economic policy, Wikipedia (en anglais), dernière modification le 12 novembre 2017 à 14h14.
[92] TOOGOOD Emma, Quelles différences entre le FN et l'Ukip britannique ?, Le Figaro.fr, 13 octobre 2014.
[93] ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°35 : Combat Clinton-Trump – Affaiblissement du pouvoir des médias – Primaires LR – Barroso chez Goldman-Sachs – Ceta – Brexit…, vidéo, UPR, 7 novembre 2016 (entretien datant du 1er novembre 2016), de 18’51’’ à 19’35’’.
[94] ANONYME, Le RPF et le Service d’Action Civique, ou la tradition démocratique du mouvement gaulliste, Révolution, 9 mai 2002.
[95] CÉDRIC, Barbouzes au pays des droits de l'Homme, extrait du trimestriel Offensive n°7, octobre 2005 et Service d’action civique, Wikipédia, dernière modification le 14 octobre 2017 à 19h39.
[96] NICK Christophe, Résurrection. Naissance de la Ve République, un coup d’État démocratique, Librairie Arthème Fayard, 1998, 836 pages et MEYSSAN Thierry, Le coup d’État du 13 mai 1958. Quand le stay-behind portait De Gaulle au pouvoir, Réseau Voltaire, 27 août 2001. (Heureux temps où Thierry Meyssan produisait des analyses percutantes.)
[97] PSENNY Daniel, L'INA ouvre les portes de l'enfer, Le Monde.fr, 23 mai 2013 et Ministère de l’Information (France), 1 Sous Charles de Gaulle (1958-1969), Wikipédia, dernière modification le 9 novembre 2017 à 11h43.
[98] MALER Henri, Il y a 56 ans, les médias et le massacre du 17 octobre 1961, Acrimed, 17 octobre 2017 et Quand la France massacrait les Algériens à Paris, entretien accordé par Saïd Bouamama et Nils Andersson, Investig’action, Atelier Histoire en Mouvement, 17 octobre 2017.
[99] Maurice_Papon, 8 L'affaire Papon (1981-2004), Wikipédia, dernière modification le 13 novembre 2017 à 4h04.
[100] Massacre d’Oran, Wikipédia, dernière modification le 28 octobre 2017 à 12h00.
Il y a peu, François Asselineau a reconnu en passant le caractère désastreux de la politique gaullienne concernant l’Algérie : François Asselineau répond en direct aux questions des internautes (mercredi 8 novembre 2017), vidéo, UPR.fr, 9 novembre 2017, de 1h44’45’’ à 1h45’10’’.
[101] De Gaulle ne fut guère enthousiaste à l’idée d’accueillir sur le sol de France ces centaines de milliers d’Algériens qui avaient cru en la République française et s’étaient battus pour elle contre leurs coreligionnaires. On connaît la fameuse sortie du grand Charles sur « Colombey-les-Deux-Mosquées », rapportée par Alain Peyrefitte dans le tome I de son ouvrage C’était de Gaulle (Éditions de Fallois – Fayard, Paris, 1994, 600 pages) et qui figure dans cet extrait :
« Qu'on ne se raconte pas d'histoires ! Les musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous les avez regardés, avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants (il doit penser à Soustelle). Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ?
Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »
Ce genre de réflexion qui ne faisait pas dans la dentelle, pourtant tout aussi gaullien que le reste, est rarement mis en avant par le chef de l’UPR. On se demande pourquoi.
[102] François Asselineau pourrait avec profit émailler de temps à autre ses propos et ses écrits de citations empruntées à des personnalités communistes telles Jacques Duclos et Jean Kanapa (comme il le fit dans ASSELINEAU François, Quelle était l’analyse du Parti Communiste Français (PCF) sur l’Europe de 1947 à 1980 ?, UPR, 26 août 2013), trotskystes telles Daniel Gluckstein (Daniel Gluckstein, vidéo d’un entretien télévisé donné le 7 avril 2002, Élections 2002, Face à la rédaction, France 2, archives de l’INA) ou, à la rigueur, radicales-socialistes telles l’européiste eurocritique Pierre Mendès-France (HAUSALTER Louis, Prémonitoire. Traité de Rome : il y a 60 ans, Pierre Mendès France prédisait les tares de l’Union européenne, Marianne, 25 mars 2017), qui furent toutes, à des degrés divers, des adversaires de la construction européenne telle qu’elle fut mise sur les rails par le traité de Rome en 1957.
Outre ceux-là, des gaullistes autres que le général lui-même (Philippe Séguin, le jeune Jacques Chirac, etc.) pourraient être plus souvent sortis de la naphtaline, histoire de varier le menu.
Il a récemment prétendu s’efforcer de citer Clémenceau et Gambetta, comme si Clémenceau et Gambetta étaient deux des plus belles icones de la gauche… : François Asselineau répond en direct aux questions des internautes (mercredi 8 novembre 2017), op. cit. note 100, de 1h44’54’’ à 1h44’19’’.
Ses références à Marx demeurent en revanche tout à fait exceptionnelles, comme celle du 1er novembre 2017 : ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°52 : Catalogne – Italie – Brexit – Outre-mer – Russie – USA – Irak – Uluru, vidéo, UPR, 3 novembre 2017 [entretien datant du 1er novembre 2017], de 6’38’’ à 6’46’’.
Évoquer la pénibilité accrue de leur travail, la précarisation de leur emploi, la dégradation de leurs conditions de vie et l’importance capitale pour l’économie du pays des prolétaires bossant dans les usines non encore délocalisées, dans les chantiers de construction, dans l’enseignement, dans l’entretien des routes, des voies ferrées et des lignes électriques, dans les transports en commun, dans les télécommunications, dans la grande distribution, dans l’acheminement du courrier et des colis, dans la dispensation de soins à l’hôpital, à la maternité et à l’hospice, etc., plutôt que de plaindre (non sans raison du reste) de façon réitérée le sort des douaniers, policiers, gendarmes, soldats, commerçants, artisans et petits paysans (visionner entre autres : Entretien en direct de François Asselineau sur Facebook - Mercredi 16 novembre 2016, op. cit. note 38 de la deuxième partie du présent article, de 24’13’’ à 30’26’’, Entretien de François Asselineau en direct sur Facebook, vidéo, UPR, 11 janvier 2017, d’environ 1h36’15’’ à environ 1h39’00’’ [fin de la réponse inaudible], François Asselineau en direct sur YouTube et Facebook, vidéo, UPR, 22 février 2017, de 54’05’’ à 1h01’52’’ et consulter les documents afférents au Salon de l’agriculture disponibles sur le site web de l’UPR, www.upr.fr/ [écrire salon de l’agriculture dans la recherche interne], notamment : 25 février 2011 – Visite du Salon de l’agriculture par François ASSELINEAU et des militants de l’UPR, UPR, 27 février 2011, Interview de François Asselineau au Salon de l’agriculture 2013, enregistrement sonore, UPR, 5 mars 2013, Congrès de la FNSEA : la France doit sortir de l’Union européenne afin de sauver son agriculture de la destruction, communiqué de presse, UPR, 27 mars 2013 et Visite commentée de François Asselineau au Salon de l’agriculture, vidéo, UPR, 31 mars 2016), l’aurait davantage posé comme un candidat à la présidence de la République soucieux du bien-être de tous les Français et non seulement de citoyens appartenant à des catégories socioprofessionnelles — certes, elles aussi durement frappées — qui constituent traditionnellement les piliers électoraux de la droite.
M’est avis que dans ses conférences, entretiens et articles divers dans lesquels il a traité d’histoire de France, François Asselineau aurait dû détailler le rôle :
1) des Louis Antoine de Saint-Just, Maximilien de Robespierre et leurs compagnons jacobins (autres que dantonistes et hébertistes) qui réorganisèrent l’Armée française et ses modes d’approvisionnement pour contrer l’invasion de notre territoire national par l’Autriche (rapidement rejointe par la Prusse) à qui l’Assemblée législative dominée par les intérêts bourgeois de la Gironde avait déclaré la guerre le 20 avril 1792 dans la perspective alléchante de réaliser au nom de la Révolution et sous couvert de libération des peuples opprimés, mais en réalité pour le compte des profiteurs de guerre, de juteuses rapines en Belgique, alors opulent territoire des Habsbourg (Asselineau ignore royalement les robespierristes),
2) des communards tels Charles Delescluze, Jules Vallès, Louise Michel, Émile Eudes, Gustave Courbet et tant d’autres révolutionnaires de renom, auxquels il faut ajouter les plus de seize mille (estimation basse) pauvres gens traqués et massacrés, femmes, enfants et vieillards compris, en 1871 dans les rues de Paris par l’ignoble soldatesque versaillaise ou traités pire que des rats au camp de Satory, puis condamnés aux travaux forcés ou déportés en Nouvelle-Calédonie dans des conditions atroces, qui avaient eu la mauvaise idée de refuser la capitulation du gouvernement bourgeois de la Défense nationale face aux Prussiens, reddition si ardemment désirée par les grands possédants (à ma connaissance, Asselineau a signalé l’existence de la Commune ici et là, sans jamais s’y attarder),
3) des résistants communistes qui, lors de la Seconde Guerre mondiale, pourchassés et emprisonnés dès 1939 par les autorités françaises, entrés en résistance contre l’occupant nazi dès avant la rupture du pacte Ribbentrop-Molotov provoquée par l’offensive allemande lancée contre l’Union soviétique le 22 juin 1941 (cf. fin de la note 48 de la deuxième partie du présent article), payèrent un lourd tribut à leurs idéaux de paix et de solidarité entre les hommes, quel que fût le poids des ordres reçus de Staline dans leurs motivations initiales (Asselineau a-t-il jamais évoqué quelque part, autrement qu’en passant, Charles Tillon, le colonel Fabien, Auguste Lecœur, Georges Guingouin, Danielle Casanova, Louis Aragon, Henri Krasucki, Henri Rol-Tanguy et les milliers de camarades inconnus qui périrent torturés et fusillés, déportés dans les camps ou abattus l’arme à la main dans les maquis ? En tout cas, nulle trace de ces noms illustres de la Résistance française dans la recherche interne d’UPR.fr, pas même de Pierre Villon — à l’exception d’une mention fugace en tête de la page onze du programme de Libération de l’UPR [Programme de libération, op. cit. note 64], sans qu’on sache si Villon figure plus bas dans un cliché réunissant la plupart des membres du CNR, peu après un portrait photographique pleine page du général de Gaulle où il est précisé : « Charles de Gaulle au micro de la BBC le 18 juin 1940 », au cas où l’on ne le reconnaîtrait pas ! — Villon qui fut pourtant l’un des principaux rédacteurs du programme du CNR dont l’UPR n’a cessé depuis qu’elle existe de se réclamer. Que les UPRiens rectifient si je me trompe, j’en serais sincèrement ravi. Tout au plus, François Asselineau s’est-il fendu dans son entretien en direct le 25 octobre 2017 au soir d’une mention fort brève de Pierre Villon (le confondant d’ailleurs avec l’européiste Pierre Vimont, c’est dire !) : « Dans les signataires du programme du CNR, il y avait des communistes, notamment Pierre Vimont, je crois […], qui avait participé largement à la rédaction de ce programme », Entretien de François Asselineau en direct sur YouTube le mercredi 25 octobre, mis en ligne sur YouTube le jour même, de 1’h27’33’’ à 1h27’46’’).
Chacun à sa façon, robespierristes, communards et résistants communistes luttèrent contre l’invasion étrangère, pour l’indépendance de la France et pour la sécurité et l’avenir paisible de sa population. Voici qui eût fourni enfin une preuve convaincante de la bonne application de cette règle d’or d’impartialité et d’unité citoyenne dont monsieur Asselineau prétend qu’elle fonde l’UPR : un gaulliste faisant l’éloge d’un Robespierre ou d’un Vallès, même avec les réserves d’usage comme pour Donald Trump, ç’aurait eu de la gueule ! Mais cet exploit herculéen est apparemment au-dessus de ses forces. Et puis, dans l’esprit d’un gaulliste normalement constitué, l’évocation de Robespierre ou de Vallès est sans doute jugée clivante, tandis que vanter à tout propos l’action et le discours de Mongénéral paraît aller de soi et conduire tout droit à la concorde universelle.
Au sujet de Robespierre et de la Commune de Paris, lire et écouter le regretté Henri Guillemin, disparu en 1992, essayiste et historien déjà mentionné dans la partie initialement publiée de cet article (notes de fin 16, 17 et 29), dont certains des vibrants plaidoyers et réquisitoires grand public, solidement argumentés, demeurent sans équivalents à ce jour (ce qui ne signifie pas qu’il fût infaillible lui non plus) : AUTREMENT-VUE, op. cit. note 17 de la première partie du présent article, GUILLEMIN Henri, 1789-1792/1792-1794 les deux Révolutions françaises, transcription d’une série de conférences données à la Radio-télévision belge de la Communauté française en 1967, Éditions Utovie, 2013, 280 pages, Id., La Commune de Paris, série de treize conférences télévisuelles données du 17 avril au 30 octobre 1971, Radio télévision suisse, Les Dossiers de l’histoire, Archives, Id., La révolution française, enregistrement sonore d’une conférence donnée en 1973, mis en ligne sur YouTube le 28 janvier 2016, Id. Robespierre, politique et mystique, Éditions Utovie, 2012, 432 pages, première édition au Seuil en 1987 et Id., 1789 : silence aux pauvres !, Éditions Utovie, 2012, 130 pages, initialement paru en feuilleton en janvier 1989 dans l’hebdomadaire suisse L'Illustré.
François Asselineau a reconnu avoir pris connaissance des conférences enregistrées données par l’incomparable historien : « J’en ai regardées plusieurs, notamment sur Robespierre, sur la Commune, sur les débuts de la Révolution… » (Entretien en direct de François Asselineau sur Facebook - Mercredi 25 janvier 2017, op. cit. note 38 de la deuxième partie du présent article, de 1h41’09’’ à 1h41’18’’).
Il n’a donc aucune excuse.
[103] Rien que dans la dernière dizaine du mois de juillet écoulé, à propos du « Québec libre », nous avons eu droit à trois articles axés sur de Gaulle : 24 juillet 1967 – 24 juillet 2017. Il y a 50 ans, Charles de Gaulle lançait Vive le Québec libre ! depuis le balcon de Montréal et provoquait un électrochoc planétaire, vidéo, UPR, 24 juillet 2017, ASSELINEAU François, Le bouleversant voyage de Charles de Gaulle au Québec en 1967 : Aller au fond des choses est la seule politique qui vaille, UPR, 24 juillet 2017 et ASSELINEAU François, Le choc du Québec libre et le ricanement sous cape des ministres de de Gaulle – Un témoignage triste mais essentiel d’Alain Peyrefitte, UPR, 27 juillet 2017…
On objectera bien sûr qu’à travers de Gaulle, c’est l’apologie de la souveraineté nationale qui était faite.
[104] ANONYME, Opération Correa ou le coupable silence des médias, UPR, 26 novembre 2014.
Un article évoquant succinctement Nicolás Maduro et Hugo Chávez fut publié cet été sur Upr.fr ; il visait cependant surtout à dénoncer le régime dictatorial de Paul Kagamé : XAVIER François, Encore un incroyable 2 poids – 2 mesures médiatique. Le Venezuela de Maduro contre le Rwanda de Kagamé, UPR, 6 août 2017.
Un autre sur Cuba, particulièrement soigné, y a paru en juin 2015 : N.K., Que se passe-t-il à Cuba ?, UPR, 4 juin 2015.
[105] ASSELINEAU François, Quelle était l’analyse du Parti Communiste Français, op. cit. note 102.
[106] Il serait bon aussi, me semble-t-il, qu’un parti conçu sur le modèle du CNR ne limite pas ses actes de résistance à l’éducation populaire et à la présentation de candidats aux élections, mais se distingue également par des actions légales de lutte concrète allant au-delà du simple envoi de lettres de réclamation au CSA et du décrochage de drapeaux européens ornant les lieux publics, à la Sylvain Baron.
L’UPR n’est pas un parti révolutionnaire dans l’acception marxiste du terme et ne le deviendra jamais : elle pourrait nonobstant adopter certaines formes de contestation plus offensives ou plus terre à terre qui donneraient de la consistance à sa prétention de rallumer et de porter haut le flambeau du CNR.
Elle pourrait montrer davantage de pugnacité sur le terrain afin de ne pas laisser le champ libre aux opportunistes du type Ruffin, Lordon, Laurent, Mélenchon, Autain et Poutou, et devant les instances et tribunaux compétents pour réclamer justice contre les ennemis de notre Constitution républicaine et les profiteurs mafieux de fonds européens détournés ou gaspillés ; par exemple :
— en allant à la rencontre des grévistes en colère victimes de plans sociaux afin de leur expliquer comment les délocalisations à l’origine de leur mise sur le carreau ne sont rendues possibles qu’à cause de la législation de l’UE qui interdit aux gouvernements nationaux de s’y opposer, quand bien même ils le voudraient, ce qui est loin d’être le cas de la majorité d’entre eux (cette démarche est nécessaire, de l’aveu même de François Asselineau qui envisage de lui sacrifier une partie de son temps si précieux : « Je vais d’ailleurs essayer d’aller au cours des semaines qui viennent sur des sites industriels en sinistre pour essayer d’avertir les ouvriers, les techniciens, les ingénieurs qui travaillent, sur le fait que tout ça peut être évité, mais que la seule chose qu’il faut faire, la première et unique chose qu’il faut faire, c’est qu’il faut commencer par sortir de l’Union européenne », ASSELINEAU François, Entretien d’actualité n°51 : Jugeons l’UE avec ses retombées industrielle, sociale et environnementale, vidéo, UPR, 21 octobre 2017 [entretien datant du 19 octobre 2017], de 12’14’’ à 12’35’’. Intention qui a récemment trouvé un début de réalisation par la visite que le dirigeant suprême de l’UPR a rendue au comité d’entreprise d’une filiale grenobloise d’Alstom, aujourd’hui dénommée General Electric Hydro-Alstom, dans laquelle trois cent quarante-cinq employés sur huit cents risquent d’être licenciés, François Asselineau répond en direct aux questions des internautes [mercredi 8 novembre 2017], op. cit. note 100, de 2’37’’ à 11’19’’) ;
— en participant officiellement à des manifestations de rue, même de façon symbolique, y compris en queue de cortège, au lieu de s’abstenir systématiquement d’y figurer (ASSELINEAU François, op. cit. note 79, à partir de 1h01’02’’), pour y porter la voix des anti-UE plutôt que de s’effacer devant celles et ceux qui, ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez, ne demandent des comptes, toujours infructueusement d’ailleurs, qu’aux président et gouvernement de la France sans en exiger de la part de leur donneurs d’ordres bruxellois (VUE AUTREMENT, Je ne manifesterai pas contre Macron, vidéo mise en ligne sur YouTube le 26 septembre 2017) ;
— en portant plainte dans certains cas flagrants auprès des autorités concernées ou, au minimum, en alertant l’opinion publique par le biais des médias indépendants (il en reste quelques-uns) contre les politicard(e)s, formations politiques et entités administratives ou représentatives qui bafouent la Constitution française (un exemple entre mille : dans le département de l’Essonne, en la bonne ville d’Étampes, le député-maire du coin s’essuie les pieds en toute impunité depuis plusieurs années sur notre loi fondamentale par l’apposition sur la façade des bâtiments municipaux d’écussons portant une devise de la République trafiquée par ses soins : « Liberté, égalité, fraternité, laïcité », VAURY Teddy, Étampes : Franck Marlin veut remettre la laïcité au premier plan, Le Républicain de l’Essonne, 9 décembre 2015) ou contre les institutions européennes elles-mêmes lorsque l’usage qu’elles font de l’argent public pour leur propre consommation vorace s’avère scandaleux (dénonciation dans le style de celle qui figure dans l’excellente conférence de François Asselineau intitulée L’Europe, c’est la pai€ !, ASSELINEAU François, op. cit. note 11 de la première partie du présent article), ou encore lorsque la dilapidation et/ou le détournement, par des gangs locaux de politiciens véreux, des subventions généreusement octroyées par Bruxelles avec l’argent pris dans nos poches pour financer des projets infrastructurels, culturels ou de protection de l’environnement est de notoriété publique, en France et hors de France ;
— lorsque les droits de l’Homme sont violés au sein de l’UE, comme c’est monnaie courante en Grèce (PARDEM, Intervention de Leonidas Chrysanthopoulos (EPAM - Grèce) - Table ronde 1, Résistances au néolibéralisme, Forum international de la coordination européenne pour la sortie de l'euro, de l'Union européenne et de l'Otan, vidéo mise en ligne sur YouTube le 5 mars 2017, de 4’47’’ à 10’38’’) ;
— et cætera (le y a qu’à, faut qu’on ne coûte évidemment rien à celui qui comme moi à l’instant le préconise ; néanmoins, je crois que l’UPR élargirait sensiblement son assise électorale et sa base militante en se faisant redresseuse de torts à l’occasion).
Une autre forme d’action utile aux anti-UE de quelque nationalité que ce soit serait de multiplier les traductions en langues étrangères des meilleurs documents didactiques produits par l’UPR. Les autres nations de l’UE n’ont pas toutes la chance d’avoir à leur disposition un leader sympathique, télégénique et compétent (entouré de collaborateurs et de collaboratrices dévoués, se dépensant sans compter), capable d’en remontrer aux journalistes, économistes et politiciens européistes les plus vicieux, ce qui a pour conséquence que les équivalents étrangers de l’UPR ne décollent guère en termes de popularité. C’est particulièrement vrai pour l’EPAM grec (Ενιαίο Παλλαϊκό Μέτωπο, en français : Front populaire uni, fondé en 2011), dont le principal dirigeant, le valeureux Dimitris Kazakis, ancien membre du KKE, ne possède ni le brio ni la maestria d’Asselineau. Si l’UPR apparaissait comme le parti menant la contestation au niveau européen, cela ne pourrait que contribuer à rétablir un peu le prestige terni de notre pays, au moins auprès des populations les plus martyrisées par Bruxelles, Francfort et Washington, et doter l’UPR d’une réputation bénéfique à son propre développement dans l’Hexagone et l’Outre-mer.
La charte fondatrice de l’Union populaire vient d’être traduite en plusieurs langues (ASSELINEAU François, La charte fondatrice de l’UPR est maintenant disponible en 12 langues étrangères, UPR, 7 octobre 2017) : c’est un premier pas dans cette direction et un bel effort de militantisme bénévole. Gageons qu’elle sera bientôt traduite en grec moderne, c’est-à-dire dans la langue du pays qui en a le plus besoin !
[107] Le caractère orwellien de l’UE s’exprime également, à travers sa feinte paranoïa antiterroriste, par son authentique obsession du contrôle de ses propres populations, lequel, dans son système despotique de plus en plus insupportable, représente le problème central. Paranoïa qui l’a conduite à mettre en place et à financer (avec l’argent prélevé sur les contribuables des vingt-huit États membres) de nombreux programmes de surveillance de ses frontières externes, de son territoire, de ses routes, de ses aéroports, de ses gares, de ses ports, de la mer Méditerranée, des communications téléphoniques, des réseaux sociaux et des foyers de ses habitants. L’UE ne sait pas comment sauver la Grèce de la noyade — telle n’a jamais été son intention — et lui porte secours en lui appuyant sur la tête ; par contre, elle sait fort bien faire prospérer les entreprises cupides qui développent les techniques de pointe nécessaires à la surveillance de tous les instants de ses espaces publics et privés.
Le site web du Secours rouge (www.secoursrouge.org/) a produit un dossier fort instructif appelé Techniques de la répression, publié du 21 août au 11 septembre 2012, dans lequel sont exposés les objectifs et les coûts des différents programmes sécuritaires de l’UE (dans la recherche interne, écrire « Programmes sécuritaires de l’UE » et faire défiler la longue liste des réponses) : INDECT, ADABTS, EFFISEC, CPSI, FESTOS, FORESEC, TALOS, GLOBE, iDetecT4AL, STRAW, LOTUS, WIMA2S, SPIRIT, ESCoRTES, SeRoN, SAMURAI, SeaBILLA et SAFIRE. De quoi donner le tournis, non ? Cette énumération n’est probablement plus à jour.
Sur l’espionnite aiguë à l’encontre des citoyens des pays membres : SCHWARZ Peter, Espionnage massif d’Internet par les agences européennes de renseignement, WSWS, 9 juillet 2013 et BOURGOIN Nicolas, L’Union européenne contre les libertés, Comité Valmy, 9 octobre 2015.
À cela s’ajoute l’inquisition exercée par les services de renseignement pléthoriques des États-Unis d’Amérique qui espionnent tout et tous à la surface du globe (à commencer par leurs propres ressortissants), stockant vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept des milliards d’informations personnelles, en particulier dans les pays européens, secondés dans cette tâche par de nombreux auxiliaires appartenant aux sphères civile et commerciale occidentales (parmi lesquelles des réseaux sociaux bien connus, des multinationales tentaculaires, des organisations non gouvernementales de premier ordre, des opérateurs de télécommunications, etc.). S’y ajoutent également les investigations complémentaires menées par les services secrets et les polices des pays membres de l’UE, dont les agissements sont facilités par un éventail de plus en plus étoffé de lois liberticides et antidémocratiques, inspirées de la loi antiterroriste états-unienne USA PATRIOT Act promulguée en octobre 2001 et justifiées grâce aux attentats islamistes. Si le terrorisme des fous d’Allah n’existait pas, la classe politique atlantiste se presserait de l’inventer !
[108] Manifeste pour la société des sociétés par Résistance71, Jbl1960blog, 15 octobre 2017. Cliquer sur « Manifeste pour la société des sociétés, version PDF de 66 pages ».
[109] Hélas ! il semble que monsieur Asselineau ne soit pas prêt à se débarrasser de ses vieux réflexes gaullistes.
Le 9 novembre dernier, il épousait même les thèses délirantes de Thierry Meyssan à propos d’un Trump « malin », « rusé », « dissimulé », « [soufflant] le froid pour mieux souffler le chaud », tentant « en matière d’économie et d’emploi, […] de faire ce qu’il peut [en relançant] la machine américaine, notamment le complexe militaro-industriel » (« les tirs de missiles qu’il a fait au Moyen-Orient, ça [a permis] de passer de nouvelles commandes » précisait-il avec un zeste d’admiration. « On me dit, on me dit qu’en ce moment les fabrications de munitions tournent à plein aux États-Unis. Il est allé, rappelez-vous, en Arabie saoudite pour obtenir un mégacontrat de je ne sais plus combien, quelque chose comme trois cent cinquante milliards de dollars d’armement. Donc il met le paquet […] sur les dépenses en matière militaire… » — c’est admirable de la part d’un homme de paix tel que François Asselineau nous l’avait décrit un an plus tôt. On imagine la souffrance morale endurée par cet iréniste invétéré forcé d’emballer la machine de guerre pour fortifier la santé économique de son pays !), ayant contre lui « toute l’oligarchie américaine, le complexe militaro-industriel auquel, je viens de le dire à l’instant, il donne des gages, les lobbies divers et variés, de nombreuses minorités agissantes aux États-Unis, les médias, les républicains, les démocrates, l’oligarchie financière, la haute administration des services de la communauté du renseignement, de la CIA, de la NSA, etc. [NDR : on eût été tenté d’ajouter à son énumération le côté obscur de la Force et l’œil de Sauron] », « [ayant] donc face à lui un conglomérat de ce que certains appelleraient l’État profond ou autre qui [veut] l’éjecter », et, cerise sur le gâteau, essayant « de faire passer des messages, par l’intermédiaire de Twitter notamment, pour court-circuiter les médias qui lui veulent du mal. » Là, il atteignait le point culminant de l’analyse politique.
Prêtant hypothétiquement à Donald Trump un rôle (probable) dans la révolution de palais saoudienne et (douteux) dans l’échec de la tentative d’indépendance de la Catalogne, Asselineau terminait en apothéose : « Faut-il y voir la marque ici ou là avec la Russie, avec l’Arabie, avec l’Espagne, la marque d’une Maison Blanche qui essaye de revenir à des États-Unis comme ceux qu’on aime […] ? On a un peu l’impression peut-être, peut-être, que Donald Trump essaye de revenir à un peu plus de raison. Maintenant, wait and see, peut-être que je serai démenti par la suite des événements, je n’en sais rien. » François Asselineau répond en direct aux questions des internautes (mercredi 8 novembre 2017), op. cit. note 100, de 15’17’’ à 24’35’’.
En fait, c’est l’ensemble de l’action présidentielle conduite par le nabab élu depuis son intronisation qui s’inscrit en faux contre son « impression »... Le 9 novembre 2017, le patron de l’UPR semblait frappé d’amnésie, ne se souvenant plus d’avoir quelques mois plus tôt qualifié Donald Trump de « Tsipras américain » (cf. avant-dernier paragraphe de Crise de foi). Chassez le naturel…
Si l’on se réfère aux dernières déclarations du président états-unien, il est difficile de voir en lui quelqu’un qui essaie envers et contre tous d’assainir la situation internationale : LEMOINE Maurice, À Cuba, Donald Trump franchit le mur du (ç)on, Mémoire des luttes, 6 novembre 2017, COGAN James, Trump en Asie : à la veille de la guerre, WSWS, 7 novembre 2017, original en anglais paru la veille sur le même site, #WorldPeaceNow*, La vraie raison de la diabolisation de la Corée du Nord par les USA, Agora vox, 9 novembre 2017 et ANONYME, Comment la politique nord-coréenne de Donald Trump affaiblit et isole la puissance américaine, Amitiefrancecoree.org, 11 novembre 2017.
Un petit bilan de la présidence Trump n’est en outre pas inutile pour parfaire le tableau : MARTIN Patrick, Un an depuis l’élection de Donald Trump, WSWS, 9 novembre 2017, original en anglais paru la veille dans les mêmes pages (à compléter par la lecture de NIEMUTH Niles, La majorité des jeunes Américains préfèrent le socialisme ou le communisme au capitalisme, WSWS, 9 novembre 2017, original en anglais publié l’avant-veille sur le même site).
À propos de ce qu’il s’est passé en Arabie saoudite ces derniers temps, monsieur Asselineau a déclaré de façon assez stupéfiante, faisant preuve d’une candeur insoupçonnée (à supposer qu’il fût sincère) : Mohammed ben Salmane, dit « MbS », prince héritier des Saoud, vice-premier ministre et ministre de la Défense, entre autres fonctions (et gosse de riches aussi « fantasque » et capricieux que son équivalent new-yorkais), « a pris des décisions…, là il y a une purge en Arabie saoudite incroyable. Il a fait arrêter onze princes de la famille royale saoudienne pour des délits de corruption. Il a, alors je ne dis pas que c’est merveilleux, il a un petit peu desserré le carcan wahhabite du régime, par exemple en autorisant les femmes pour la première fois… les Saoudiennes peuvent conduire une voiture […]. Et surtout, le prince héritier a dit qu’il allait en finir avec le soutien de l’Arabie saoudite à une vision extrêmement rétrograde de l’islam, qu’il fallait revenir [sic] à un islam beaucoup plus modéré », François Asselineau répond en direct aux questions des internautes (mercredi 8 novembre 2017), ibidem, de 22’19’’ à 23’06’’.
Quelle finesse d’observation, quelle sûreté de jugement ! À tenir de pareils propos, François Asselineau verra bientôt s’ouvrir en grand devant lui les portes du Monde et du New York Times. Il suffit donc qu’un triste sire, Trump hier lors de sa campagne présidentielle, « MbS » aujourd’hui — impitoyable massacreur et affameur du Yémen, qui a sur la conscience une kyrielle d’assassinats, de tortures et de bombardements sur des populations civiles sans défense —, fasse état de ses bonnes intentions soudaines pour qu’il ravisse en sa crèche le chef de l’UPR qui visiblement n’a jamais entendu parler de rhétorique mensongère, propagande fallacieuse, opération d’enfumage ou concessions minimes accordées aux droits des femmes visant à redorer le blason d’un régime scélérat honni de tous les véritables démocrates à travers le monde, indéfectible soutien du terrorisme islamiste, subissant échec sur échec face à l’Iran, au Hezbollah libanais et à leurs alliés.
À côté de cela, pas un mot sur la démission forcée, le 4 novembre 2017, du premier ministre libanais, Saad Hariri, sans doute trop conciliant à l’égard des ennemis chiites de la pétromonarchie sunnite au goût de « MbS » qui lui a tendu en vrai Bédouin qu’il est (au sens argotique du terme) un grossier traquenard en l’invitant à venir à Riyad, puis en le faisant prendre au collet par ses sbires sitôt son avion parvenu à destination, avant même qu’il n’en fût descendu.
Et le droit des gens dans tout ça, monsieur Asselineau ?
Le responsable de l’UPR a pris pour de la libéralisation et de la soif de justice ce qui était une tentative évidente de la part du fils préféré du roi Salmane de conforter sa conquête du pouvoir au moyen d’une purge violente par laquelle il a physiquement éliminé ou mis sur la touche tous ses concurrents dans la course au trône, réduisant à la hache une opposition qui se faisait menaçante jusqu’au sein de la famille royale, renforçant la dictature au lieu de la démocratiser !
Sur « MbS », lire : ARWA Ibrahim, Yémen, une nation détruite par l’agressivité de ben Salmane, MiddleEast Eye, 22 juin 2017, original en anglais paru le même jour sur le même site, HEARST David, Ces étranges événements qui hantent les nuits de Riyad, idem, 7 novembre 2017, original en anglais paru le même jour au même endroit, Id., Exclusif : des personnalités haut placées torturées et battues au cours de la purge saoudienne, idem, 13 novembre 2017, SHILTON Jordan, Le prince héritier saoudien accuse l'Iran d'acte de guerre, WSWS, 10 novembre 2017, original en anglais paru deux jours avant sur le même support, ANONYME, Arabie Saoudite - Le réformateur libéral est un tyran impulsif, Le Grand Soir, 11 novembre 2017, original en anglais publié la veille in Moon of Alabama, LABÉVIÈRE Richard, Arabie saoudite : après la tentative de coup d’État, Proche&Moyen-Orient.ch, 13 novembre 2017, GASTAUD Georges, Arabie saoudite : ravalement de façade pour un régime ultra réactionnaire, PRCF, 13 novembre 2017 et VAN AUKEN Bill, La crise saoudienne menace d’entraîner une guerre dans tout le Moyen-Orient, WSWS, 14 novembre 2017, original en anglais paru la veille sur idem.
La lecture de l’actualité géopolitique que propose François Asselineau à ses auditoires, frisant parfois le conte à dormir debout (grosso modo, si on l’écoute, le président Trump, « avec son air con et sa vue basse », dixit Asselineau lui-même, jouerait les imbéciles pour mieux mystifier l’État profond sur ses intentions réelles… Le fondateur de l’UPR a-t-il réfléchi qu’en faisant publiquement cette révélation renversante sur Internet il prenait le risque d’ouvrir les yeux de l’État profond US sur le double jeu de Donald Trump, mettant en danger la vie de ce Kennedy en puissance ? Quelle imprudence, Jésus, Marie, Joseph !), est très orientée, bienveillante ou sévère selon qu’elle traite d’un personnage dont il se sent proche sous certains aspects, ou éloigné. Il a assimilé une bonne fois pour toutes, sans le dire, le président Trump à une espèce de de Gaulle américain mal embouché, mal équarri, infréquentable, au ras des pâquerettes (il ne le fustige que lorsqu’il ne peut plus faire autrement sans se discréditer lui-même) et, quoi que fasse ce personnage « un peu fantasque », lui trouvera toujours des circonstances atténuantes ou l’imaginera guidé par des motivations secrètes, mais louables, et transformera son agressivité et son apparent n’importe quoi dans les relations internationales (avec toutefois comme point de mire immuable l’aggravation des tensions et si possible la guerre) en subtilité, ruse, stratégie de haut vol prétendument destinée à rompre avec les traditions impérialistes des USA. Il passe volontiers (à tort) à cet héritier milliardaire qui est à la botte de Wall Street et des fabricants d’armes de son pays ce qu’il refuse catégoriquement (avec raison) au godelureau de l’Élysée, cet ancien de chez Rothschild qui est au service de l’oligarchie atlantiste.
Bref, Asselineau ferait mieux de se recentrer sur ce en quoi il est le meilleur : la critique de l’UE, l’analyse de la vie politique française ou européenne, l’éducation populaire, l’hérésie monétaire que constitue l’euro, la nécessité de la souveraineté nationale, domaines dans lesquels aucune personnalité politique ne lui arrive à la cheville.
Dès qu’il s’aventure dans les plates-bandes de la politique étrangère, on doit s’attendre au pire. Ce n’est pas parce qu’on parle le japonais et qu’on a séjourné pendant plusieurs jours, semaines ou mois dans de nombreux pays du monde, y accompagnant chef de l’État ou ministres, qu’on est très avisé en la matière. La preuve.
[110] Comme il l’a été au lendemain du second tour de la présidentielle : Déclaration de François Asselineau à l’issue du second tour de l’élection présidentielle, vidéo, UPR, 8 mai 2017. Trop tard !
Selon ses propres dires (François Asselineau en direct avec les Français le 26/04/2017, op. cit. note 37 de la deuxième partie du présent article, de 9’53’’ à 10’58’’), ses conseillers en communication lui avaient recommandé durant la campagne l’aménité, l’imperturbabilité, la bonhomie en toute circonstance face aux roquets cathodiques agressifs qui ne manqueraient pas de lui être opposés. Cela fut sans doute perçu par une partie du public comme l’aveu d’une personnalité falote, manquant de contour et de densité. Or, on ne convainc pas avec le sourire de la nécessité absolue de quitter l’UE au plus vite une population soumise à des décennies de lavage de cerveau européiste. Les résistants, pris dans le feu de l’action et courant toutes sortes de risques, ne sont généralement guère diplomates, et le commun des mortels comprend fort bien cela. Je doute que Charles de Gaulle eût tenu compte de l’avis de communicants s’il s’en était trouvé d’assez courageux dans ses parages. Qu’aurait donné un appel du 18 juin exprimé avec grâce et retenue ? De quoi auraient eu l’air des tracts communistes rédigés sous l’Occupation dans une langue fleurie, élégante et courtoise ?
Drôle de conception de la part de quelqu’un qui n’a que de Gaulle à la bouche et qui prétend à tout bout de champ s’adresser à l’intellect des Français, mais pense que pour emporter le morceau lors d’une élection au suffrage universel il est nécessaire de faire devant le micro et les caméras comme le premier venu des politiciens cherchant à séduire par une composition savamment étudiée plutôt que de persuader par sa franchise et sa spontanéité propres, sans dissimulation de sa personnalité profonde, donnant libre cours aux nobles passions qui l’animent. Être plus vrai que nature, n’était-ce pas le meilleur moyen d’entraîner derrière soi une partie de ce peuple français méprisé par une flopée d’imposteurs qui occupent à tour de rôle les postes-clés de la République, un peuple assommé de discours politiques calibrés par des pros de la comm’ ressassant sempiternellement les mêmes fausses vérités auxquelles aucune personne sensée ne croit plus ? À vouloir séduire le plus grand nombre, monsieur Asselineau ne conquit que le plus petit.
[111] En ce qui le touche, vu son passé politique, il lui faudra aller les chercher avec les dents, et ne plus se contenter de dire que l’UPR est constituée d’une majorité d’adhérents de gauche pour escompter drainer l’électorat progressiste. Et puis, de quelle gauche parlait-il ? D’une gauche antimarxiste rosissante déprise du mélenchonisme ?
Comme je l’ai déjà signalé dans Crise de foi, on ne peut à la fois avoir le cœur résolument à gauche et accepter sans broncher que le chef du parti que l’on vient de rejoindre vante, même avec des bémols, les mérites de Donald Trump comme François Asselineau le fit de manière répétée durant les cinq mois qui suivirent la victoire du richard populiste et comme, semble-t-il, il recommence à le faire imprudemment (cf. note 109).
Je le répète : si le patron de l’UPR ne donne pas dorénavant de meilleures preuves de sa sincère volonté d’unité citoyenne, s’il continue par exemple à ne citer que de Gaulle, de Gaulle et toujours de Gaulle, entre deux respirations ou deux battements de ventricule, il se plantera systématiquement lors des élections futures faute de suffrages venant de l’autre rive. C’est, dans ma boule de cristal, aussi clair que de l’eau de roche.
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