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Commentaire de O Coquinos

sur Sur François Asselineau, l'UPR, l'abstention et les trumpolâtres (2b/2)


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O Coquinos O Coquinos 10 décembre 2017 23:11

@JBL1960 [commentaire du 20 novembre 11h18] 2/2

Il y eut ponctuellement, au coup par coup, grâce à la pression populaire et par le biais des élections que vous le vouliez ou non des améliorations très importantes des conditions de vie et de travail de nos compatriotes dont vous profitez vous-même encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs peut-être l’une des raisons qui vous retiennent de courir mettre vos actes en accord avec vos principes en rejoignant l’une des tribus premières plus ou moins intactes qui peuplent encore le cœur de telle ou telle jungle amazonienne ou papoue ?

C’est la désagrégation de la résistance ouvrière organisée à l’échelon national qui est la cause de la perte des acquis sociaux les uns après les autres. La priorité, de mon point de vue, est donc sa reconstruction. Cela implique que notre pays sorte préalablement de l’UE, car il sera plus aisé pour le prolétariat français (et les couches populaires en général) de conduire cette lutte refondatrice au sein d’un États-nation de taille relativement modeste plutôt que dans une entité de taille continentale en voie de fédéralisation. Voyez ce qu’il se passe aux USA, au Canada et au Brésil : il n’y a quasiment plus que des résistances locales et inefficaces, contrôlées par des syndicats complices du grand patronat. Environ la moitié des habitants jouissant de leurs droits civiques aux USA ne vote pas, comme vous, et voyez où en sont les peuples premiers et les prolétaires là-bas. Voyez ce qu’il se passe en France sous Macron avec des centrales affiliées à la Confédération européenne des syndicats qui ne sont même plus capables dans leur propre intérêt, afin d’entretenir auprès du public leur apparente efficacité, de mobiliser la classe laborieuse contre des réformes antisociales iniques. « Veauter » (comme vous aimez l’écrire) en faveur de FA est à mes yeux potentiellement plus utile que de se camper dans une attitude orgueilleuse de refus systématique de participer à des scrutins sur lesquels l’oligarchie pèse certes de tout son poids, avec l’assurance de ne jamais rien changer à quoi que ce soit et de perpétuer du coup l’écrasante domination des capitalistes qui nous oppriment.

Je vous repose la question : que dites-vous en ce moment aux individus et aux familles qui passent les nuits froides de l’hiver dans la rue ? Que vous les appelez à la « révolution, mais sociale ! », à la « grève générale, illimitée et expropriatrice », eux qui n’ont pas d’emploi ? Cela leur réchauffera sûrement le cœur à défaut de ranimer leurs extrémités engourdies, c’est sûr ! Vous leur citez du G. B. Shaw et leur dites qu’« il n’y a pas de solutions au sein de ce système étatico-capitaliste […], qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura jamais », qu’« il est vain de vouloir l’attaquer et de se battre pour exiger que les têtes tombes » et que « c’est en cessant de le nourrir, notamment par la votation et en l’ignorant, qu’il tombera de lui-même, affamé, ignoré… » ? En quel millénaire ?

Non seulement il est faux d’affirmer qu’il n’y a jamais eu de solutions au sein du système étatico-capitaliste (si l’on n’a jusqu’à présent jamais réussi à instaurer le nirvâna général et durable pour les travailleurs, la classe ouvrière massivement organisée a su réaliser de notables conquêtes sociales que certains anarchistes paraissent considérer en se pinçant le nez), mais la stratégie que vous recommandez revient à se croiser les bras. Je vous dirai comme à Jaja que vous êtes une auxiliaire involontaire du système oligarchique contre lequel vous assurez vous battre. Vous ignorez superbement un système qui vous le rend bien et qui ne vous craint pas, bien au contraire.

C’est ce que je vous écrivais déjà ce 9 juillet sans susciter votre réaction :

« Dans les conditions qui sont les nôtres actuellement, vous souhaitez l’éradication des États-nations ? C’est exactement ce que veulent les oligarques et ils s’y acheminent, peu à peu. Gardez-vous, si vous êtes de gauche, de leur faciliter la tâche, de devenir sans le vouloir leur auxiliaire comme tant d’autres militants qui gaspillent leur énergie dans des partis-leurres socialisants. L’État n’est pas la solution, il est le problème, ajoutez-vous : tout dépend de l’échelle de temps qui vous sert de référence. Dans les années qui viennent, vos vœux risquent d’être exaucés au-delà de toutes vos espérances : d’une France réduite en miettes (eurorégions), vous vous retrouverez dans un État fédéral gigantesque, à peu près dans la même situation que les tribus indiennes nord-américaines vis-à-vis des États fédéraux yankee ou canadien. Pensez-vous réellement gagner au change ? »

En attendant la Saint-Glinglin, je préfère pour ma part inciter à voter en faveur de FA bien que ses chances de réussite soient très faibles — surtout s’il les réduit davantage par sa propre faute — et que la probabilité qu’il puisse un jour mettre en œuvre son programme à l’horizon d’une ou deux décennies soit encore plus ténue (non point nulle cependant).

Étant donné que vous ne répondez pas aux questions que l’on vous pose, c’est donc que le débat contradictoire ne vous intéresse point. Vous vous servez de la possibilité de commenter un article sur Agora vox comme d’une tribune pour assurer la publicité des idées que vous défendez. C’est votre droit. Cela limite néanmoins beaucoup l’intérêt d’échanger avec vous.

Cordialement.


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