• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Giordano Bruno

sur Peut-on encore sauver le passé simple ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Giordano Bruno - Non vacciné Giordano Bruno 20 décembre 2017 15:44

Le passé simple a disparu de nombreux livres récents à destination des enfants. Et même parfois le passé tout court. Cela s’inscrit dans un phénomène plus général de dégradation de la langue française dans ces livres. La solution ? Choisir des ouvrages n’ostracisant aucun temps. Je pense bien sûr au passé simple et à l’imparfait de l’indicatif, mais aussi et surtout à l’imparfait et au plus-que-parfait du subjonctif qui subirent jadis le même sort qu’aujourd’hui ces temps de l’indicatif. Fort heureusement, on peut trouver dans la littérature enfantine des livres ne reculant pas devant ces temps (Les contes du chat perché, par exemple), ceux-ci ne pouvant être difficiles qu’en raison de l’absence de leur usage.

Fidèle lecteur de Maupassant, j’ai remarqué plus d’une fois qu’en voulant retranscrire les fautes de français des paysans normands par des fautes grossières, il les faisait néanmoins parler régulièrement à l’imparfait du subjonctif. Peut-on faire l’hypothèse qu’au XIXème siècle ce temps était utilisé couramment par tous, y compris par ceux qui ne disposaient pas d’instruction ? Et dans ce cas, pourquoi cet abandon depuis ? Je me demande si l’école n’aurait pas une responsabilité. N’aurait-elle pas donné une place subalterne à l’imparfait et au plus-que-parfait du subjonctif comme elle le fait aujourd’hui avec le passé simple ?

J’ai l’habitude avec mes proches, ma femme, mes enfants, d’utiliser tous ces temps (passé simple, imparfait et plus-que-parfait du subjonctif). Je les trouve souvent plus adéquats pour m’exprimer, et ne veux pas priver mes enfants des richesses de leur langue en l’amputant inutilement. Mais face à d’autres publics, je les remplace souvent par d’autres, pour ne pas surprendre mes interlocuteurs et passer pour un pédant. Peut-être ai-je tort... Autant je m’accommode facilement de remplacer le passé simple par le passé composé, autant j’ai bien plus de mal à remplacer le subjonctif imparfait par le subjonctif présent. Je ressens intensément la faute commise. Je déplore aussi l’inexistence d’un subjonctif futur. J’aimerais souvent pouvoir en utiliser un. Il manque aussi à la langue d’autres possibilités expressives. Certins verbes défectifs sont frustrants. J’aimerais aussi pouvoir disposer, au lieu du pronom personnel sujet « nous » de deux pronoms se différenciant par le fait que l’interlocuteur est compris ou non. Etc.

Bref, il me serait bien plus agréable de voir la langue s’enrichir que d’assister à son appauvrissement.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès