Le lit est la grande affaire du nil, et de la vie, qui y prend sa source.
A la fin, quand on a a marre de faire la sentinelle au coin des rues alors que tombe le soir, on s’y couche, et on attend Godot, ou Godotte, c’est selon les gouts.
Marcel Proust eut le temps d’écrire à la recherche, bien loin des jeunes filles en sueurs, persiennes fermées sur la rue d’où lui parvenait la rumeur.
Lit de fruits et de senteurs et d’extase, lits à charnières se repliant sous le poids de trop d’efforts conjugués avant le lit des mers plates, celle de la mer des sargasses, et des sarcasmes.
T’en souviens tu mon âme des grands lits de Lavande, quand nous courrions à cheval blanc, à l’étage sans escalier dans cette maison en construction, adossée de l’épaule du Lubéron, ?...
C’était dix ans avant la chute du mur. Un sac à dos qui traîné dans un coin. Dedans des slips sales qu’il faudra laver à l’eau froide.
Dehors le chant des cigales assommait l’air comme un soufflet de forge ardent.
J’étais allongé sur la peau de tambour du vieux matelas à rayures, qui vivait ses derniers jours.L’air embaumait d’un parfume de pèche et de melon.
En bas le scooter sur sa béquille. Des morves de nuages dans les rétroviseurs. Assez d’essence pour aller voir la mer. Le vent dans tes cheveux, ta main dans ma chemise.
Et Cézanne, avec son chevalet, tout en haut de la sainte victoire.