- Alain Peyrefitte : Cet état
d’esprit n’existe pas chez nos partenaires. On dirait qu’ils
appliquent le principe anglais : « Right or wrong, my country. »
- Général de Gaulle : Nos partenaires ont une
certaine discipline nationale, même s’ils sont dans l’opposition.
Sur un problème international, même s’ils sont en désaccord, ils
font bloc. Cette débandade n’existe que chez les Français. Jamais
un conservateur anglais ne dira du mal de son gouvernement
travailliste à l’étranger, et réciproquement. Chez nous, ce
n’est pas une manie, c’est un vice. C’est la raison pour
laquelle, d’ailleurs, le régime d’assemblée et le règne des
partis, c’est impossible en France. On ne peut pas laisser
gouverner les partis. Les partis sont anti-France, automatiquement.
- Alain Peyrefitte : C’est antérieur ! Condé
[passé au service de l’Espagne en 1652], c’était avant les
partis !
- Général de Gaulle : Bien sûr. Condé
s’alliait avec l’étranger. La Ligue allait chercher les
Espagnols. Les protestants allaient chercher l’Empire. Les Vendéens
allaient chercher les Anglais. Et du temps de Vercingétorix, des
tribus gauloises trahissaient déjà au profit de César. C’est un
vice national. Il y a une rééducation à faire de la Nation.
Seulement, comme la mauvaise éducation a pris des centaines
d’années, la rééducation sera longue. »
Alain
Peyrefitte, C’était de Gaulle, tome 2, Fayard, page 194.