« Le moment est venu »...Il ya toujours quelque chose de très « prophétique » pour moi dans ce genre de formulation.
Par ailleurs, la pénurie n’est pas à mon sens un problème écologique, bien plus d’ordre économique, et qui peut-être régler comme tel. J’entends ici l’économie dans sa définition classique, à savoir : la gestion des ressources rares. A mon avis il n’est pas utile de sous-estimer la capacité d’adaptation de l’économie de marché, à partir du moment où celle-ci peut intégrer dans son calcul des données qualitatives relatives aux bonnes conditions de reproduction de ses matières premières, de ses inputs de production, de ses ressources rares.
La communication d’urgence que vous semblez prôner me laisse penser qu’aucune idée véritablement nouvelle n’est proposée. Bien plus il s’agit d’intégrer ces nouvelles variables qualitatives à un calcul économique standard. Chose nécessaire et sans doute extrêmement difficile, mais qui ne saurait à mon sens résumer à elle seule la question écologique.
Car quel rapport au monde nouveau ? C’était donc ça ! Efficacité et réduction de coûts globaux, internalisation des externalités, principe pollueur/payeur... Bien, il suffisait de relire Platon ou Aristote tout en restant sur le même plateau. Consommer moins, mais consommer pareil. Entre la cigale et la fourmi, le grand vide, et donc forcément toujours les mêmes questions : Quels seraient les coûts d’un exode urbain en termes d’aménagement du territoire ? Faut-il dans notre contexte démographique concentrer les pollutions sur des points noirs ciblés, ou favoriser des pollutions plus diffuses sur l’ensemble du territoire ? Plus globalement peut-on évaluer les différents coûts (économique, social, écologique) des stratégies de remplacement ?
Raisonner en termes de pénurie, d’efficacité, de stock...tout cela me parait appartenir à l’univers économique, et revient in fine à toujours considérer l’écologie comme une variable d’ajustement quantitative de ce dernier. D’autres articulations doivent être possibles, autant qu’il parait difficile d’aborder le « nouveau » à partir de vieux modes de pensée...même si l’on ne peut pas en faire l’économie !
Alors certes on peut toujours souhaiter que la fatalité de la pénurie, la monoexplication climatique soient autant d’occasion pour nous de faire des économies de penser le monde, de nous empresser à défaire ce que nous avons fait hier. Mais tant qu’on ne se posera pas les bonnes questions, la crise écologique est en ce sens une occasion à saisir, l’exode rural fera place à l’exode urbain et inversement, et indéfiniment.