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Accueil du site > Actualités > Environnement > Pour une écologie créative

Pour une écologie créative

Comment sortir d’une écologie politique négative et contribuer à une écologie étendue, étirée sur ses bords par l’ensemble de ses composantes tant scientifiques que créatives ?

Devant l’intensification des thèmes liés à l’écologie et à l’environnement dans le débat public actuel, et compte tenu de l’articulation confuse des termes caractérisant ces échanges, il semble que nous sommes en devoir d’interroger clairement le discours « écologiste » moyen.

Sommes-nous dans le cadre de la diffusion de croyances intermédiaires douces, supplétifs temporaires et nécessaires préparant à de nouvelles connaissances à venir (société qui facilite l’accés à...) ? Ou bien assistons-nous à la naissance d’une nouvelle idéologie dure à vocation unanimiste (société de la contrainte, de la taxe et de la culpabilité) ?

De par l’hétérogénéité des différents "porte-parole", sans doute un peu des deux. Dès lors comment participer à encourager la première voie, pour éviter une bascule vers la seconde ? Sachant que cette dernière ne nous mènerait vraisemblablement qu’à dupliquer de nouveaux comportements tout aussi mécaniques que les précédants, tout aussi fragiles quant aux évolutions des sciences.

Pour ce faire, une piste serait de contribuer à bâtir une écologie étendue, étirée sur ses bords par l’ensemble de ses composantes scientifiques et créatives. Car malmenée par une vulgate médiatique monoexplicative, la persistance du dualisme homme versus environnement, et limitée par les réflexions projectives (anthropocentrisme, religiosité), il semble véritablement nécessaire de faire appel à la fonction artistique comme outil complémentaire à nos connaissances. En court-circuitant certains de nos modes de pensée, autant de barrières, celle-ci peut contribuer à élargir nos perspectives, décentrer et donner à voir plus de systémique. En d’autre termes, nous aider à ressentir autrement notre appartenance à un plan commun, l’idée de lien.

Alors par où pourrait-on s’insèrer de la sorte dans les débats actuels marqués du sceau de l’urgence, et surtout avec quelle exigence ? Afin de cohérence, il serait sans doute souhaitable de s’impliquer en même temps dans deux mouvements complémentaires :

Le premier mouvement pourrair relever d’une "approche extérieure" : l’éducatif, soit le domaine de la reconnaissance et de la sélection des signes extérieurs. A savoir, comprendre des principes, reconnaître des symptômes, apprécier des signes de tension. A ce titre, éthologie, cybernétique, théorie de la connaissance, modèles quantiques... sont autant de territoires de connaissance sur lesquels il conviendrait de voyager afin d’extraire les « fondamentaux » nécessaires à la lecture (cartographie) raisonnée d’une nature "fourmillante". Autant d’écosystèmes de pensées à explorer afin de rassembler les fragments de connaissances nécéssaires à la construction d’un discours collectif de politique écologique véritablement novateur.

Le second mouvement relèverait de ce que l’on pourrait appeler une approche plus "intérieure" : le rapport à l’art, soit le domaine de la rencontre avec le multiple et du retour vers soi, pour anticiper, se situer en quelque sorte à la frontière de son connu et de son visible. Pour ce faire, il conviendrait d’explorer différents univers de la création "écologique", à la recherche de formes et expressions nouvelles capables d’enrichir intuitivement notre compréhension des relations, d’expérimenter notre appartenance à, sous un autre rapport.

La pensée du « je m’appartiens » marche main dans la main avec la pensée barbare de l’« après moi le déluge ». Et commencer à en sortir ce n’est pas en rester à la loi du code, au principe du pollueur payeur, encore moins à la stricte connaissance chimique de la molécule d’eau. Son appartenance au commun, l’art de composer ses rapports au monde qu’est l’écologie, cette sensation que la vie « n’est pas seulement quelque chose de personnel », on l’expérimente aussi dans un mouvement d’attention au monde.

Mouvement dans lequel on pourra se glisser à travers une approche éducative complétée de résonnances créatives douces : « l’écologie est un grand tournant, à condition que cette écologie soit mariée à la dimension sociale et économique, avec toute forme d’altérité, pour former une idéologie douce, qui fasse sa place aux nouvelles connaissances. » Félix Guattari.


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12 réactions à cet article    


  • bernard29 candidat 007 13 mars 2007 11:35

    je me souviens qu’un jour, fatigué après un combat écologiste pour les écosystèmes littoraux ou par un autre sur la reconquête des paysages, encore perdu ou si lent a évoluer, j’avais exprimé mon ras le bol en disant ; à la fin du fin, il ne nous restera plus que la poésie.

    De fait si chaque riverain de la mer, chaque acteur d’un bassin versant, chaque usager d’un milieu sensible , chaque agent des services environnementaux et des travaux publics était avant tout poète, tout serait plus simple.

    je ne sais pas si c’est quelque chose comme celà que vous avez voulu dire, car il me semble que votre article est bien abscons.


    • Gonzague de Montmagner (---.---.4.186) 13 mars 2007 12:12

      « De fait si chaque riverain de la mer, chaque acteur d’un bassin versant, chaque usager d’un milieu sensible, chaque agent des services environnementaux et des travaux publics était avant tout poète, tout serait plus simple. »

      Peut-être également un poète ou un rapport de poète avec, plus « qu’avant tout un poète ».

      « Je ne sais pas si c’est quelque chose comme cela que vous avez voulu dire, car il me semble que votre article est bien abscons »

      Vous avez raison, je tâtonne dans la construction d’un discours écologique essayant d’articuler diverses dimensions et perspectives, et tout cela reste encore confus à ce jour. Cependant la question écologique ne se résume pas pour moi à la préservation des « objets » de la nature. La question devient alors : comment donner à voir de la complexité et multiplier les accès ? Pour ne pas en rester à quelques points de vue uniformisant et réductionnistes, et sans exclure pour autant.

      Le sens de cet article était de proposer une petite réponse, en articulant une approche éducative transverse et une approche artistique. Cette dernière étant entendue au sens d’expérience « intérieure ».

      Car que constatons-nous aujourd’hui ?

      Dans sa note sur « l’état de l’opinion sur l’effet de serre et le changement climatique » du 13 décembre 2005, l’ADEME notait que une grande méconnaissance de la définition exacte de l’effet de serre : « beaucoup ne comprennent pas la nature exacte du phénomène en l’associant par exemple pour 25% à la couche d’ozone »... contre seulement 14% aux gaz (CO2...).

      Alors plutôt que de constater l’échec de ce bombardement monoexplicatif du climat, l’étude concluait : « si la compréhension du phénomène de l’effet de serre reste toute relative, son caractère néfaste est de plus en plus acquis par les citoyens. Cette représentation qui fait la part belle à la responsabilité humaine augmente régulièrement d’année en année : elle représentait un quart des réponses en 2001, elle en représente un tiers en 2005. La sensibilisation à travers la diffusion d’information n’est donc pas vaine [...] »

      Certitude confuse et manque d’exactitude (euphémisme) marchent main dans la main. Espérons juste que les nouveaux comportements et prêts à penser qu’il convient de nous ingurgiter, tout aussi mécaniquement que les précédents, ne se voient pas infirmer par les toutes prochaines avancées scientifiques. Encore plus rapidement que les précédents ?

      Rien de nouveau sous le soleil...à part le soleil ?


    • jean-michel coulomb (---.---.91.133) 14 mars 2007 08:38

      Ce que vous êtes en train de dire c’est qu’il faut réunifier l’esprit occidental en y intégrant de façon harmonieuse la raison et l’intuition.

      Une autre façon de dire cela est qu’il faut chercher à reduire la dissonance cognitive : on sait intellectuellement que la situation est grave, mais d’un point de vue émotionnel rien ne se passe.

      Justement je viens de poster un nouvel article (NOTRE MERE LA TERRE VA-T-ELLE MOURIR ?) sur le site de TEST et j’espère qu’AgoraVox le publiera, car il tente de superposer les deux aspects : raison/émotion.

      Ce sont des travaux pratiques qui illustrent votre propos, si du moins je les ai bien compris !


      • Gonzague de Montmagner (---.---.4.186) 14 mars 2007 18:47

        « Ce que vous êtes en train de dire c’est qu’il faut réunifier l’esprit occidental en y intégrant de façon harmonieuse la raison et l’intuition. »

        Peut-être que cela nous renverrait à la manière dont nous apprenons à apprendre. D’une manière qui fait que nous sommes comme « émotionnellement » déconnectés de la partie du monde que nous n’occupons pas. On peut aussi se demander comment appréhender la nouveauté, une fois dit que l’écologie est un système de pensée nouveau. Comment être pédagogique sans tomber dans un réductionnisme primaire, comment faire naître un véritable désir autour de l’écologie, irriguer du collectif à partir...Bref voilà beaucoup de piste que suis personnellement bien incapable de suivre ou d’animer. Seulement, en tant que citoyen, je ne comprends pas l’absence de ces thèmes dans les discours d’écologie politique actuels (au bon goût de moraline). Après ne nous étonnons pas que la greffe ne puisse pas prendre durablement dans l’opinion.


      • (---.---.161.96) 14 mars 2007 17:15

        Le moment est venu de consommer beaucoup moins d’énergie et de se préparer à des réalités contraignantes, en changeant de façon radicale notre mode de vie, l’organisation du territoire (passer de l’exode rural à l’exode urbain), l’urbanisme, l’architecture, l’organisation économique et sociale.

        L’avenir de l’agriculture et comment nourrir les populations sont aussi des aspects peu connus de la disparition du pétrole, comme celui de la surpopulation.

        En lire plus ici La fin progressive du pétrole

        Et aussi

        http://aspofrance.org

        http://www.oleocene.org

        http://www.wolfatthedoor.org.uk/francais

        http://www.terredebrut.org


        • Gonzague de Montmagner (---.---.4.186) 14 mars 2007 18:28

          « Le moment est venu »...Il ya toujours quelque chose de très « prophétique » pour moi dans ce genre de formulation.

          Par ailleurs, la pénurie n’est pas à mon sens un problème écologique, bien plus d’ordre économique, et qui peut-être régler comme tel. J’entends ici l’économie dans sa définition classique, à savoir : la gestion des ressources rares. A mon avis il n’est pas utile de sous-estimer la capacité d’adaptation de l’économie de marché, à partir du moment où celle-ci peut intégrer dans son calcul des données qualitatives relatives aux bonnes conditions de reproduction de ses matières premières, de ses inputs de production, de ses ressources rares.

          La communication d’urgence que vous semblez prôner me laisse penser qu’aucune idée véritablement nouvelle n’est proposée. Bien plus il s’agit d’intégrer ces nouvelles variables qualitatives à un calcul économique standard. Chose nécessaire et sans doute extrêmement difficile, mais qui ne saurait à mon sens résumer à elle seule la question écologique.

          Car quel rapport au monde nouveau ? C’était donc ça ! Efficacité et réduction de coûts globaux, internalisation des externalités, principe pollueur/payeur... Bien, il suffisait de relire Platon ou Aristote tout en restant sur le même plateau. Consommer moins, mais consommer pareil. Entre la cigale et la fourmi, le grand vide, et donc forcément toujours les mêmes questions : Quels seraient les coûts d’un exode urbain en termes d’aménagement du territoire ? Faut-il dans notre contexte démographique concentrer les pollutions sur des points noirs ciblés, ou favoriser des pollutions plus diffuses sur l’ensemble du territoire ? Plus globalement peut-on évaluer les différents coûts (économique, social, écologique) des stratégies de remplacement ?

          Raisonner en termes de pénurie, d’efficacité, de stock...tout cela me parait appartenir à l’univers économique, et revient in fine à toujours considérer l’écologie comme une variable d’ajustement quantitative de ce dernier. D’autres articulations doivent être possibles, autant qu’il parait difficile d’aborder le « nouveau » à partir de vieux modes de pensée...même si l’on ne peut pas en faire l’économie !

          Alors certes on peut toujours souhaiter que la fatalité de la pénurie, la monoexplication climatique soient autant d’occasion pour nous de faire des économies de penser le monde, de nous empresser à défaire ce que nous avons fait hier. Mais tant qu’on ne se posera pas les bonnes questions, la crise écologique est en ce sens une occasion à saisir, l’exode rural fera place à l’exode urbain et inversement, et indéfiniment.


        • jean-michel coulomb (---.---.91.133) 14 mars 2007 20:24

          Oui bien sûr c’est vrai.

          Mais les sites que vous citez à la fin comme des références indépassables, représentent, de par les gens qui les animent (je pense à Oléocene plus particulièrement car pour les autres je suis moins bien informé) et le côté purement terre à terre, le pire qui pourrait nous arriver : une société contrôlée par des gens qui sont en essence des matérialistes qui « organiseraient » rationnellement la pénurie et feraient régner leur petite terreur sur les consciences.

          Non, il faut ouvrir la conscience humaine, lui donner un nouveau souffle grâce à une créativité nouvelle.

          Là, je rejoins à 100% l’auteur de l’article, même si les propos sont à mon sens pas assez clairs...


        • jeandb (---.---.72.103) 14 mars 2007 21:47

          J’ai remarqué que lorsqu’on est trouveur , les chercheurs ne vous reconnaissent pas et vous rejettent . Comme si le fait de poser un problème leur donnaient une raison de vivre (budget et salaire + pourvue que ca dure ) et qu’avoir une solution mettait une fin à leur rêves..

          Si vous voulez un moteur à l’écologie il faudrait déjà répartir l’eau sur terre.Tout simplemeent sur chaque bassin versant pour réinfiltrer dans le sol les eaux qui ruissellent.

          http://www.dailymotion.com/jeandb/video/x15f8f_reportage-biefs-du-pilat


          • jeandb (---.---.72.103) 14 mars 2007 21:47

            J’ai remarqué que lorsque on est trouveur , les chercheurs ne vous reconnaissent pas et vous rejettent . Comme si le fait de poser un problème leur donnaient une raison de vivre et qu’avoir une solution mettait une fin à leur rêves..

            Si vous voulez un moteur à l’écologie il faudrait déjà répartir l’eau sur terre.Tout simplemeent sur chaque bassin versant pour réinfiltrer dans le sol les eaux qui ruissellent.

            http://www.dailymotion.com/jeandb/video/x15f8f_reportage-biefs-du-pilat


            • jeandb (---.---.152.252) 16 mars 2007 22:23

              Je pensais que l’écologie c’était quelque chose qui a à voir avec la verdure.... Aussi en attendant d’en savoir plus je me suis dis que ce serait peut-être bien d’arroser les zones désertiques avec l’eau des inondations... Cela ferait baisser le niveau de la mer...qui monte. Cela ferait pousser les arbres qui recyclerait plus de co2. En même temps cela rafraichirait l’atmosphère qui chauffe. Cela demande du travail , tant mieux il y aura moins de chomage. Les inondations seront moins fortes et fréquentes. Les réserves d’eaux souterraines reconstituées. L’énergie hydraulique multipliée à l’infini sur tout le territoire et tout le temps , y compris la nuit quand il n’y a pas de soleil pour les capteurs solaires et les jours sans vent pour faire tourner les éoliennes. Oh ! assez parler , un dessin vaut mieux qu’un discours , alors une vidéo encore plus :

              http://www.dailymotion.com/jeandb/video/x15f8f_reportage-biefs-du-pilat

              PS:C’est quoi une écologie créative ?


              • Gonzague de Montmagner (---.---.4.186) 17 mars 2007 10:47

                Je reconnais bien volontiers le caractère assez grossier et réactif de la formulation « écologie créative ». En fait celle-ci tient surtout à s’opposer à la vision dominante telle que relayée par les médias et qui pourrait se résumer le plus souvent par « toujours plus de...moins de nous-mêmes dans le monde ». Or à mon sens la question écologique, c’est exactement l’inverse, comment réinvestir le monde « autrement » ou « mieux ».

                Si l’écologie a bien évidement quelque chose à voir avec la verdure, elle ne s’en résume pas à ce seul aspect. Si je reprends votre texte, que je trouve créatif, tout du moins beaucoup plus que de penser simplement à réintégrer la vignette automobile, la question est alors pourquoi des solutions telles que la votre ne sont pas implémentées ? Quel mode de pensée et quel type d’organisation sociale associée font que précisément de telles mesures ne voient pas le jour ? Que nous n’avons pas le désir de....

                A mon sens, pour comprendre le phénomène, il y aurait bien une articulation à trouver entre une écologie mentale, sociale et environnementale comme dirait Guattari. Ou très proche, Jacques Robin, dans son rapport intitulé « Penser à la fois l’écologie, la société et l’Europe ». Rapport où ce dernier aborde les rapports entre l’écologie scientifique, l’écologie économique et l’émergence de leurs implications éthiques. »

                Bref créatif c’est peut-être juste décloisonner la question.


              • Gonzague de Montmagner (---.---.4.186) 24 mars 2007 14:16

                Complément.

                Je viens de découvrir l’article de Joël de Rosnay en date de 1994 « Education, Ecologie et Approche Systémique ». Celui-ci est disponible à cette adresse : http://csiweb2.cite-sciences.fr/derosnay/articles/EduEco.htm.

                De toute évidence il aurait été souhaitable de commencer par ici, histoire de pas réinventer la roue. Bien que cela puisse parfois contribuer à faire ressurgir quelques pépites...

                Cordialement,

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