La « civilisation
judéo-chrétienne » n’existe pas.
La
civilisation chinoise, elle, existe : elle a plus de 3000 ans.
La
civilisation « occidentale » existe aussi : elle a ses racines
dans l’antiquité babylonienne d’où viennent entre autres le mythe du déluge et
les premières idées mathématiques et s’est prolongée dans le monde grec, suivi
du monde romain et puis des invasions germaniques, le socle sur lequel se sont
construits d’abord la féodalité puis le capitalisme. L’Église catholique est,
du point de vue de son organisation, un avatar direct du Bas Empire romain et
ce n’est pas par hasard si le Vatican est à Rome. Il faudrait plutôt parler de
civilisation gréco-romaine & germanique que « judéo-chrétienne ».
C’est la
folie meurtrière de la 2e Guerre mondiale qui a forgé cet accouplement
de mots par remords chez ceux qui avaient participé à la destruction des Juifs
parmi les chrétiens luthériens et catholiques, avaient des remords et voulaient
se racheter. Une manière de le faire a été de proclamer que tus les européens
appartenaient à la même branche humaine, la branche « judéo-chrétienne ».
Le terme
était aussi pratique dans la guerre froide. Socialisme, communisme, marxisme,
anarchisme n’étaient pas sortis du ventre judéo-chrétien. Ils n’appartiennaient
pas à notre culture. Ils avaient le Mal comme origine. Et puis l’islamisme a
pris le relais. Le terme « judéo-chrétien » est devenu la clé de
voûte de la théorie du « choc des civilisations » promu par Bush et
toujours en vogue. Le paradoxe, c’est que l’extrême-droite, malgré ses
traditions antisémites difficiles à nier se pose aujourd’hui comme défenseur de
la « civilisation judéo-chrétienne ».