J’ai traversé le zanskar à pied en 1983. A l’époque, il y avait déjà une route qui reliait la ville chiites de Kargil au nord jusqu’à Padum. La route passait par un col à 4400m qui était encore fermé à la mi-août de cette année là. Un camion faisait tout de même la navette dans la vallée entre le bas du col et Padum. Le projet de passage par le sud existait déjà, mais le col est à 5100m ce qui fait qu’il ne sera pas ouvert toute l’année, mais il est probable qu’elle va drainer des touristes qui pourront éviter le Cachemire.
A l’époque, il y avait encore 4 rois, dont un qui était député à Delhi et apportait déjà quelques éléments de progrès dans la vallée. Ils n’avaient en théorie plus de pouvoir, mais avec un seul représentant de Delhi dans la vallée, ces rois rendaient encore bien des services avec, en particulier, la justice.
La société du Zanskar était bien équilibrée avec une place pour chacun, ce qui fait que ces habitants paraissaient heureux, mais avec une mortalité infantile de 50% en dessous de 2 ans et la quasi absence de médecins, on pouvait tout de même mieux faire. Il y avait plusieurs médecins dans le groupe et ils avaient prévu des médicaments d’urgence pour la population, en particulier des antibiotiques. ils n’ont pas chômé pendant le voyage.
L’arrivée des touristes ne va pas forcément enrichir la population. En 1983, ils n’avaient rien à vendre, donc nous étions venu avec tout ce qui était nécessaire, la nourriture, le carburant pour cuire la nourriture, les tentes pour se loger... Les poulets et les canards ont été transportés vivants sur les chevaux et deux moutons ont suivi à pied. On avait fini par s’attacher... Si des infrastructures touristiques sont construites, cela servira surtout à tous ceux qui vont faire la logistique avec le reste de l’Inde. les zanskaris ne toucheront pas grand chose.