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Commentaire de Analis

sur Quand le jury de l'ENA découvre l'eau chaude


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Analis 10 mars 2018 16:43

@Le Canard républicain
Alors une invitation à lire l’article « Centralisme « jacobin », vraiment ? » de l’historienne Florence Gauthier : http://www.lecanardrépublicain.net/spip.php?article748

Utile rappel des complexités de la Révolution Française de 1789, cependant, cela n’invalide pas à mes yeux complètement la pertinence de l’utilisation du mot jacobin dans ce sens. C’est-à-dire, non seulement parce que la signification a glissé. Si on regarde de près celle habituellement en vigueur, elle s’applique à un gouvernement centralisé, uniformisant les lois et la pratique administrative. Et là-dessus, force est-il que si 1790 il manquait certaines des caractéristiques qui caractériseront ensuite l’État français, quelle que soit sa forme (« républicaine » de 1792, royaliste, impériale, républicaine présidentielle, parlementaire, vichyste, présidentialiste), notamment les préfets, la première d’entre celles qui sont habituellement qualifiées de jacobines, l’uniformité administrative et législative, est bel et bien présente. Les assemblées municipales et départementales sont décentralisées, mais n’ont qu’un pouvoir très réduit. Leur organisation est uniforme, elles n’ont aucun pouvoir législatif, la période est marquée par la suppression de toutes les lois régionales qui caractérisaient l’ancien régime. Et il ne reste aux assemblées locales qu’à administrer les affaires comptables, sans pouvoir dévier de la politique nationale, seul lieu où une orientation politique est décidée. En bref, elles n’avaient qu’un travail de secrétaire. Parler d’autonomie était abusif.

La seule innovation qui viendra ensuite sera d’instaurer les préfets, ce qui était dans la suite logique des choses, dans la mesure où même l’adjonction d’un inspecteur élu au niveau local du contrôleur des décisions locales était incongrue, puisque la marge de manœuvre des assemblées locales était très réduite. Ils n’ont pas attendu 1799 pour être mis en place. En effet, déjà pour prévenir les troubles, des commissaires de la République avaient été instaurés durant la Terreur. La constitution d’août 1795 va les instituer de façon permanente au plus haut niveau, en en faisant des contrôleurs au niveau départemental, dont ils étaient les chefs, ne laissant que les assemblées communales et cantonales. On voit que Napoléon ne fera que perfectionner ce système, notamment en imposant la désignation des maires. Mais il n’y a rien d’incongru à qualifier ce modèle d’organisation unitaire, uniformisée et ultra-centralisée qui caractérise l’État français depuis plus de 220 ans. À noter que le renforcement de la centralisation a bien eu lieu sous un régime républicain, alors que les lois de 1790 l’étaient sous un régime monarchique (non que cela ait beaucoup d’importance, car de toute façon, ces lois n’instauraient aucune véritable autonomie).


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