@Le Canard républicain
Alors une invitation à lire l’article « Centralisme « jacobin », vraiment ? » de l’historienne Florence Gauthier : http://www.lecanardrépublicain.net/spip.php?article748
Utile
rappel des complexités de la Révolution Française de 1789,
cependant, cela n’invalide pas à mes yeux complètement la
pertinence de l’utilisation du mot jacobin dans ce sens.
C’est-à-dire, non seulement parce que la signification a glissé. Si
on regarde de près celle habituellement en vigueur, elle s’applique
à un gouvernement centralisé, uniformisant les lois et la pratique
administrative. Et là-dessus, force est-il que si 1790 il manquait
certaines des caractéristiques qui caractériseront ensuite l’État
français, quelle que soit sa forme (« républicaine » de
1792, royaliste, impériale, républicaine présidentielle,
parlementaire, vichyste, présidentialiste), notamment les préfets,
la première d’entre celles qui sont habituellement qualifiées de
jacobines, l’uniformité administrative et législative, est bel et
bien présente. Les assemblées municipales et départementales sont
décentralisées, mais n’ont qu’un pouvoir très réduit. Leur
organisation est uniforme, elles n’ont aucun pouvoir législatif, la
période est marquée par la suppression de toutes les lois
régionales qui caractérisaient l’ancien régime. Et il ne reste aux
assemblées locales qu’à administrer les affaires comptables, sans
pouvoir dévier de la politique nationale, seul lieu où une
orientation politique est décidée. En bref, elles n’avaient qu’un
travail de secrétaire. Parler d’autonomie était abusif.
La
seule innovation qui viendra ensuite sera d’instaurer les préfets,
ce qui était dans la suite logique des choses, dans la mesure où
même l’adjonction d’un inspecteur élu au niveau local du contrôleur
des décisions locales était incongrue, puisque la marge de manœuvre
des assemblées locales était très réduite. Ils n’ont pas attendu
1799 pour être mis en place. En effet, déjà pour prévenir les
troubles, des commissaires de la République avaient été instaurés
durant la Terreur. La constitution d’août 1795 va les instituer de
façon permanente au plus haut niveau, en en faisant des contrôleurs
au niveau départemental, dont ils étaient les chefs, ne laissant
que les assemblées communales et cantonales. On voit que Napoléon ne
fera que perfectionner ce système, notamment en imposant la
désignation des maires. Mais il n’y a rien d’incongru à qualifier
ce modèle d’organisation unitaire, uniformisée et ultra-centralisée
qui caractérise l’État français depuis plus de 220 ans. À noter
que le renforcement de la centralisation a bien eu lieu sous un
régime républicain, alors que les lois de 1790 l’étaient sous un
régime monarchique (non que cela ait beaucoup d’importance, car de
toute façon, ces lois n’instauraient aucune véritable autonomie).