L’Amour,
c’est ce que l’humanité a toujours cherché, il est le but de l’homme et le rêve
idéal de la Femme, il est la grande force qui régit l’univers, il peut tout, le
bien comme le mal, il domine les temps et les âges, il se trouve à la source de
toutes les religions, il est la religion même dans son principe ; toutes les
philosophies l’ont discuté, il règne dans l’histoire des rois et dans les
légendes populaires, il a été, tour à tour, béni et maudit, permis jusqu’à la
licence et défendu comme le plus grand des crimes. Il est la source de mille
préjugés religieux ou sociaux qui, presque toujours, résultent du malentendu
qui règne sur cette question entre les hommes et les femmes, acteurs
indispensables de cette idylle, mais qui ne la comprennent pas de la même
manière.
L’homme,
malgré l’expérience de l’histoire, n’a pas encore compris que l’amour de la
femme est un phénomène qui a une réaction spirituelle : c’est ce qui le
sanctifie.
La
femme, malgré les désillusions de ses aïeules, ne veut pas encore savoir que
l’amour masculin est un phénomène qui a une réaction brutale : c’est ce qui le
condamne.
Pendant
que chez la femme le fluide d’amour aspire à monter, chez l’homme il aspire à
descendre. C’est sur cette différence que fut basée la grande lutte de sexes
dans l’antiquité ; elle dure encore.
Faire
luire sur cette question la lumière définitive de la science, c’est donner à
l’humanité le moyen de sortir de l’état de malaise général que le malentendu
sexuel a causé dans le monde. Il faut, une bonne fois, que chaque sexe sache
comment l’autre aime et pense, afin d’éviter les heurts qui blessent
l’amour-propre et finissent toujours par faire de deux amoureux deux ennemis
irréconciliables.
Et par conséquent, le mystère autour
de la « chute » et du « péché originel » (le premier acte sexuel) a une
importance capitale, c’est le nœud de notre condition qui prend ses replis et
ses retours dans cet abîme.
Un choc
perpétuel existe entre la raison et le cœur de l’homme, entre son entendement
et son désir. Quand il atteint au plus haut degré des civilisations, il est au
dernier degré moral ; il s’appauvrit en idées, en même temps qu’il s’enrichit
en sentiments. Son péché s’étend comme un voile entre lui et l’Univers (et
c’est ce qui cause la désunion de l’homme et de la femme). L’unité du monde a
été vaincue et l’humanité doit en porter la peine.
L’homme est
tombé dans la conception misérable du fini, alors qu’il était né pour l’infini.
C’est le
problème fondamental, le problème humain et divin. C’est le dogme intérieur de
l’humanité. Une crise terrible fermente en ce moment, parce que le dogme de la
chute masque les plus grands problèmes philosophiques.
Cordialement