@Hervé Hum
Vous me faites penser à un intellectuel qui expliquerait à
un prisonnier incarcéré dans une prison remplie de criminels violents qu’il a
une connaissance biaisée de sa réalité parce qu’il possède des lames artisanales pour se défendre et qu’il s’entraine à se battre. Et cet
intellectuel lui expliquerait doctement qu’il est dans l’ignorance parce qu’il
ne connait pas la métaphysique et le principe de causalité, et que la seule
façon pour lui d’être en sécurité serait de se mettre d’accord sur des règles
communes selon une éthique de réciprocité en se fondant sur la conscience
individuelle et collective avec ses codétenus qui sont pourtant des voleurs , des assassins et des
violeurs . Et bien ce prisonnier rira au nez de cet intellectuel.
Pourquoi ? Parce que son discours ne correspond pas à la réalité qu’il vit
tous les jours et sa réalité, c’est que ses codétenus sont violents et
exploitent les plus faibles, les volent, les rackettent, les violent et les
réduisent en esclavage. Et que la seule solution pour ne pas subir ce traitement,
c’est d’être fort, de dissuader les autres de le victimiser en leur montrant
qu’il est capable lui aussi de faire usage d’une extrême brutalité. Ca c’est sa
réalité implacable, aussi folle soit elle.
Discuter de conscience et de métaphysique avec ses codétenus ne la changera pas !
Ce monde là n’est pas différent des relations internationales qui sont structurées depuis la révolution néolithique par « l’état de guerre » (l’effet d’une disposition mutuelle, constante et manifeste de détruire l’Etat ennemi ou de l’affaiblir ou moins par tous les moyens qu’on peut). Il y’a quelque chose que vous ne prenez pas en compte : il y’aura toujours au moins un Etat qui voudra dominer et conquérir ! Et ce ne sont pas les discussions métaphysiques sur la conscience et la causalité qui le dissuaderont. Comment avoir la paix dans ces conditions ?
Autre chose : dans la locution de Végèce « Qui veut la paix prépare la guerre », la paix dont il est question n’est pas une paix perpétuelle. Dans l’état de guerre, la paix perpétuelle n’existe pas, elle ne peut pas exister et n’est même pas envisageable. La paix dont il est question est toujours provisoire, elle est conditionnée par une préparation militaire qui dissuaderait les adversaires de tenter une invasion. Il suffit que l’équilibre des forces se rompe pour passer de l’état de guerre à la guerre proprement dites. La locution pourrait être paraphrasée comme suit : pour qui veut la paix, le seul moyen de l’avoir le plus longuement possible , c’est de parvenir à dissuader les autres de vous envahir. Et cette dissuasion ne peut être que militaire, on ne peut donc l’obtenir qu’en préparant la guerre.
Donc nous partons déjà du principe que la paix globale est impossible. C’est cette incompréhension qui vous fait dire que de tout temps ceux qui ont préparé ont fait la guerre et non la paix , ce qui est normal puisque la guerre est de toute façon inévitable. Mais cela vous empêche de voir que ceux qui ont connu les plus longues périodes de paix étaient ceux qui étaient les mieux préparés à la guerre.
Quant au discours de Poutine, il faut comprendre qu’on est dans une logique du faible au fort : le faible légitime sa montée en puissance par un discours sur la réciprocité comme socle d’une paix durable. Mais il montre bien que le fort ne veut pas cette réciprocité, ni même une paix durable dans le respect de chacun, ce qui ne lui laisse pas d’autres choix que de devenir plus fort. Le fort va lui aussi tenter de légitimer son action en accusant la montée en puissance qui le contraindrait ainsi à devenir plus fort encore.
Mais l’histoire est là pour montrer qu’il ne s’agit que d’un discours et que ce que veut réellement le fort dans notre cas ,à savoir l’empire américain , c’est dominer et conquérir les plus faibles pour imposer son hégémonie. Après la chute du mur de Berlin, l’empire américain a voulu imposer un nouvel ordre mondial modelé selon leurs intérêts et dans lequel ils devaient tenir leur rôle de “nation indispensable” ou “référence exceptionnelle”. La Russie était en lambeaux mais cela n’a pas empêché les Etats unis de l’affaiblir encore plus sur le plan de la politique extérieure et intérieure. L’arrivée de Poutine au pouvoir n’aura été qu’une réaction immunitaire de la nation russe à ce processus de refoulement et de déclassement. Même lorsqu’ils étaient en situation de domination unipolaire du monde , les américains se préparaient déjà à la guerre. Le discours selon lequel ils le font à cause d’une Russie qui vient de sortir la tête de l’eau est donc de l’enfumage, contrairement au discours russe qui correspond à la réalité historique.
Les Russes n’ont pas le choix : s’ils ne veulent pas être un jour conquis par les américains, ils doivent être en mesure d’empêcher ce scénario militairement. Il n’existe aucune autre option. Voilà la réalité du monde dans lequel on évolue.
20/03 16:47 - Viktor Renant
@Carl V Oui, ce qui tenait presque du comique pour moi c’est quand elle a pris pour (...)
19/03 19:48 - Carl V
Merci beaucoup pour cette retranscription, c’est un gros travail, apprécié ! Comme (...)
19/03 13:42 - maQiavel
19/03 13:27 - Hervé Hum
@maQiavel Je vous ai écris que c’est la raison elle même qui dit quand une époque est (...)
18/03 12:53 - maQiavel
@Hervé Hum Je compatis pour votre commentaire qui a disparu. Aucun problème pour le temps de (...)
18/03 00:29 - Hervé Hum
@maQiavel Désolé de répondre tardivement, j’avais écris un long commentaire, mais une (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération