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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Cantat, ce sombre héros de l'amer


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Philippe VERGNES 16 mars 2018 22:42

@ alinea,


Pas de quoi... je pense qu’avec les commentaires de velosolex en prime, il y a là de quoi faire. Plusieurs de ses remarques seraient à développer ici dans le cadre du cas évoqué par cet article. Notamment pour ce qu’il en ait de la psychopathie, mais je me suis déjà exprimé par ailleurs à ce sujet dans plusieurs articles : il y a bien plus une différence d’approche et de discipline entre ces différents concepts qu’une différence de concept en eux-mêmes (il en est de même pour l’étiquette de « sociopathe » ou de « personnalité antisociale »). On peut bien sûr s’échiner à leur trouver des différences, et pour cause, tout est une question de degrés (fréquence, intensité et durée des comportements observés) dans ce genre de problématique, mais fondamentalement, nous sommes sur une expulsion psychique de deuil ou de conflit interne (ce qui est la définition de la perversion narcissique). D’où tout l’intérêt d’analyser cette problématique selon son processus plutôt que selon son aspect « catégoriel ». Ce qui ne peut mener qu’a des querelles de clochers en passant à côté de l’essentiel qui, lui, peut un jour nous apporter des solutions (qui commencent à être « testées », mais il est encore trop tôt pour en avoir un retour). Par solution j’entends le fait de ne plus considérer les pervers ou les psychopathes comme inamendable. Mais cela tient encore à une question de degrés, sauf qu’avec l’accroissement de nos connaissances, on fait peu à peu reculer les frontières de cette limite d’inimendabilité. C’est ainsi que l’on progresse sur le chemin de notre évolution, mais ces progrès sont très lents à l’échelle humaine. Ils prennent une autre perspective lorsque l’on étudie l’histoire de l’humanité.

Pour résumer le truc par une métaphore sur la question des différents termes « catégoriels » employés, c’est bien le même domaine d’investigation qui est exploré, mais avec des approches totalement différentes et selon moi en tout point complémentaire (cf. « Se comprendre ou s’entretuer : question de logique » et « Le match : psychopathes Vs pervers narcissiques »).

Sur votre réflexion d’ensemble qui atteste que vous cernez bien le phénomène : « Il y a des cas où la toute puissance infantile n’existe pas... » selon moi, il semblerait bien qu’elle existe en toute circonstance, mais seulement qu’elle n’apparaît pas au grand jour dans chaque cas. N’oublions pas que de telles personnalités sont toutes en contrôle et qu’elles ne « craquent » qu’en cas de circonstances bien précises (qui ne sont pas celles que peuvent mettre en place leur proie).

Sur la fragilité et le désarroi du pervers... oui. J’en parlerais tantôt pour « dédiaboliser » ce que sont réellement les pervers. Je travaille la-dessus depuis des années avec certains auteurs, mais j’ai toujours dis que le jour où je publierais quelque chose la dessus, je me fâcherais avec un grand nombre de victimes de ces individus qui ont BESOIN (en tout premier lieu) de croire en la figure du mal incarné chez le pervers narcissique pour s’en sortir. Mais ce n’est qu’une étape... parmi d’autres à franchir pour se libérer d’une situation d’emprise. Quoi qu’il en soit, il y a bien une immense fragilité et un profond désarroi chez les pervers qui fera qu’après la lune de miel, le pervers détestera sa « victime » pour la clairvoyance dont elle a su faire preuve à son égard. Cela aussi, c’est un aspect à tenir compte dans ce type de relation, car c’est sur la base de cette détestation paradoxale : « je ne peux vivre sans toi, mais vivre avec toi me tue, car si tu pars je meurs, mais si tu restes tu me tues », que le pervers se croit dans son bon droit de traiter sa proie comme il le fait.

Nous voyons là apparaître le fruit (pathologique) d’une société telle que décrite par A. Einstein : « Le mental intuitif est un don sacré. Le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. »

C’est ce qu’en bout de chaîne nous nommons paranoïa (dérivé du grec para = contre, à côté de, et noïa = l’esprit, l’intelligence) ou bien perversion (dérivé du latin per-vertere = re-tourner, mettre sans dessus dessous, etc.) Ici encore, deux origines sémantiques pour un phénomène apparenté (en tant que processus, mais différent en tant que diagnostic clinique, subtilité encore).


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