@Matlemat
Quand un pays achète-t-il des armes pour se défendre ou pour en agresser un autre ? Tout le débat est là. Qu’est ce qui nous dit que l’Egypte ne s’arme pas pour intervenir en Lybie voire, à plus longue échéance, en Tunisie, pays pour lequel Al Sissi ne souhaite certainement pas le succès de la démocratie. Il n’y a pas lieu de se réjouir de nos succès militaires à l’exportation dans ce pays ou chez ses voisins. Il est vrai que les négociations pour la vente des Rafale ont été suspendues lors des morts de la place Tarhir. C’est peut-être ce que vous avez entendu. Mais les affaires ont vite repris... 

Pour ce qui est des Mistral, la question de leur usage reste posée. Il s’agit de « bâtiments de projection », terme pudique pour dire « invasion ». C’est, de plus, un navire fort complexe à utiliser et construit selon des normes civiles. C’est à dire que, dans un canal, comme celui de Suez, il est pris au piège et peut être à la merci de roquettes ou de missile portables. Utilisé en centre opérationnel de commandement, comme dans les opérations françaises, un Mistral se tient généralement loin, sous la ligne d’horizon.

Toujours comme centre opérationnel de commandement, il faut se poser la question de savoir si la France a vendu le système de gestion tactique Senit 9 (sur le CDG n’est installé que le Sénit 8, cela changera peut-être à l’issue de son IPER en cours). En effet, ce n’est pas la vente des navires en tant que tel qui avait perturbé l’Etat Major et les alliés de la France. Le Senit 9 était le point de désaccord. Ce qui explique que les négociations aient traîné de 2008 à 2011. Sarkozy avait fini par céder en raison, à l’époque, de la sous-activité des chantiers de St Nazaire. Lors de la rupture du contrat, en 2015, le carnet de commande de STX était passé à 10 ans. Le contexte économique, et pas seulement géopolitique, était devenu totalement différent. Cela peut expliquer pas mal de chose.

Bref, vente ou pas du Senit 9, c’est le point important. Cela peut expliquer la différence de prix payée par les Egyptiens par rapport aux Russes. Sans ce système, les BPC Mistral sont beaucoup moins menaçants. Le Senit 9 est certainement l’information la plus confidentielle. Pour l’instant, rien n’a fuité dans le domaine public.

Sans hélicoptères, les BPC sont beaucoup moins offensifs. Ils semblent, toujours, ne pas en être équipés.Cela parait incompréhensible.

On peut penser, malgré tout, que les Egyptiens ont acheté les quatre chalands de débarquement (deux par navire) construits par STX.   

En résumé, on ne sait pas vraiment ce que les Egyptiens ont acheté. Pour l’instant ils ont, de toute façon, un outil amputé. On ne sait pas, non plus, ce que les Egyptiens vont en faire.