I - « Les Etats Français, Chinois, cubain, syriens seraient aujourd’hui bien en peine - ainsi que l’autorité palestinienne du reste - de démontrer la validité de la prétention des peuples qu’ils encadrent respectivement à se percevoir comme des peuples dotés d’un droit historique sui generis. »
Ce respectable auteur semble ne pas connaître lui-même ce qu’est un état. Mettre dans le même sac l’histoire de la France, de la Chine, de la Syrie et du Cuba est confondant d’inconsistance. Cet auteur est peut-être de la même école que celui qui nous claironnait la fin de l’histoire. Il serait vain de vouloir refaire ici la genèse de la mise en place, en Europe, de l’idée de nation française. Tout le monde connaît la démarche entreprise par Philippe Auguste, Philippe le Bel et poursuivie assidûment par Louis XI. Que dire de Richelieu, de Louis XIV, puis de la Révolution Française et de Napoléon ?
La nation syrienne (on pourrait dire la même chose de la nation algérienne et de bien d’autres ex-colonies européennes) est une invention anti-coloniale. Cuba une invention anti-américaine. Quant à la nation chinoise, l’histoire ne va pas tarder à nous dire ce que ce concept représente exactement.
II - En second lieu, il convient de noter que la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917, selon laquelle : « Le gouvernement de sa Majesté (britannique) envisage favorablement l’établissement en Palestine du mandat Britannique d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif », offre une reconnaissance officielle valant légitimité.
Diable ! Rien que ça ! La déclaration Balfour offre une reconnaissance officielle valant légitimité. Et l’acte d’Algésiras, il offre quelle légitimité ? L’histoire n’est pas une boîte à malices dans laquelle chacun peut puiser suivant ses intérêts. L’histoire n’appartient à personne. La Palestine d’aujourd’hui (démographie aidant) n’a rien à voir avec le pays que les Anglais ont connu.
La création de l’Etat d’Israël est un fait historique et ceux qui cherchent à le remettre en cause sont de dangereux malades mentaux. Personne, sauf le fou iranien, ne parle de rayer Israël de la carte. Mais Israël entretient lui aussi la confusion sur la vision de son espace « culturel, historique, et religieux ». Y a-t-il oui ou non un concept de Grand Israël, et si oui, sur quels critères se base-t-il ?
Bien sûr de nombreux Israéliens ne partagent pas cette vision d’illuminé. L’effort poursuivi de colonisation des territoires occupés (oui je dis bien occupés et je tire le terme des textes des Nations Unies auxquels vous faites référence quand ça vous arrange) est là pour en témoigner. Vous penser que l’Etat palestinien se situe en Jordanie. La communauté internationale a de plus en plus de mal à vous suivre sur ce point (Anglais compris).
III - Si les (ou un certain nombre de) Juifs constituent un peuple, la cause est entendue. Quant à la localisation géographique précise qui doit correspondre à ce peuple, qui pourrait s’arroger le droit d’en décider à la place du peuple intéressé ? A cet égard c’est l’ONU qui décide très officiellement de cette localisation géographique de L’Etat du peuple juif.
Pourquoi avez-vous omis de signaler dans ce brillant exposé que les pères fondateurs du sionisme avaient songé, au départ, à créer l’état d’Israël quelque part du côté de l’Ouganda, dans des territoires quasiment vides, dans le souci de ne déranger personne.
C’est au souvenir de cette généreuse idée - émise pour ne pas avoir précisément à faire souffrir d’autres peuples ainsi que le peuple juif avait souffert tout au long de l’histoire.- que je me suis permis de faire allusion à la Terre Promise. Vous semblez oublier que beaucoup de Juifs savent très bien aujourd’hui que ce concept peut très bien être abordé d’un point de vue philosophique et non comme revendication territoriale.
IV - « AINSI la question fondamentale est la suivante : si les Français, camerounais, Laotiens, Luxembourgeois sont admis comme des peuples - dotés donc collectivement de droit moraux, juridiques, politiques, nationaux précis- que les juifs ne le seraient ils pas, avec des droits nationaux identiques sur un espace INCONTESTABLEMENT ancestral ? »
Là aussi on remet dans le même sac des peuples construit sur des critères bien différents les uns des autres. A quoi sert cet amalgame ? Une chose est sûre, ça ne fait pas avancer le débat. Surtout quand dans la foulée vous parlez d’un « espace incontestablement ancestral »... On a vu ce que ce type de raisonnement a donné en Yougoslavie, ou ce qu’il donne au Cachemire,
L’idée de nation est une idée relativement neuve dans le concert des nations. On peut dire qu’elle est née de la révolution Française quand il s’est agi de défendre non pas seulement une terre mais une nouvelle représentation de la société. Avant la Révolution Française, la terre appartenait à des familles régnantes qui s’en échangeaient des lambeaux à l’occasion de leurs mariages princiers, parfois même sans que les peuples soient informés.
Israël n’a pas plus de droits ancestraux sur la Palestine que les Romains sur l’Andalousie ou les Mongols sur l’Inde. La Palestine a été de tous temps un corridor de passage pour tous les peuples du Proche Orient mais il ne sert à rien aujourd’hui d’aller chercher dans l’histoire une quelconque justification à une occupation condamnée depuis longtemps par la communauté internationale. Pas plus que l’Occident ne laissera ais les juifs être jetés à la mer, il ne permettra pas de refouler tous les Palestiniens en Jordanie ainsi que vous le suggérez.
V - « Certains prétendent qui ne faut pas ressasser le passé indéfiniment. Pourtant il me semble plus que nécessaire que pour bien comprendre une situation donnée il convient de revenir aux sources. »
Bien sûr que le passé éclaire toujours une situation donnée. Mais je reviens à mon interrogation précédente : pourquoi sur un sujet aussi brûlant et qui engage l’avenir de populations déjà bien meurtries, aucun des intervenants (tant d’un bord que de l’autre) n’a daigné faire allusion à l’initiative de paix de Genève. Moi je préfère regarder dans cette directe. Et pour ce qui est des clins d’oeils historiques puis que vous en faites un à l’excellent empereur Hadrien, pourquoi m’interdire de rappeler les déboires de Moïse et d’Aaron dans le Sinaï quand il s’est agi de ramener le peuple juif au bercail.
VI - « Le mot de palestina provient en fait des habitants de la côte de la mer rouge, les Philistins peuple marin. » Alors là, quand on recopie diligemment des bouquins on fait gaffe. Les Philistins, si mes souvenirs sont bons (Marsu au secours si tu es là...) sont un peuple de marins établis sur la côte de l’actuel Liban (Tyr et Sidon). Peuple de marins reconnus dans l’Antiquité, certains se sont mis au service de différentes puissances régionales. C’est à eux qu’on peut attribuer la première circumnavigation avérée de l’Afrique au temps du pharaon Néchao. De là à les installer sur la Mer Rouge...
VII - « On voit bien que l’origine de la Palestine est plus proche d’un accident historique et d’une manoeuvre totalitaire plutôt que d’une soi disante lignée ancestrale des représentants de l’autorité palestinienne et au Hamas. »
Attention, l’utilisation sans discernement de mots tels que « totalitaire » « manœuvre » « complot » peut se révéler paranoïdique. Quant à la notion de « lignée ancestrale », elle me donne envie de gerber. Vous parlez comme un palefrenier dans un haras, comme un éleveur de coqs de combat ou de moutons dans les Highlands. Vous emmerdez le monde avec vos races et vos lignées ancestrales. Y a en marre de vous entendre proférer de telles conneries. La race, vous pouvez vous la mettre où vous voulez. Les gens civilisés, y a longtemps qu’ils n’en parlent plus.
Quand donc, les uns et les autres, Juifs Palestiniens, Turcs, Français, Chinois, Zoulous, accepterons-nous de reconnaître que, comme le disait le grand Léo, « nous sommes tous des bâtards ». Patrick Adam
26/07 23:41 - effectivement
Ibraluz ( alias evidence par erreur ) Merci pour cette synthèse qui favorisera la (...)
12/05 22:15 -
09/05 17:02 - claude
Adam-Caïman comme vous le constatez après bien d’autres, et comme bien d’autres le (...)
03/05 14:22 - ibraluz
Oui, c’est bien moi. Excusez l’oubli et merci pour vos rectifications concernant le (...)
03/05 00:24 - Daniel Milan
03/05 00:08 - QwazyMoto
« [...]comment se fait-il qu’après treize siècles de domination islamique, 1/3 de la (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération