Amusante et paradoxale, cette liste des 33 points.
Juste dans l’ensemble, à peine caricaturale.
Et il n’y a pas le pire, l’effondrement de cette
civilisation du progrès infini, dans l’ordre du possible avec d’immenses dégâts.
Mais de ce progrès là, tout le monde en redemande, c’est incontestable.
Où est le piège, la contradiction entre cette liste d’horreurs
et le fait qu’on en redemande ?
Dans notre cerveau, sans doute. Dans la fascination de l’homme
face au progrès, qui compare l’iphone X au poste de téléphone tictactictac (le
retour du disque) des années 50 et se dit yapasphoto (à vrai dire, yaphoto :
l’iphone prend des photos !). Sans parler de tout le confort, de l’allongement
de la durée de vie et de tout le reste.
Notre cerveau est prêt à payer ce progrès à n’importe quel prix,
fut-ce le prix de l’esclavage. On y va doucement, comme la grenouille dans la
casserole. L’agriculteur d’aujourd’hui n’est pas forcément plus heureux que son
aïeul d’il y a cent ans, avec ses emprunts et ses fils à la patte de partout
qui le conduisent au bord de la dépression voire du suicide, mais il ne
souhaiterait probablement pas reprendre la place de son aïeul. Le progrès, c’est un système à cliquets : le retour en arrière est impossible, verrouillé. Ainsi que les inconvénients qui vont avec. Pour reprendre l’exemple du téléphone, suggérer aux gens de laisser l’iphone à la maison ou de bloquer Internet durant une semaine n’a aucune chance d’être suivi.
La seule inconnue, c’est toujours le cerveau de l’homme.
Jusqu’où acceptera-t-il ce monde virtuel du mensonge généralisé via la « communication »,
d’échanger sa liberté (1984) contre les avantages et la fascination du progrès.
Mystère. Ce mystère est lourd des révolutions du futur.