Face aux récents développements de la situation sur le terrain en Syrie et à l’emballement de déclarations intempestives et irréfléchies pour certaines, on ne peut que s’indigner de l’égarement et de la perte de réalisme et de responsabilité manifestés par des dirigeants politiques, à la tête de grands pays, guidés par des intérêts tout autres que ceux liés à la nécessaire réduction des tensions dans le monde. Ce faisant, par leur manque de lucidité, leur incapacité à retenir les leçons pourtant récentes de l’histoire, leur absence de vision globale, voire leur refus d’analyser les conséquences probables de leurs décisions, ils jouent les apprentis-sorciers en favorisant l’émergence d’un conflit beaucoup plus large et en mettant en danger la vie de leurs propres citoyens, en l’occurrence les citoyens européens les plus exposés aujourd’hui.
Le président de la République serait donc bien inspiré d’éviter de répéter l’erreur de son prédécesseur qui, en 2013, plus téméraire que ses homologues américain et britannique, pensait tirer de nombreux bénéfices en frappant la Syrie. Chacun se souvient de l’épilogue : la France, isolée, était contrainte de renoncer après les défections du Royaume-Uni et des Etats-Unis dues à l’opposition manifestée par leurs parlements respectifs. Rien n’indique d’ailleurs, à ce stade, que le même scénario n’est pas en voie de se répéter. Cette fois, le renoncement aux frappes serait cependant plus contre-productif et désastreux en termes de crédibilité non seulement nationale mais internationale pour le président français qui se rêvait en « leader » de l’Europe. Il en sortirait affaibli et la France perdrait en influence. Mais plus les frappes annoncées et censées être effectives quarante-huit heures après l’incident sont retardées, plus s’installe l’hésitation qui alimente le doute non seulement sur la volonté de les exécuter mais sur leur légitimité.
Cela dit, quelques points doivent être rappelés à tous ces va-t-en guerre, dirigeants politiques, mais également tous ceux de la société civile partisans de l’ingérence et de l’intervention militaire pour des raisons présentées comme humanitaires.
Les forces syriennes n’ayant eu, objectivement, aucun intérêt à utiliser des armes chimiques, le 7 avril, dans le secteur de la Ghouta libéré à 95 %, on peut raisonnablement accepter l’hypothèse d’une manipulation et, au moins, tout faire pour obtenir la vérité.
C’est pourquoi le président de la République devrait être moins péremptoire dans ses affirmations marquées par le sceau de la certitude et plus prudent dans sa détermination affichée de vouloir punir le président syrien. Car son affirmation selon laquelle il détiendrait la preuve d’utilisation de gaz par les forces syriennes pourrait être qualifiée de mensonge, qui, s’il se vérifie, porterait atteinte à la fonction qu’il incarne et à sa crédibilité personnelle. Il est légitime de se poser la question dans la mesure où même les États-Unis, malgré les déclarations de leur président, semblent désormais moins pressés pour lancer des frappes de représailles. Le secrétaire d’État à la Défense vient, en effet, de mettre en garde contre une frappe sur la Syrie et a demandé la recherche de « plus de preuves de l’attaque chimique présumée du 7 avril ». Il avait d’ailleurs reconnu, quelques jours plus tôt, n’avoir aucune preuve et s’appuyer sur les seuls témoignages des médias et réseaux sociaux qui rapportaient que « le chlore aurait été utilisé ». Enfin, il met en garde contre l’escalade qui pourrait conduire vers un « conflit plus large entre la Russie, l’Iran et l’Occident ».
Il y a donc un risque sérieux de provoquer l’irréparable car des frappes sur des objectifs ou des cibles des forces armées syriennes au sein desquels opèrent des Russes ou des Iraniens ne resteront pas sans réponse de la part de la Russie et de l’Iran. Il faut bien comprendre que dans le rapport de force engagé dans une crise, la gesticulation est un des outils utilisés par la diplomatie et est envisageable lorsque la force militaire qui la seconde est dissuasive. C’est le cas pour les États-Unis. Mais cette gesticulation, lorsqu’elle repose sur des déclarations comme celles diffusées par les tweets du président américain est dangereuse à double titre : elle perd de son crédit (on ne s’adresse pas à la Russie comme à la Corée de Nord), mais d’un autre côté, elle engage son auteur. On ne peut pas envisager – ce serait inacceptable – que la seule raison d’une frappe sur la Syrie repose sur le refus de perdre la face après des déclarations complètement stupides.
Il est donc urgent que le président de la République qui s’est piégé en s’alignant hâtivement sur les États-Unis, choisissant ainsi le camp de la guerre, revienne à la raison et décide de renoncer à ces frappes, qui, en raison du manque évident de preuves sur l’emploi d’armes chimiques, ne sont pas justifiées. Il serait, en outre, souhaitable qu’il l’annonce rapidement avant d’être le dernier à le faire, le scénario de 2013 étant en train de se réaliser. S’être retranché derrière un devoir moral pour motiver ces frappes constitue une aberration et précisément une faute morale et politique. On ne s’engage pas dans des actions militaires punitives, même et surtout avec des alliés, sans disposer de moyens ou de sources propres pour valider l’information, ce qui permet la prise de décisions de façon indépendante et donc en toute connaissance de cause.
Général (2s) Antoine MARTINEZ
17/04 00:58 - Hijack
@Lugsama Réalités ... oui, on a vu ... on a entendu ... on a ri !
17/04 00:43 - Lugsama
@steklo Poutine s’est laisser humilier tout seul par u allié qu’il trqine comme un (...)
17/04 00:39 - Lugsama
@Hijack Les russes et les syriens qui parlent d’impuissance avec leur technologie (...)
17/04 00:36 - Lugsama
@vesjem Ah ou je suis payé c’est vrai, OTAN pour moi. De toutes façon a part les insultes (...)
16/04 12:11 - Dom66
@Parlez moi d’amour C’est exact et en plus discours de gauche, politique de (...)
16/04 11:14 - vesjem
@Massada tu dois avoir créé une dizaine de comptes sur A.V pour te plusser de la sorte ; (...)
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