Bertrand Vergley, philosophe et théologien, auteur de plusieurs livres sur la mort[1] livre ainsi son analyse : pour certains de nos contemporains, David Goodall est un « héros », car la vieillesse est considérée comme une « horreur ». Mettre fin à sa vieillesse serait un moindre mal en attendant que la science soit capable de « mettre fin à la mort ».
Selon le philosophe, la caractéristique principale de la modernité, c’est que « le plaisir est plus important que la vie. C’est lui qui est sacré. Lui qui donne de la dignité à la vie ». S’il n’y a plus de plaisir, la vie ne vaut plus la peine d’être vécue, dans notre monde « matérialiste, pragmatique, utilitariste, consumériste ».
Bertrand Vergeley va même plus loin, expliquant que « le monde moderne se rue sur la quantité de plaisirs afin de compenser la perte du bonheur et de la joie ». Quant aux séniors eux-mêms, ils « nous
font peur. Incarnant une vie qui n’est pas plaisante à regarder, ils
menacent notre désir de plaisir. Nous ne voulons pas en entendre parler
parce que nous aspirons à pouvoir entendre uniquement une vie parlant de
plaisir ».
La leçon que tire le philosophe, c’est que « notre monde est
devenu un monde d’usagers de la vie, de consommateurs de la vie qui
entendent être satisfaits ou remboursés. L’euthanasie est à comprendre
dans cette logique consumériste. La vie ne donne plus de plaisir ? Se
faire euthanasier est une façon de se faire rembourser en tant que
consommateur non satisfait. »