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Commentaire de ERANOVA

sur Les maux ont un sens


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ERANOVA 23 mai 2018 12:09

@MagicBuster 

Que les populations occupant momentanément un territoire (c’est ainsi que du moins — n’en déplaise aux fanatiques de la doctrine Westphalienne —, les paléontologues, anthropologues et ethnologues parlent de la présence et du trajet des êtres humains sur la terre) soient, par abus de langage ou par erreur sémantique, qualifiées de «  blanches  », passe encore : on peut toujours pardonner une erreur. 


Mais que la contrée  ; c’est à dire, les éléments même du paysage — montagnes, ciel et rivières compris —, soient avec le plus grand sérieux qualifiés de «  blancs  », révèle toute l’absurdité qu’il y a à parler de son pays de la sorte la sottise de ceux qui le font. 


Rectifions donc : quant à la complexion  ; les «  blancs  » ne sont pas vraiment blancs, il faut bien l’admettre  ; pas même blanchâtres (sauf en des cas extrêmes et rares) — ne faut-il pas même s’en réjouir  ? —, mais quelque peu rosâtres… Beigeâtres peut-être, avec toutefois, ici ou là, quelques touches brunâtres plus ou moins prononcées, selon des différences de latitude pourtant infinitésimales  ; voire en dépit du bon sens. La couleur «  blanche  » de ses occupants passés ou actuels n’est donc tantôt ni plus ni moins qu’une métaphore  ; tout au plus, un mythe auquel chacun est libre de croire ou non  ; mais en aucun cas, une réalité corroborée par les faits.


À propos de croyance justement, l’on peut tout juste dire que la religion chrétienne — moyennant, même ici, une coupable approximation, et il est vrai aussi, une adhésion aveugle à la narration biblique  ; c’est-à-dire, de grossières omissions par les tenants de cette religion et de ses variations, des emprunts aux cultes lointains qui l’ont précédée, de l’antique empire africain d’Égypte à la Mésopotamie — est originaire du Moyen-Orient, mais n’est en aucun cas issue des sombres contrées germaniques d’où vinrent les Francs ou du creuset celtique où s’étaient établis «  nos ancêtres  » depuis longtemps inhumés sous une épaisse chape romane, elle-même composée de nombreuses strates que l’historien émérite seul sait nommer  ?


L’origine d’un pays (pour autant qu’une telle formulation ne soit pas seulement digne d’un enfant de cinq ans et qu’il faille d’ailleurs absolument qu’il n’y en ait qu’une)), est justement la chose la moins définissable du monde. 


 Je vous recommande à cet égard, l’immense Marcel DÉTIENNE (Comment être autochtone  ?, Paris, Le Seuil, 2003).



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